Évangile du Lundi 8 mai 2023 – 5e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout » Jn 14, 21-26
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » Jude – non pas Judas l’Iscariote – lui demanda : « Seigneur, que se passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? » Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Méditation
Observer les commandements du Christ, ce n’est pas mémoriser les leçons d’un maître. En effet, le Christ se présente comme Celui qui donne accès à l’être intime du Père. Cette fidélité au Christ ouvre sur un autre mode d’existence et sur un autre mode de connaissance. Exister, connaître, être dans le monde… voilà ce que le Christ métamorphose. C’est inouï ! On comprend la stupeur de Jude qui pose une question lorsque Jésus fait la promesse de Se communiquer à celui qui reçoit Ses commandements : « je me manifesterai à lui ». Comment le Christ, retenu par les limites de Son corps, rejoindrait-il Ses disciples partout où ils se trouveront ? Comment le Christ partagerait-il avec nous la connaissance intime du Dieu infini ? Le Christ pourrait-Il traverser la mort ?
Avant la Résurrection, le disciple qui entend les paroles du Christ ne peut que se sentir abasourdi. Jésus répond à Jude en promettant que son Père et Lui établiront leur demeure auprès de ceux qui manifesteront leur amour en conservant Sa Parole. La réponse de Jésus qui S’invite dans l’intimité de ses disciples semble plus ahurissante encore ! Le roi Salomon s’étonnait que le Dieu Tout-puissant pût être contenu dans une architecture construite de mains d’hommes : « Est-ce que vraiment Dieu pourrait habiter sur la terre ? Les cieux eux-mêmes et les cieux des cieux ne peuvent te contenir ! Combien moins cette Maison que j’ai bâtie. » (1 R 8,27). Le Très-Haut emplissait, dans le Temple, l’espace vide du Saint des Saints. Jésus accomplit les espérances de Salomon en les surpassant infiniment. Car, la présence de Dieu parmi les hommes ne se réduit pas à ce Temple. Le sanctuaire, c’est nous : « chez lui, nous nous ferons une demeure ».
Toutes ces belles paroles… que sont-elles ? Un idéal ? Une pensée qui se perd dans les nuages ? Avant la Pentecôte, les disciples ne pouvaient que mettre de côté ces propos incroyables, comme on range un bibelot précieux dont on ne sait quoi faire. Un disciple pouvait dire comme nous aujourd’hui : « C’est beau la religion… mais ça ne peut pas entrer dans ma vie… Je sortirai ces belles paroles, de temps en temps, pour rêver… comme on mange un bonbon à la menthe en attendant le bus sous la pluie… »
Que faut-il pour que ces paroles de Jésus prennent vie ? Il faut qu’Il nous donne Son Esprit, qu’Il nous communique ce lien qui L’attache au Père ! L’Esprit-Saint doit passer par les frontières qui nous séparent de Dieu pour nous cicatriser à Lui. Alors, l’Esprit de Jésus qui L’unit au Père transfuse en nous Son énergie. L’Esprit-Saint nous anime d’une force de Résurrection et devient du sang vivant dans nos veines. Le Christ nous dit que nous sommes infiniment aimés du Père et que Dieu trouve Ses délices dans notre vie (Pr 8,31). Dès lors, ce que nous appelons notre existence, notre connaissance et notre monde changent de sens, puisque notre réalité s’élargit à l’ampleur de Dieu. Sur l’arbre de la croix, le monde qui s’engouffrait vers l’obscur a pivoté et s’est retourné vers le Père. Désormais, l’Esprit nous enseigne la langue de Dieu.
Par la lecture des Écritures, notre oreille s’éveille. Le désir, ardent de ce qui a bougé dans les entrailles, sent qu’avec les mots une Parole se lève. Dieu dresse la table devant moi. Ma vie n’est pas trop petite pour Dieu, puisque la voix du Très-Haut résonne dans mon âme qui va s’élargissant. Il S’intéresse à moi, je Le nourris de ma vie. De même, je m’intéresse à Lui, Il me nourrit de Sa vie divine. Le Christ me dit que je suis la demeure du Dieu (Ap 21,3) qui trouve son bonheur en moi. Si ce n’était les paroles mêmes de Notre-Seigneur, qui oserait y croire ? Avouons notre impuissance, car Dieu ne se tient pas au bout de nos efforts. Laissons-nous guider où Dieu réside. Car, cette demeure a une porte d’entrée. Dans l’audace de la confiance, j’entre dans cette demeure que je suis, par l’oraison.
Je reçois mon Père qui est déjà là dans le secret (Mt 6,6), je découvre que mon âme est tout un monde à la mesure de Dieu. Ainsi, tout ce qui se déroule sous mes yeux dans ce vaste monde qui n’est pas Dieu est pour moi la chaleur du Dieu qui m’accompagne. Même dans l’énigme, l’évidence éclaire, la nuit comme le jour m’est lumière (Ps 139,12). Dans une paix cachée, j’expérimente qu’une connaissance m’unifie à Celui qui m’aime. Car, dès l’origine, nous sommes nés dans l’oraison : Dieu insuffle une haleine de vie dans nos narines (Gn 2,7), Jésus souffle sur nous (Jn 20,22) pour qu’un Souffle batte entre nos deux respirations, humaines et divines, unies.
Vincent REIFFSTECK. vincent.reiffsteck@wanadoo.fr
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