Méditation quotidienne du mardi 18 juin : « Le portrait tout craché de son Père… » (No 275 – série 2023-2024)

Évangile du Mardi 18 juin 11e semaine du Temps Ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Aimez vos ennemis » Mt 5, 43-48

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 23 juin et que nous les reprendrons le lundi 9 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Gladys, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Stéfan et Vincent

Méditation

Chers frères et chères sœurs en Jésus-Christ, au lendemain de la Fête des pères, Jésus, parfaite figure aimante du Père, nous invite aujourd’hui à l’imiter et à le suivre sur le chemin d’un a(A)mour qui dépasse au premier regard l’entendement humain, afin de devenir pleinement fils/filles de Dieu et, ainsi, « portraits tout crachés » de notre Père. Son appel à aimer, jusqu’à l’amour sans borne et contre toute évidence de nos ennemis, s’anime et s’accomplit dans la grâce d’un rapport d’a(A)mour renouvelé comme don perpétuel de Dieu qui nous a aimés le premier (1 Jn 4, 19). Comme l’Amour appelle l’amour, nous sachant ainsi aimés à un point tel par notre Père, nous sommes alors « ailés », voire zélés, disposés à transcender l’étroitesse de nos amours « mal-a-droits et dis-crimininants » pour inconditionnellement aimer à la manière de Dieu en Jésus-Christ dans et par l’Esprit. Jésus nous convie ainsi à élever notre regard afin de voir dans la foi, la charité et l’espérance, non pas l’ennemi, mais, avant tout, Dieu son/notre Père en toute personne quelle qu’elle soit. Que signifie alors évangéliquement aimer son ennemi ? Il s’agit évidemment ici d’un amour gracieux dit « Agapè », sans quoi le commandement de l’a(A)mour évangélique risque d’apparaître humainement impossible, voire insensé. « L’amour “Agapé” est un amour fraternel, universel, altruiste, spirituel. […] C’est un amour affranchi de l’ego qui se situe au-delà de l’émotionnel. Aimer l’autre, c’est cultiver des sentiments de bienveillance et de compassion à son égard, reconnaître ses blessures à l’origine d’agissements déviants, cultiver le non-jugement. […] Aimer l’autre, c’est écarter tout à priori à son égard, garder le cœur ouvert et reconnaître le Christ qui l’habite au-delà des ombres qui peuvent l’animer. C’est avoir un regard altruiste qui l’aidera à grandir[1] ». Ainsi, cet a(A)mour-Vérité n’a pour seul désir que de vouloir justement grandir sans cesse pour pouvoir voir et aller plus loin, plus loin que le mal « ennemi », subi ou commis. Et, qu’en est-il maintenant de cet ennemi ? L’ennemi, dans la Bible, est celui qui, n’aimant pas l’Amour, « fait mal » et refuse que l’a(A)mour soit la Loi du monde et de la v(V)ie. C’est celui qui sème la zizanie, qui dénie et réduit à néant, au lieu de « parfaire », la justice et la vérité en faisant obstruction à l’a(A)mour. Or, aimer son ennemi, c’est laisser se déployer en nous l’a(A)mour-Apapè qui nous anime et dépasse puis qui se « fait par-don » gracieux sous le Souffle de l’Esprit. Et, c’est, par conséquent, refuser d’entrer dans le jeu de l’ennemi en brisant le cycle infernal de la violence destructrice du mal, afin que soit « par-faite (v.48) » (parvenue à sa perfection d’amour) la relation filiale à soi-même et à l’a(A)utre en Dieu de Jésus-Christ. Car le mal ne crée rien. Tant qu’on y demeure attaché, il ne fait qu’abîmer et défigurer notre propre relation à nous-même et à l’a(A)utre. Revenir sans cesse à ce que le « dit ennemi » nous a fait et à ce que nous allons lui faire en retour, c’est entrer dans le jeu d’un calcul mortifère et nous comporter en ennemis à notre tour, au lieu d’être et d’agir en véritables fils et filles bien-aimés et aimants du Père. Il ne s’agit évidemment jamais de nier ni d’excuser l’actes mauvais, mais de refuser de se réduire soi-même au mal subi et d’enfermer l’autre dans le mal commis, se rappelant toujours, à l’instar d’Alice Miller[2], que le bourreau, bien souvent, a d’abord été une victime. Primordialement, il importe, sous le regard miséricordieux et bienveillant de Dieu, de faire entendre à l’autre, soi-disant ennemi, que son acte mauvais nous porte préjudice, qu’il est blessant et inadmissible. Non pas en rendant coup pour coup, mais en s’engageant dans une rencontre sur son terrain en s’y situant a(A)utrement, c’est-à-dire dans la foi, la charité et l’espérance chrétiennes. C’est, alors, croire et vivre, « par-don », en témoin de la seconde chance puis des subséquentes, à l’image et à la ressemblance de Dieu, sur le chemin de la v(V)ie. Cela ne s’accomplit qu’un petit pas à la foi/fois, brisant une à une les chaînes de la haine et du désordre au creuset de l’a(A)mour miséricordieux, déliant en conséquence le cœur profond et lui restituant sa capacité de battre à l’unisson de la v(V)ie en plénitude dans et par la restauration d’un lien véritablement renouvelé. Comme on dit, « les vrais regards d’amour sont toujours ceux qui nous espèrent ». Alors, qu’est-ce que ça donne, dirait l’autre ? Tout, et pour tout le monde ! Tout simplement la liberté, l’audace et la sérénité d’un a(A)mour de soi et de l’a(A)utre en Jésus-Christ, dans la paix et joie durables du cœur. « Vous, donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (v. 48). Au bout du compte, ce qui est « ennemi » est toujours ce qui est mal-aimé en soi, en l’a(A)utre, puis entre nous. C’est ipso facto ce qui nous invite à faire la vérité pour guérir et convertir nos rapports à nous-même et à l’autre en portant toujours notre regard au-delà, vers notre Père en Jésus-Christ par l’Esprit, en prenant exemple sur Lui, et en devenant pour ainsi dire « son portrait tout craché » d’Amour pour Sa plus grande Gloire et le salut de tous et chacun comme du monde. Voilà le choix crucial à faire et à parfaire sur notre chemin quotidien d’intégration psycho-spirituelle en Dieu notre Sauveur. Au final, une seule question importe en toute circonstance : « Que ferait l’Amour ?[3] » Et, « dans le doute, sers l’amour[4] ». Or, les disciples « restèrent interdits à l’excès et se disaient les uns aux autres : “Et qui peut être sauvé ?” Fixant sur eux son regard, Jésus dit : “Pour les hommes, impossible, mais non pour Dieu : car tout est possible pour Dieu. » (Mc 10, 27)

Passez une très belle saison estivale dans la grâce de ces « levés de soleil » qui illuminent, accompagnent et baignent d’Amour toutes vos zones d’ombre personnelles et collectives !

Bénédiction et union de prière !

Dany Charland


[1] Alain-Joseph Setton, « Amour “ Éros, Philia et Apapé”. Quelle est la nature de notre amour », Le coaching biblique : un accompagnement psycho-spirituel (2017), [en ligne]. https//www.coaching-biblique.fr (page consultée le 4 juin 2024).

[2] Cf. C’est pour ton bien. Racines de la violence dans l’éducation des enfants, Paris, Aubier, 1984.

[3] Inspiré du titre du livre de Christine Michaud, Que ferait l’Amour? Le miracle. Montréal, La Victoire de l’Amour, 2023, 126 p.

[4] Expression tirée d’une entrevue avec Léa Stréliski parue dans Le Verbe, mai-juin 2024, pp. 4-7.

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