Méditation quotidienne du mardi 18 avril : Naître d’en haut (No 212 – série 2022 – 2023)

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Évangile du Mardi 18 avril 2023 – 2e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme » Jn 3, 7b-15

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » Nicodème reprit : « Comment cela peut-il se faire ? » Jésus lui répondit : « Tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? Amen, amen, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel ? Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »

Méditation

Cet Évangile, ce matin, m’envoie le message suivant : “Celui qui naît d’en haut sait et celui qui sait ne peut naître d’en haut”.

Nicodème, ce “maître qui enseigne Israël” et membre du Sanhédrin, est un homme qui sait. Membre du tribunal suprême qui fait respecter la Loi juive, qui identifie les vrais prophètes et, pourrions-nous dire, qui dirige et encadre la foi du peuple est aveuglé par sa haute naissance et son savoir. D’ailleurs, il ne comprend rien à ce naître d’en haut : “comment cela peut-il se faire ?” D’ailleurs Jésus lui rappellera la pauvreté de sa sagesse : “Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel ?”

Comme il est difficile pour nous de croire parce que nous savons et enfermons le monde, les humains et même Dieu dans nos définitions et nos certitudes. Nous croyons davantage à nos interprétations de la réalité qu’à l’indomptable et l’invisible de la Vie. Pire encore, nous n’aimons pas que notre vision soit questionnée. Nous cherchons une paix de l’esprit sans changements ou dérangements. Nous préférons donc ce que nous savons à l’émerveillement de la foi qui ouvre au jaillissement éternel de la Vie, à cette Vie qui nous donne de naître à nouveau à chaque instant et qui découvre la beauté inénarrable de l’Ê(ê)tre. En somme, Jésus nous dit : “vous refusez de naître”; la naissance impliquant toujours la nouveauté, l’inouï, la création, l’inattendu…

Cette naissance d’en haut a sa parfaite expression dans l’Annonciation où Marie entend de l’ange : “L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu” (Lc 1, 35). Si toute la Trinité est présente et active dans cette naissance, c’est l’Esprit qui vient sur nous, celui dont “tu ne sais ni d’où il vient ni où il va”, celui qui nous rend possible “d’entendre sa voix”, cette voix qui est celle du Fils, Parole et Verbe éternels du Père. C’est cette Parole qui est naissance en nous dans l’indéfinissable et l’incontrôlable de l’Esprit, car “nous ne savons pas ni d’où il vient ni où il va”. “Ni d’où il vient”, car Il prend sa source dans l’infini et l’éternité de Dieu, et “ni où il va”, car Il ramène tout en cette Source sans fin.

“Nous ne savons pas”, dit l’Évangile d’aujourd’hui ! Nous pensons savoir mais notre raison, qui définit tout, refuse à délirer dans les pâturages trinitaires en se laissant prendre par l’Esprit “sans prise” qui donne au Verbe de Dieu de naître en notre chair. Pendant que nous mesurons le monde, nous refusons à la Parole qui crée le monde de surgir en une Présence qui nous dépasse et nous offre en Elle de “naître d’en haut”. Nous sommes non seulement enfermés dans notre savoir mais c’est ce savoir qui semble nous assurer naissance, qui proclame au monde que nous sommes de “bonne ou haute naissance” et que nous sommes alors meilleurs que les autres. Alors “ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi ; ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu’aucune chair n’aille se glorifier devant Dieu” (1 Cor 1, 27-29).

À ces membres experts du Sanhédrin et à nous aujourd’hui, Jésus nous dit “votre savoir et votre bonne naissance, voilà que je les confronte à la faiblesse, à la pauvreté des sans naissance et leur donne accès à cette naissance d’en haut”. Et comme est différente la position intérieure de l’un et de l’autre. Nicodème répondra à Jésus “comment cela peut-il se faire ?” et Marie dira “comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ?” (Lc 1, 34). Le premier mesure à partir du pouvoir de son savoir refusant l’Esprit et mettant en doute la Parole tandis que Marie, la première de ces pauvres, croit déjà et reconnaît qu’elle “ne connaît pas”. Ô combien notre savoir nous enferme dans notre superbe et empêche la naissance de la Parole en nous, quand, en fait, nous sommes appelés à entrer dans le “Je suis” de cette Parole, d’en être “la servante du Seigneur” afin “qu’il nous advienne selon la Parole”.

Quand cette Parole naît en nous et que nous naissons nous-mêmes en cette Parole, c’est alors que nous connaissons ! car cette Parole porte en Elle toute la Vérité sur Dieu, sur nous-mêmes, sur les autres et sur la création. Nous connaissons donc à la mesure de notre naissance d’en haut. Plus nous naissons, plus la Vérité s’incarne en nous et se révèle ainsi à nous. Seul.e celui ou celle qui naît, qui est glorifié.e par Dieu, confond la sagesse du monde et proclame la folie de Dieu, Vérité qui n’existe vivante que dans le témoignage des êtres.

Si nous voulons entrer dans la plénitude du mystère divin et humain, nous devons laisser venir sur et en nous l’Esprit afin que la Parole fasse advenir l’être unique que nous sommes “en haut” dans le ciel, “car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme” et seul ce “Fils de l’homme (…) élevé (sur la Croix)” peut nous garder en vie malgré la morsure du serpent, du mal (Nb 21, 8-9), “afin que nous croyions et recevions la vie éternelle”.

“Celui qui naît d’en haut sait et celui qui sait ne peut naître d’en haut.”

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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