Le rayon suit la lumière qui l’envoie – Méditation du mardi 10 septembre 2024

No 2 – série 2024-2025

Évangile du Mardi 10 septembre 23e semaine du Temps Ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Il passa toute la nuit à prier Dieu. Il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres » Mt 6, 12-19

En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître.
Jésus descendit de la montagne avec eux et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus l’entendre et se faire guérir de leurs maladies ; ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs retrouvaient la santé. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous.

Méditation

La lumière du soleil nous parvient après avoir parcouru les 150 millions de kilomètres qui séparent la terre du soleil en 8 minutes et 03 secondes. Nous sommes une fibre tissée dans l’immense vêtement de l’univers. Cette onde lumineuse nous met en mouvement dans son ondulation. « L’onde que nous sentons ­passer ne s’est pas formée en nous-mêmes. Elle nous arrive de très loin – partie en même temps que la lumière des premières étoiles. Elle nous parvient après avoir tout créé en chemin. » (1) Chaque être vivant emporté par cette énergie est déposé un peu plus loin dans l’aventure de la vie, attendant une autre vague qui poursuivra l’élan. Pourtant, cette onde dont notre chair se forme, nous ne pouvons dire qu’elle nous envoie. Elle nous met en mouvement, son flux nous contraint d’avancer, mais, elle ne nous envoie pas.

Sans l’Esprit Saint, les signes naturels que Dieu offre à tous (comme la lumière, la station debout, la chance d’exister) perdent leur beauté. Sans la foi, ces signes s’évaporent et n’articulent plus une parole qui réjouit la vie. Alors, égarés dans l’existence, les hommes errent en aveugle. Jetés dans le monde, ils n’ont pas le sentiment d’être envoyés dans l’existence pour y accomplir une mission gorgée de sens ! Car, pour l’homme, l’envoi n’est pas un fait naturel, mais une réalité mystique qui jaillit des profondeurs de Dieu. Recevoir de Dieu notre existence comme un envoi est une grâce donnée à un cœur filial. L’ancienne liturgie latine terminait la messe par la formule : « Ite Missa est » qui signifie « Allez, c’est l’envoi » ou « Allez, c’est le temps de la mission ». Avec ces derniers mots de la messe, un envoi commence pour délivrer dans la vie la joie reçue à la table du Seigneur. Nourris par le pain de vie, les disciples de Jésus marchent dans le monde où ils sont envoyés.  

Du nombre de ceux qui Le suivent, Jésus choisit douze pour former le corps des apôtres. Le Peuple d’Israël structuré en Douze tribus constituées autour d’un des douze fils de Jacob (Gn 35, 22-26) disait la diversité du peuple et son unité dans la promesse faite aux patriarches. L’élection d’Israël n’est ni une supériorité, ni un privilège, mais le signe d’un don. Ce chiffre Douze, Jésus le reprend et l’oriente vers l’envoi. Pourquoi envoyer des disciples dans le monde ? Les douze tribus d’Israël demeuraient à l’intérieur de la Terre Promise. Avec Jésus les temps mûrissent, l’élection d’Israël accomplit sa vocation universelle dans le déploiement pour tous des dons de Dieu : « Il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres. » En effet, le mot « apôtre » vient d’un verbe grec qui signifie « envoyer ».

Ce qui est donné à Israël concerne l’humanité entière. Jésus accomplit la prophétie de Jérémie dans laquelle Dieu promettait une « alliance nouvelle » (Jr 31,31), non plus écrite sur des tables de pierre, mais dans le cœur, une « alliance nouvelle », non plus apprise comme une leçon, mais vivifiée par une connaissance intime.

L’envoi trouve son origine dans l’engendrement du Fils ; le Père engendre un Fils qu’Il envoie : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6,44). Dans le sillage de l’amour du Père, le Fils envoie des fils et des filles (Mt 21,37 ; Jn 3,16). L’envoi part d’une filiation qui nous fait dire : Père. Pour qu’un envoi existe, il faut d’abord que Dieu éclaire une existence de Son amour. L’envoi est une surabondance issue de cette découverte inouïe. « À la fois très simples et très profondes, les vraies manifestations de Dieu enrichissent toujours la personne qui les reçoit en eux une connaissance des mystères qui les transforme, ce qui les « envoie » vers autrui dans la prière ou en actes. » (2) L’envoi est un éblouissement : le disciple suit le scintillement du fin bonheur de se savoir aimé. 

Dès lors, traversée par une lumière, la matière même de l’existence cherche le face-à-face. La face de l’autre dessine le visage de Dieu. Chacun enrichit l’envoi de sa personnalité singulière.

Vincent REIFFSTECK.     vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

Notes :

(1) Père Pierre Theillard de Chardin, Le Phénomène humain, éd. Seuil, 1956, (p.152).

(2) Sœur Catherine, La joie du réel, chap.VI, « L’extraordinaire », édition Le Relié, (p.181).

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