Le joug des Fêtes : déviation ou renaissance d’une Espérance ? – Méditation du mercredi 11 décembre 2024

No 94 – série 2024-2025

Évangile du mercredi 11 décembre 2ème Semaine de l’Avent

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Venez à moi, vous tous qui peinez » (Mt 11, 28-30)

En ce temps-là, Jésus prit la parole : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

Veuillez noter que l’équipe des méditations prendra une pause pour le temps des fêtes. La dernière méditation de 2024 sera pour le dimanche 22 décembre et nous serons de retour le lundi 6 janvier 2025. Nous vous remercions de nous avoir lu et avons hâte de vous retrouver en janvier ! Joyeux Noël et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent.

Méditation – Le joug des Fêtes : déviation ou renaissance d’une Espérance ?

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ, nous faisons route en ce temps de l’Avent vers Noël, cette fête païenne et chrétienne du retour de la Lumière. Or, pour plusieurs personnes, près du tiers estiment les sondages, il y a pourtant une ombre au tableau. Étrange ? Peut-être pas. Vous connaissez sans doute dans votre entourage, si ce n’est vous-même, un « Grinch », célèbre personnage fictif du Dr Seuss, détestable parce que détestant, voire gâchant la fête de Noël. Or, sous la fiction du personnage ombrageux se fait jour une réalité bien concrète et documentée que l’on nomme la « natalophobie ». Vous connaissez ? Tout le monde n’aime pas Noël et le temps des Fêtes de fin d’année. Pour certains, c’est une véritable phobie, considérée même comme un trouble anxieux, se manifestant dès le début décembre et pouvant mener à l’irritabilité, à la déprime, voire à la détresse psychologique. Le décalage entre ce que Noël devrait être selon l’imaginaire commun et ce qu’il est vraiment pour certains, peut causer une souffrance psychologique importante, à quoi s’ajoutent parfois aussi des stress financiers et des troubles alimentaires. Bref, un véritable fardeau pour une tranche de la population. Et, pourtant…

J’ai l’intime conviction que Jésus nous convie, dans l’Évangile du jour et en ce temps de l’Avent, à un renversement significatif et renouvelé du joug que représentent les Fêtes de Noël et de fin d’année. « Lorsqu’on est anxieux à l’idée de fêter Noël, affirme la psychopraticienne Ondine Khayat, ça veut dire qu’on est trop poreux au climat extérieur. Il est donc nécessaire d’éviter les pollutions extérieures qui ne sont pas utiles[1] ». Autrement dit, faire le tri de l’essentiel et de l’accessoire, afin de nous recentrer concrètement sur nos authentiques besoins et désirs, et, en eux, être conduits, pour peu que nous nous y ouvrions, à notre véritable Soif, la Soif de Dieu en Jésus-Christ par l’Esprit, lieu de notre véritable repos. « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi. […] Tu étais au-dedans et moi dehors et c’est là que je te cherchais. Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi », confesse saint Augustin. La « natalophobie », n’est-ce pas le joug symptomatique d’un Noël sans Toi, sans Nous, d’une « étable » sens dessus dessous, aux volutes pestilentielles, qui n’est, dans le fond, qu’une « crèche » encombrée d’un vide, en place et lieu d’une Demeure désirée sublimement habitée au cœur de notre vie ? Jésus-Christ, doux et humble de cœur, nous invite, durant l’Avent, à devenir disciples en revêtant Son Joug. Ce Joug est métaphoriquement ce « joint de dilatation[2] » bien ajusté qui veut libérer Noël de son « enfer-me-ment », de telle sorte qu’il soit le lieu lumineux d’une renaissance filiale perpétuelle et d’une infinie fraternité tout empreinte d’espérance.

D’ailleurs, étymologiquement, l’on considère que le vocable « Noël » tire son origine soit, du latin « natalis dies », « jour de naissance », soit de racines gauloises : noio (nouveau) et hel (soleil). Le Joug de Noël est ainsi ce nouveau Jour qui se lève, Porteur d’une Bonne Nouvelle en Personne qui veut convertir en nous toute peur désolante en Amour Miséricordieux – sensible à la misère du cœur. « Il n’y a pas de crainte dans l’amour; au contraire, le parfait amour bannit la crainte, car la crainte implique un châtiment et celui qui craint n’est point parvenu à la perfection de l’amour. Quant à nous, aimons, puisqu’il nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 18-19). Jésus-Christ a ainsi révélé, dans et par sa vie, de la Crèche à la Croix, que le Joug de l’Amour de Dieu ne fatigue pas. Au contraire, il ressource et rend libre intérieurement. C’est l’emprise du joug du mépris, de la haine de soi et de l’a(A)utre, du mal, du péché, qui fait souffrir et épuise, qui éconduit du chemin de la Crèche et de la Croix, loin du don de Dieu en Jésus-Christ : « comprend et vois comme il est mauvais et amer d’abandonner Yahvé ton Dieu. […] Oui, depuis longtemps tu as brisé ton joug, rompu tes liens […] Moi, cependant, je t’avais plantée comme un cep de choix, tout entier d’excellente semence.

