Méditation quotidienne du mardi 7 mars : Vous n’avez qu’un seul Père (No 170 – série 2022 – 2023)

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Évangile du Mardi 7 mars 2023 – 2e semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ils disent et ne font pas » Mt 23, 1-12

En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

Méditation

Jésus est sévère avec les scribes et les pharisiens. Il l’est d’autant plus que ces docteurs et ces savants portent la Parole de Moïse. Ils sont garants de la fidélité à tout ce qui fait l’identité juive. Ils enseignent ce que tout juif doit savoir et faire pour être fidèle à la tradition. Ils sont les gardiens des normes et des rites qui donnent la cohésion à la société juive « de ce temps-là ».

Avec leur rôle politique, social et religieux, les scribes et les pharisiens bénéficient d’un statut et d’un pouvoir qu’ils aimaient voir reconnaître par le peuple.  Et ils se sont attachés à des signes qui les distinguent pour être remarqués des gens :

  • Ils élargissent leurs phylactères[1]
  • Rallongent leurs franges[2]
  • Aiment les places d’honneur dans les dîners et les synagogues
  • Etc.

Mais, « en ce temps-là », une autre voix se fait entendre et porte une Parole avec autorité et vérité. Jésus dénonce l’hypocrisie des leaders de la société juive de Jérusalem, mais pas les enseignements qu’ils donnent.

« Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le ».

On croit entendre le vieux dicton : « faites ce que je vous dis et non ce que je fais ».

Non, Jésus ne dénonce pas la loi, mais ce qu’on a fait de la loi. La loi est devenue un fardeau difficile à porter par le peuple. La loi a été instrumentalisée, interprétée pour ne devenir en fin de compte qu’une suite de règles sans âme. Et ceux qui en sont les gardiens se font appeler « Maître » ou « Rabbi ». Ce que Jésus dénonce c’est que les scribes et les pharisiens se sont appropriés le cœur de la loi… ils se sont identifiés complètement à leur rôle et à leurs privilèges.

Jésus remet les choses en perspective.

V 10. « Ne vous faites pas non plus appeler ‘Docteur’, car vous n’avez qu’un seul Docteur, le Christ. V 11. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».[3]

Plus loin, dans le texte, Jésus est encore plus explicite :

V 23 «Malheureux êtes-vous … (car) vous négligez ce qu’il y a de plus grave dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité ».[4]

En conclusion, si les scribes et les pharisiens sont les gardiens des normes et des rites qui donnent une cohésion à la société juive « de ce temps-là », un autre temps s’amorce avec Jésus et une nouvelle cohésion est proposée. Une nouvelle identité qui nous fait tous frères et sœurs. Un nouveau Royaume que nous ne pouvons voir que si nous renaissons de l’Esprit.

« C’est-à-dire mourir à tout ce qui nous sépare les uns des autres. Mourir à tous ses rêves de grandeur qui nous font traiter nos frères et nos sœurs comme de simples moyens d’atteindre nos fins. Mourir au contrôle auquel nous tenons tant pour nous laisser surprendre et attendrir par les besoins concrets de ceux et celles qui nous entourent. Mourir pour renaître différent ». [5]

Pierre-Marie Cotte


[1] Dans la religion juive, chacun des deux étuis cubiques de cuir contenant un petit morceau de parchemin sur lequel sont inscrits quatre passages essentiels de la Loi, fixés par des lanières, lors de la prière, au front et au bras gauche.

Source : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/phylactère/60569

[2] Le mot grec employé par l’évangéliste est kraspedon, qui désigne les franges ou les bords du vêtement, et plus spécialement ces bouts de laine, assortis ou non de pompons ou de bouts tissés, autant d’accessoires sensés rappeler la Loi.

Source :  http://www.paysdezabulon.com/les-franges-rallongees/

[3] Bible TOB

[4] Idem

[5] Inspiré d’une réflexion sur la rencontre de Jésus et Nicodème

  Source : https://www.notredamedebeauport.com/post/renaître-de-l-eau-et-de-l-esprit

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