Méditation quotidienne du mercredi 13 mars : (No 178 – série 2023-2024)

Évangile du Mercredi 13 mars 4e semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Comme le Père relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils fait vivre qui il veut » Jn 5, 17-30

En ce temps-là, après avoir guéri le paralysé un jour de sabbat, Jésus déclara aux Juifs : « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. » C’est pourquoi, de plus en plus, les Juifs cherchaient à le tuer, car non seulement il ne respectait pas le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu.
Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore, si bien que vous serez dans l’étonnement. Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut. Car le Père ne juge personne : il a donné au Fils tout pouvoir pour juger, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui ne rend pas honneur au Fils ne rend pas non plus honneur au Père, qui l’a envoyé.
Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie.
Amen, amen, je vous le dis : l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même ; et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne soyez pas étonnés ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ; alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés.
Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d’après ce que j’entends, et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. »

Méditation

Jésus ne cherche pas à faire sa volonté, mais la volonté de Celui qui l’a envoyé. Il est arrivé bien souvent, dans l’Eglise, que cette phrase fasse dériver vers une conception d’une volonté du Père qui serait préétablie et qui s’imposerait à nous. Combien de fois, lorsque la question de la vocation est abordée, trouve-t-on cette conception d’un « plan » de Dieu, pensé de toute éternité pour chacun de nous, et qu’il nous faudrait décrypter, découvrir à force de labeur et de prière, afin de nous y conformer. Lorsque la notion de la liberté, indispensable pour un discernement d’un appel, se trouve ainsi réduite, on peut craindre toutes les dérives, et toutes les angoisses que cela peut susciter. Il est donc de la plus grande importance de bien comprendre la relation qui unit Jésus à son Père dans cette mise en œuvre de la volonté divine. S’il fait la volonté de Celui qui l’a envoyé, il ne peut s’agir pour lui d’exécuter ce qui lui est demandé de façon servile. L’évangile de St Jean développe bien cette parole, et ne laisse pas laisser planer d’ambiguïté : Jésus est à l’œuvre avec le Père. Non pas seulement pour mettre en application ce que le Père lui demanderait ; il s’agit d’une œuvre commune, conjointe. Cela n’est possible que dans un regard posé l’un sur l’autre : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement ». Aucune contrainte, aucun ordre à exécuter, seulement cette relation d’attention et de coopération. Et voilà le maître mot : le Père aime le Fils. Au cœur de tout cela, c’est bien l’amour qui conduit, cet amour que Jésus vient nous révéler, car il nous invite à en vivre. Jésus voit le Père et peut donc agir comme lui. Lui, Jésus, se donne à voir aux hommes par son incarnation, et il nous devient possible ainsi d’agir aussi comme lui, et donc comme le Père. Nous sommes invités à vivre de cette dépendance amoureuse qui relie le Père et le Fils. Celle-ci est alors une synergie qui exclue toute servitude de celui qui se met à l’écoute, mais aussi toute manipulation qui utiliserait la référence à Dieu pour justifier de ses propres actes. L’enjeu est de taille, car c’est bien celui du sens de la vie qui se trouve ainsi éclairé : cette vie de Dieu, cette vie du Père qui a sa source en lui-même, cette vie qui est jaillissante dans le cœur du Fils, cette vie fondée dans l’amour est bien ce qu’il vient nous manifester pour que nous puissions en vivre nous aussi. Une vie plus forte que la mort, une vie qui l’emporte sur le jugement – car seules les œuvres du mal, ce qui conduit à la mort, sera l’objet du jugement.  Avec l’évangile de St Jean, celui qui a été écrit le plus tardivement, nous sommes placés dans la lumière pascale, celle d’une résurrection déjà à l’œuvre dans notre vie aujourd’hui, si nous osons entrer en collaboration avec Dieu en laissant son regard d’amour se poser sur nous, un regard qui nous fait advenir à notre condition d’enfant de Dieu.   

Sr Marie-Emmanuel Raffenel

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