Méditation quotidienne du mercredi 13 septembre : Le retournement (No 10 – série 2023-2024)

Image par Engin Akyurt de Pixabay

Pour favoriser la prière des personnes qui sont dans d’autres pays, nous avons décidé de rendre disponible par courriel la méditation de chaque jour le soir précédent à 17 h heure du Québec. Sur le site du Pèlerin, elle sera déjà accessible à 16 h.

Évangile du Mercredi 13 septembre – 23e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Heureux, vous les pauvres. Mais quel malheur pour vous, les riches » Lc 6, 20-26

En ce temps-là, Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

Méditation

S’il est un passage de l’évangile connu entre tous, sans doute est-ce celui des Béatitudes. Le risque, avec les textes que nous connaissons bien, est de nous accoutumer à ce qui nous est dit, et de ne plus percevoir la valeur déstabilisante et vivifiante de ces paroles !

Pour ma part, j’aime la traduction que nous propose André Chouraqui* qui vient réveiller notre attention dès le premier mot. Il a traduit le mot « Heureux » par « En marche ! » Oui, en avant, vous les pauvres, les affamés, les attristés et les exclus de toute sorte. Oui, heureux êtes-vous car « le Royaume de Dieu est à vous ». Non pas : le Royaume sera à vous (comme une récompense ultime), mais au présent : le Royaume EST à vous maintenant.

Jésus sait être provocateur. Comment peut-il proclamer bienheureux ceux qui sont dans la détresse, et quel est ce Royaume présent dans ces circonstances que l’on ne peut que déplorer ? En nommant ces causes de souffrances qui touchent chacun de nous d’une manière ou d’une autre, il vient nous prendre par la main. Il pose sur nous son regard qui mesure la réalité de ce qui nous fait souffrir dans notre chair, dans notre affectivité, dans nos relations avec les autres. Son regard de compassion est un regard qui nous relève, nous appelle à cesser de nous regarder nous-mêmes et la cause de nos misères, pour nous tourner vers lui et la promesse du Royaume qu’il est venu annoncer : « En marche, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous ».

Passer du cri de l’enfant, qui a besoin que sa douleur soit connue, prise en compte, à la stature d’adulte qui va détourner son regard de lui-même pour le tourner vers l’autre, vers l’Autre : n’est-ce pas là un retournement, ou autrement dit, une métanoïa, une conversion ?

Parce que c’est absolument fondamental, Jésus va continuer en soulignant tout ce qui est l’inverse de cette démarche. Luc est le seul à déployer ainsi les malédictions envers les riches, les repus, ceux qui rient ou qui sont honorés par les hommes. Le risque pour nous, dans ces phases comblantes, est de rester totalement centré sur soi-même et sur une jouissance qui n’est pas de l’ordre du bonheur.

Le mesurons-nous avec suffisamment d’acuité ? Jésus vient nous réveiller, nous remettre debout, parce qu’il veut notre bonheur, et que celui-ci n’adviendra pas sans un retournement de notre coeur… C’est urgent, car le Royaume ne se vit qu’au présent : il est au milieu de nous, (cf. Luc 17, 21). Si nos yeux ne s’ouvrent pas pour le reconnaître, pour en vivre dès à présent, nous ratons le cœur même du sens de notre existence.

Jésus va aller jusqu’à donner sa vie pour nous dire son désir, pour chacun de nous, d’une vie qui soit dans l’ouverture à l’autre, source du vrai bonheur. Alors n’attendons pas : mettons-nous « en marche » en ce jour, nous, avec nos manques, avec nos désirs, avec nos larmes et toutes ces blessures qui  marquent nos vies : le Royaume de Dieu est à nous.

Sr Marie Emmanuel Raffenel

*Nathan André Chouraqui, né le 11/08/1917 à Aïn Témouchent, en Algérie, et mort le 9/07/2007 à Jérusalem, est un avocat, écrivain, penseur et homme politique israélien, connu pour sa traduction de la Bible, dont la publication, à partir des années 1970, donne un ton différent à sa lecture.

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.