Évangile du Mardi 2 mai 2023 – 4e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Le Père et moi, nous sommes UN » Jn 10, 22-30
On célébrait la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. Les Juifs firent cercle autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement ! » Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »
Méditation
Le Père a ouvert, dans l’Éternel Silence, le Livre de la Vie. Penché amoureusement, Il s’est mis à écrire la dédicace. Un après l’autre sont apparus les noms de chacun.e. Car chaque humain est sa dédicace, est la dédicace du Père. Car chacun de nous est aimé et désiré infiniment et ce Livre de la Vie, Il a voulu que chacun.e en soit le centre, le point d’exclamation, spécialement parce qu’Il a voulu que nous soyons co-auteurs avec Lui. Encore aujourd’hui, Il continue à écrire patiemment le nom de chaque enfant qui naît. Pour ne pas nous intimider, Il a laissé à la Parole, à son Fils d’écrire avec nous sous l’inspiration de leur Esprit le chapitre de chacune de nos vies. Un livre en continuelles création et cocréation. Une histoire sans fin…
Mais le Père n’écrit pas du dehors mais à partir du dedans. Au jour de la Genèse, Il marchait dans son jardin, dans l’intime de l’être humain. Dans le texte d’aujourd’hui, Jésus « va et vient dans le temple » de notre être, car, uniquement en nous, Il a son jardin, son sanctuaire. Si vous fermez les yeux et glissez doucement dans le silence de la prière, vous entendrez le pas feutré de sa marche. Mais tant de personnes en ce monde ne savent plus que le Grand Livre de la Vie leur est dédicacé par le Père, que chacun.e de nous est sa dédicace vivante. Nous ne comprenons plus que ce Livre ne peut s’écrire sans nous.
Quant aux juifs qui l’encerclent, ils croient faussement qu’ils peuvent être maîtres du Livre et que Dieu peut être enfermé dans leurs lois et leurs règles. Que Dieu peut être enfermé dans l’image qu’ils s’en sont faite. Et ce, au point, nous dit le texte, qu’ils perdent haleine, qu’ils perdent l’Esprit, qui est l’haleine de toute Vie. Au point où, selon la traduction de Chouraqui, ils perdent Parole, ils perdent l’être (« Jusqu’à quand feras-tu sortir notre être ? »). Car tel est l’état de l’humain qui ne laisse pas la Parole surgir en lui, s’écrire à partir de l’intérieur.
À ceux et celles qui veulent écrire eux-mêmes les différents chapitres de leur vie sans Dieu et de l’extérieur, les voilà qu’ils sortent de leur être, ne sont même plus eux-mêmes et n’ont plus aucune idée de ce qu’ils écrivent sinon leurs prétentions à être les maîtres du Livre. D’ailleurs, ces juifs ajoutent : «Si tu es le messie, dis-le nous en public ! » (traduction de Chouraqui) Mais ni l’humain ni Dieu ne se rencontrent en public mais uniquement dans le secret, dans l’Invisible de l’être. Seule transparaît dans le visible la beauté de leur rencontre, beauté de la Parole de Dieu qui écrit par, avec et en nous le récit étonnant de notre histoire.
D’ailleurs, Jésus ne dit-il pas : « Les oeuvres que je fais au nom de mon Père témoignent de moi ». Ces œuvres, dont le récit se déploie dans le Livre de Vie, sont simplement chacun.e de nous. L’humain est la dédicace du Père mais est, tout autant, l’oeuvre du Fils, humain pris à témoin par le Fils pour rendre visible la Vie cachée du Père. Mais un tel témoignage ou une telle histoire implique que l’humain cocrée avec le Fils et se laisse raconter, par avec et en Lui, les secrets d’Amour trinitaires, audibles qu’à celui ou celle qui croit. Si, dans l’intime de notre coeur, nous « écoutons sa voix », ainsi s’écoulera en nous et de nous « la vie éternelle » du Père.
« Nul alors ne peut alors nous arracher de cette main du Fils » qui écrit par, avec et en nous cette histoire éternelle. « Nul ne peut alors nous arracher de la main du Père », car, nous dit le Fils, « Moi et le Père, nous sommes un ».
En ce temps de Pâques, découvrons que nous sommes la dédicace du Père, celui ou celle à qui Il a dédié le grand Livre de la Vie, laissons sa Parole écrire l’oeuvre unique que nous sommes et à l’Esprit d’en être la continuelle source d’inspiration. Ainsi, le chapitre de notre histoire se cocréera tous les jours dans l’Insoupçonné et l’Imprévisible de l’Amour ! Et souvenons-nous que le Livre de la Vie ne s’écrit qu’en lettres ou chairs humaines et qu’à partir de l’intérieur, là où l’Auteur de la Vie aime se tenir en secret.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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