Évangile du Lundi 8 janvier – Baptême du Seigneur (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » Mc 1, 7-11
En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Méditation
Beaucoup de nos contemporains expriment une détresse lorsqu’ils se demandent s’ils peuvent faire une quelconque expérience de Dieu : « Si je ne rencontre Dieu nulle part dans mon existence, comment puis-je croire en Lui ? » Ils se demandent comment chercher Dieu. Ils s’attendent à trouver des traces de Dieu dans le monde comme si, rangé à côté d’un objet que l’on connaît bien, Dieu était un objet du monde que l’on découvre après une enquête minutieuse. Deux dangers guettent ces personnes sincères dans leur démarche : le premier danger est de rencontrer des groupes qui vendent Dieu comme un produit promotionnel dont on ferait la publicité. Sur le marché du « spirituel », des sectes font un marketing alléchant : on promet des expériences immédiates. Au « besoin » de Dieu répond une « offre » à bas prix. Le danger est alors de confondre l’élan de notre imagination avec l’infini. D’ailleurs, certains affirment que l’expérience des énergies est plus intense que la recherche du Dieu biblique. Le deuxième danger est que cette quête s’enlise dans le découragement. A quoi bon ? Dans nos sociétés incroyantes, dans une civilisation athée dans sa pratique, les chercheurs de Dieu semblent perdus. Isolés, loin d’une tradition vivante, ils errent dans des communautés qui sont devenues plus arides qu’un désert. Le début de l’évangile de Marc place le prophète Jean le Baptiste au milieu d’un « désert » qui par bien des aspects ressemble à notre époque.
William revient du sport avec son gros sac, il prend le bus qui le ramènera chez ses parents. Les voitures tracent des sillons de couleurs dans les rues obscures. Quelques décorations lumineuses sont encore accrochées dans les boutiques comme des souvenirs des noëls passés chez sa grand-mère. Ses parents ont écarté la foi des valeurs familiales depuis longtemps pour être libres, ouverts et sans complexes. Devenus modernes, ils se sont accrochés à leur travail comme à une planche de salut. William se souvient de sa grand-mère, de son sourire généreux, de la cuisine qu’elle préparait pour tout le monde comme un don qui faisait une place à chacun. « Ma vie a-t-elle un sens ? » se demande William. Les expériences en tout genre ont brûlé William, jeune pourtant, mais déjà blasé.
La Bible ne montre pas des hommes qui cherchent Dieu, mais bien plutôt la recherche que Dieu entame pour trouver les hommes. « Adam, où es-tu ? » questionnait Dieu dans la Genèse. Dieu interpelle Abraham. Dieu attire Moïse par un buisson ardent. Dieu fait l’expérience de l’homme. C’est une bonne nouvelle ! Car, Dieu est l’infini qui déborde nos capacités de toutes parts. Il est l’au-delà de tout. Personne ne saurait L’enfermer dans des mots. Nul ne peut épingler Dieu et Le ranger dans une boîte comme un papillon rare. « Dieu, personne ne l’a jamais vu » (Jn 1,18). Et si Dieu ne venait Lui-même à notre recherche nous pourrions désespérer de nos forces… Car, Dieu n’est pas au bout de nos efforts. Si nous ne pouvons monter vers Dieu, il nous faut découvrir de quelle manière Dieu s’y prend pour descendre et venir nous chercher. L’initiative de Dieu se fraye librement un chemin dans notre existence : dans nos désirs et dans nos besoins.
Plongé dans ses souvenirs, William vient de rater son arrêt de bus. Il a dépassé la station et découvre un quartier qu’il connaît mal… Le bus ralentit et s’arrête devant une église illuminée. Il descend intrigué par une phrase écrite sur une banderole qui traverse le porche de l’église : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » William revoit le sourire de sa grand-mère. Il entre dans l’église.
N’est-ce pas le rôle du Fils, qui est la porte, de redire à nos oreilles ce qu’Il entend du Père ? La foi n’est pas une démonstration qui partirait de nos facultés, mais la réception, au creux de notre être, de la recherche que Dieu fait de nous. L’évangile met en mots sonores cette recherche : Dieu le Père fend le ciel, Il prononce, en mots humains, Son Amour pour le Fils. Le Fils reçoit cet Amour et Se restitue au Père dans la joie. L’infini divin fait l’expérience de l’homme. L’homme saura-t-il faire une place à ce Dieu qui le cherche ? Dieu a besoin d’un coeur qui se vide de son égoïsme étouffant pour accueillir Son Amour qui engendre. Dieu a besoin d’un homme qui accepterait de sortir de la prison de son ego pour s’ouvrir à Son don.
« William, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Notre nom est inscrit dans la quête de Dieu. Y a-t-il une liberté plus ample que celle que Dieu offre ? Est-il une joie plus ressourçante ?
Vincent REIFFSTECK. vincent.reiffsteck@wanadoo.fr
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