Le Dieu des grands espaces murmure au cœur de l’Avent – Méditation du lundi 9 décembre 2024

No 92 – série 2024-2025

Évangile du lundi 9 décembre Immaculée Conception de la Vierge Marie

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 26-38)

En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta.

Veuillez noter que l’équipe des méditations prendra une pause pour le temps des fêtes. La dernière méditation de 2024 sera pour le dimanche 22 décembre et nous serons de retour le lundi 6 janvier 2025. Nous vous remercions de nous avoir lu et avons hâte de vous retrouver en janvier ! Joyeux Noël et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent.

Méditation – Le Dieu des grands espaces murmure au cœur de l’Avent

En plein coeur de l’Avent, l’Evangile de la fête de Marie Immaculée nous offre le cadeau d’un petit retour en arrière. Un rapide flashback comme pour apprécier mieux encore l’immense amour qui vient à notre rencontre à Noël! Nous nous retrouvons là où l’inimaginable entrée – incarnée – de Dieu dans l’histoire humaine a commencé! « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut .” L’annonce faite à Marie résonne à nouveau dans nos coeurs au milieu des cantiques de l’Avent! Et combien elle a dû résonner d’innombrables fois dans le coeur de Marie durant ses mois de grossesse.

Sois sans crainte, Marie. Tu es comblée de grâce, le Seigneur est avec toi …” Des mots qui ont bouleversé son coeur lorsqu’elle les reçut pour la première fois, se demandant “ce que pouvait signifier cette salutation”. Et puis, des mots qui peu à peu, dans le rythme des jours mêlé d’imprévus, lui sont devenus essentiels. Des mots débordant de la tendresse du Dieu du ciel, tissés avec les joies simples de la vie de Nazareth, se transformant en une petite cellule où son coeur pouvait trouver le repos. Le repos intérieur de se savoir toujours accompagnée, comblée de sa grâce. En Marie, la promesse de Dieu annoncée par le prophète Isaïe – “Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel c’est-à-dire : Dieu-avec-nous” (Is 7,14) – se réalisa dès l’instant de l’annonce. Pour toujours désormais, Il serait avec elle, en elle. Marie découvrait avec une profondeur toute nouvelle les paroles des Psaumes qu’elle connaissait déjà: “Je n’ai de repos qu’en Dieu seul, mon salut vient de lui. Lui seul est mon rocher, mon salut, ma citadelle: je suis inébranlable. Chez Dieu, mon refuge, mon rocher imprenable !” (Psaume 61[62]).

Sur le chemin vers Bethléem imprégné de tant d’incertitudes, elle murmurait peut-être aussi ces paroles: “Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut et repose à l’ombre du Puissant, je dis au Seigneur: « Mon refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! » Il me couvre et me protège. Je trouve sous son aile un refuge : sa fidélité est une armure, un bouclier.” (Psaume 90[91]).

Depuis ce jour de l’annonce, Marie a appris à accueillir en elle la Vie du ‘Dieu des grands espaces’. La Vie du Dieu qui, se faisant “tout petit” en son sein, mit son existence ‘au large’ (cf. Lc 5,4). N’est-ce pas le Visage de Dieu qui se révéla à Marie à Nazareth d’abord, puis tout au long de ses jours à la suite de Jésus, le Fils du Très-Haut? Largeur, profondeur, débordement … et tout en même temps, refuge, protection, sécurité.

Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre”. J’aime beaucoup contempler la jeune Marie qui, face à l’annonce d’un tel ‘élargissement’ de sa vie, ose demander “comment cela va-t-il se faire?”. Et j’imagine cette question l’accompagnant tout au long de l’existence. Elle n’a pas eu peur de la laisser résonner en elle, d’y habiter même. Comment cela va-t-il se faire? à la naissance de Jésus; “Comment cela va-t-il se faire?” durant son enfance si normale à Nazareth, “Comment cela va-t-il se faire?” durant les années de jeunesse jusqu’au départ sur les chemins de la mission …  Puis le “Comment cela va-t-il se faire?” répété encore avec une confiance infinie au moment de la Pâque.

Toujours, depuis le tout premier instant, la même réponse lui fut donnée: « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre”. Toujours, Il sera là, Il t’accompagnera pour oeuvrer en toi son oeuvre à Lui. Cette oeuvre qui déborde le coeur de Marie, ses propres pensées, ses projets et ses limites humaines, c’est l’Esprit qui jusqu’au bout la réalisera.

A la lumière de l’annonce faite à Marie, j’ai laissé résonner en moi cette question: quel est le Visage de Dieu qui s’est manifesté le plus à moi durant cette année 2024? En méditant cela j’ai été saisie par le même ‘Dieu des grands espaces’ qui entra chez Marie. Combien de fois cette année ai-je expérimenté le besoin de cette largeur des grands espaces (cf. Eph 3,18-19)? Combien de fois L’ai-je entendu me murmurer: “Élargis l’espace de ta tente, déploie sans hésiter la toile de ta demeure, allonge tes cordages, renforce tes piquets ! Car tu vas te répandre au nord et au midi. […] Ne crains pas, […] tu n’auras plus à rougir, tu oublieras la honte de ta jeunesse […] Car ton époux, c’est Celui qui t’a faite, son nom est « Le Seigneur de l’univers ». Ton rédempteur, il s’appelle « Dieu de toute la terre ». (Is 54,2-5)

Et j’ose vous passer le relais! Quel est le Visage de Dieu qui s’est le plus manifesté à vous durant cette année 2024? Cette question est-elle peut-être de celles dont parle Timothy Radcliffe: “Les questions profondes ne sont pas en quête d’information. Elles nous invitent à vivre d’une manière nouvelle et à parler un langage nouveau.”[1] Invitation ouverte pour ce temps de l’Avent. Laissons-nous habiter par cette question, et peut-être par beaucoup d’autres en ce mois de décembre. Osons les habiter, les vivre … comme Marie.

Disons comme elle – avec les mots de Madeleine Delbrêl – : “Seigneur, faites-nous vivre notre vie, […] comme une fête sans fin où votre rencontre se renouvelle, comme un bal, comme une danse, entre les bras de votre grâce, dans la musique universelle de l’amour. Seigneur, venez nous inviter.”[2]


[1] Dans une de ses méditations pour le synode https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2024-09/meditation-timothy-radcliffe-synode-retraite-spirituelle.html . Il poursuivait: “Le poète Rainer Maria Rilke a écrit: «Ne cherchez pas des réponses qui ne peuvent vous être apportées, parce que vous ne saurez pas les vivre. Et il s’agit précisément de tout vivre. Ne vivez, pour l’instant, que vos questions. Peut- être simplement finirez-vous par entrer insensiblement, un jour, dans les réponses».  (Rainer Maria RILKE, Lettre 4, du 16 juillet 1903, dans : Lettres à un jeune poète, trad. par Sacha Zilberfarb, Seuil, Paris, 2020, p. 35.)

[2] Madeleine Delbrêl, extrait du texte Le bal de l’obéissance, in Nous autres gens des rues.




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