Comment t’es-tu changée pour moi en sauvageons d’une vigne étrangère ? », clame le prophète Jérémie (2, 20-21). Le Joug de Jésus, dès la Crèche, est Joint et Joie durables de nous porter sur ses épaules telle la brebis perdue et retrouvée de l’Évangile (Lc 15, 4-7). C’est ainsi nous épauler au moment de « dé-poser » péniblement nos fardeaux et nos agitations, quels qu’ils soient, pour nous faire « re-poser » dans son Amour Miséricordieux au sein de la quiétude de la crèche du cœur, où naît toujours-déjà, en contemplation et action, le vrai regard d’Amour qui nous espère infiniment. Voilà de quoi redonner, avec légèreté et vérité, du poids au sens des fêtes de Noël et de fin d’année et à notre chemin gestationnel de l’Avent. Toutefois, cela nécessite la libre obéissance du Joug de la foi qui, sans conteste, s’avère « la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas » (He 11, 1). Grâce à la foi amoureusement active mais « re-posante », nous pouvons nous approcher doucement de la Crèche en cet Avent et nous agenouiller humblement en prières et en louanges à Noël, que nous soyons bergers ou mages, afin de laisser notre regard être transfiguré par Celui qui l’habite de son Soleil et qui donne de renaître progressivement d’en-haut telle une étoile lumineuse dans la nuit.

Telle est la grâce que je nous souhaite en ce temps de l’Avent, à Noël et pour l’ensemble de la période des Fêtes : que toute « natalophobie », cette peur de naître à notre véritable identité de fils et fille de Dieu, soit convertie en Jésus-Christ, le Fils par excellence, en « natalo-espérance » vivifiante de telle sorte que tous « ceux qui comptent sur le Seigneur reçoivent des forces nouvelles; comme des aigles ils s’élancent. Ils courent, mais sans se lasser, ils avancent, mais sans faiblir » (Is 40, 31). Ne perdons jamais de vue, dans la foi, que Celui qui désormais renaît sans cesse dans la Crèche, ce n’est pas tant l’Enfant-Jésus, que l’Incarné-Ressuscité Glorieux prenant sur lui de libérer/sauver tous les travers « natalophobiques » que nous portons tous plus ou moins dans la vulnérabilité et les méandres de notre condition humaine pécheresse. La percée est d’y consentir en se confiant en toute humilité à son Amour Miséricordieux !

Par conséquent, de mon humble avis, la thérapeutique de la « natalophobie » est spirituelle : il s’agit de remettre véritablement Noël dans la Crèche pour avoir le cœur à la bonne place, loin du « Grinch », près de Dieu en Jésus-Christ dans et par l’Esprit. Ainsi, soyons contagieux de cette « natalo-espérance » durant l’Avent et tout le temps des Fêtes, en étant porteurs, en soi, avec et pour les autres, du Bienheureux Joug du Christ qui redonne au Mystère de Noël toute sa densité de sens comme Source intarissable de Vie, d’Amour et d’Espérance, offerte en partage eucharistique au festin de Noël du Père. Joyeux Noël, joyeuses Fêtes et bonne et heureuse année 2025 !

Bénédiction et union de prière !

Dany Charland – danycharland173@gmail.com


[1] Sabrine Mimouni, « Qu’est-ce que la natalophobie, cette peur de Noël ? », Cosmopolitan, [En ligne]. https://www.cosmopolitan.fr/qu-est-ce-que-la-natalophobie-cette-peur-de-noel,2054479.asp (Page consultée le 28 novembre 2024).

[2] Dans le domaine de la construction, les joints de dilatation « autorisent le libre mouvement horizontal et vertical entre les éléments bâtis. Ces joints sont donc d’une importance majeure pour le fonctionnement et la durabilité d’un bâtiment ».




DROIT D’AUTEUR

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