Méditation quotidienne du mardi 12 décembre : “La robe nuptiale du fils perdu et retrouvé” (No 100 – série 2023-2024)

Évangile du Mardi 12 décembre – 2e semaine de l’Avent (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Dieu ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu » Mt 18, 12-14

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les 99 autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les 99 qui ne se sont pas égarées. Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »

Méditation

Cet Évangile nous arrive en plein coeur de l’Avent … Ne trouvez-vous pas qu’il est comme une pré-annonce de la Nativité? Une pré-annonce, mais pas du tout en mode commercial comme on le voit partout – même au Pays  du Matin Calme – et de plus en plus tôt … avec des sapins de Noël dans les magasins et les cafés dès la fin octobre. Non! L’annonce de l’Évangile du jour est celle de la joie profonde qui habite le coeur de notre Dieu, dès maintenant!

J’écris cette méditation au retour d’une petite retraite que nous avons animée pour finaliser le parcours de notre école d’évangélisation. Et bien, la Nativité, nous en avons été les témoins un peu en avance! L’inimaginable re-naissance de Dieu dans les coeurs – telle la naissance d’un nouveau-né -, “nous (l’) avons vu(e) de nos yeux. Ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie; car la Vie s’est manifestée: nous l’avons vue, nous en rendons témoignage […] afin que vous aussi soyez en communion avec nous.” (cf. 1 Jn 1,1-3) C’était le thème de notre fin de semaine.

J’ai expérimenté la joie ineffable du berger qui retrouve – enfin – son unique brebis perdue. Mais plus encore, j’ai communié à celle de la (des) petite(s) brebis enfin “retrouvée(s)” du plus profond de sa (leur) solitude et de son (leur) histoire blessée. Lorsque, en écoutant Dieu l’appeler par son son nom, le coeur laisse enfin les larmes couler librement… “Si tu savais combien je t’ai cherché, combien je t’ai attendu, toi … (dire ici mon prénom), …. mon enfant tant aimé …”

Le Berger, c’est bien lui qui a pleuré le plus – si j’ose paraphraser ces mots du P. Paul Baudiquey[1]-. “II s’est usé les yeux à son métier de Père. Scruter la nuit, guetter, du même regard, l’improbable retour; sans compter toutes les larmes furtives… il arrive qu’on soit seul ! Oui, c’est bien lui, le Père, qui a pleuré le plus. […] Orphelin de son fils, dévasté d’une si longue absence, il s’est épuisé à “tenir debout” … Et le voici maintenant, […] totalement étranger aux convulsions d’une étreinte crispée sur sa possession; en train de se recevoir de l’absent qui lui a tant manqué, dont l’attente lui a tant “coûté”. […] Restent les larmes, furtives, brûlantes, puis débordantes de douceur, quand leur grâce est reconnue, accueillie comme telle […] Les larmes qui sont peut-être, dira Lévinas, “l’ultime consentement d’un être qui accepte enfin de tomber en son humanité.” Les larmes qui nous revêtent, “non pas d’une tunique de banni, mais de la robe nuptiale du fils perdu et retrouvé”. (O. Clément)”

Son attente, et la nôtre. Ses larmes, et les nôtres. Tout se confond dans un même mystère d’amour. Combien Tu as mendié, Toi, à la porte de mon coeur pour y naître à nouveau. Combien j’ai attendu, moi, d’être enfin retrouvée dans mes chemins de traverse, accueillie entre les bras de mon Berger.

“Votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu.” Ces mots de Jésus nous rejoignent au coeur de l’Avent pour nous dire l’essentiel. Toute l’histoire du salut, la tienne et la mienne, celle de chaque fille et fils de Dieu trouve là sa raison. Tout au long de l’histoire de l’humanité, Il n’a cessé de “partir à la recherche de la brebis égarée” … Aujourd’hui, 12 décembre, l’Église en Amérique célèbre la fête de Notre-Dame de Guadalupe. Les apparitions de la Vierge Marie à un aztèque nommé Juan Diego (Cuauhtlatoatzin) sur la colline de Tepeyac (Mexico), ne proclament-elles pas le même message? A travers Marie, c’est le Berger qui venait rechercher “sa petite brebis égarée” en lui parlant dans sa langue natale, le nahuatl. “Que ton coeur ne soit pas troublé. N’aie pas peur … Ne suis-je pas là, moi qui suis ta Mère? N’es-tu pas sous ma protection?”

Le mois de décembre s’est ouvert avec la fête de saint Charles de Foucauld. Lui aussi, petite brebis égarée et retrouvée par son Bon Berger, a finalement compris que la sainteté n’est pas un idéal de perfection, mais une ouverture continue de notre fragilité vers l’horizon d’un amour toujours plus grand que nous.

Je nous souhaite à chacun de poursuivre notre chemin de l’Avent en compagnie de Frère Charles et tant d’autres, de la petite brebis de l’Évangile. Elle et eux nous apprendront à consentir à notre vulnérabilité – comme écrivait Lévinas au sujet des larmes : “l’ultime consentement d’un être qui accepte enfin de tomber en son humanité.” -. Elle et eux nous aideront à nous laisser enfin trouver et soigner. Puisse-t-ils nous accompagner de leur humilité pour oser dire au Bon Berger – comme le psalmiste -: “Je m’égare, brebis perdue: viens chercher ton serviteur” (tout dernier verset du Psaume 119, 176).

Belle marche vers Bethléem!

Laurence Vasseur (Vasseurlaurence@hotmail.com)


[1] Dans son magnifique livre, Rembrandt, le retour du prodigue, Ed. Mame.

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