Lumière levée au cœur des ténèbres + Une lumière s’est levée ! – Méditation du lundi 6 janvier 2025

No 106 – série 2024-2025

Évangile du lundi 6 janvier Lundi après l’Épiphanie

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Le royaume des Cieux est tout proche » (Mt 4, 12-17.23-25)

En ce temps-là, quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. Sa renommée se répandit dans toute la Syrie. On lui amena tous ceux qui souffraient, atteints de maladies et de tourments de toutes sortes : possédés, épileptiques, paralysés. Et il les guérit. De grandes foules le suivirent, venues de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et de l’autre côté du Jourdain.

Une deuxième méditation vous est offerte en ce retour de la pause des Fêtes. Assurez-vous de lire jusqu’au bas de la page pour profiter de ce cadeau du Nouvel An, offert par Sr Marie-Emmanuel. Bonne et heureuse année 2025 !

Méditation #1 – Lumière levée au cœur des ténèbres

Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée.” Avec ces mots lumineux du prophète Isaïe (que Matthieu reconnaît comme “parole accomplie”), je vous souhaite à chacune, à chacun une très heureuse année 2025! Dans mon pays d’adoption, on se souhaite la nouvelle année avec cette salutation: “Sé hé bok mani badeusséyo!” Le mot le plus important est “bok” qui vient de ce caractère chinois 福 et signifie “La bonne et satisfaisante fortune de la vie, ou le bonheur qui en découle.” On se souhaite donc “bonheur, bénédiction, bonne chance” … un peu tout cela à la fois!

En ce tout début d’année[1], juste après les fêtes de Noël et de l’Epiphanie, la plus précieuse des bénédictions n’est-elle pas justement cette Lumière qui s’est levée – et se lèvera chaque jour de l’année – “dans les ténèbres et l’ombre de la mort”? Le temps de Noël n’est pas encore terminé! Nous traversons cette semaine les jours qui s’égrènent entre l’Epiphanie et le baptême de Jésus (qui ouvrira le temps ordinaire). Une semaine encore – ou même toute une année –  pour laisser le temps à notre coeur d’accueillir doucement, profondément, toute la lumière de la Nativité. De fait, la parole d’Isaïe citée par l’évangéliste Matthieu semble un écho de celle d’hier pour l’Epiphanie. 

Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.” (Is 60, 1-6)

Après Noël et l’Epiphanie, rien n’est fini … pour Dieu! Au contraire, tout commence! La Lumière née à Bethléem – celle qui “brille dans les ténèbres, et (que) les ténèbres n’ont pas arrêtée.” (Jean 1,5) – va continuer sa trajectoire jusqu’à ce qu’elle puisse rejoindre et illuminer toutes les ténèbres, toutes les nuits, toutes les ombres de mort … puisqu’Elle est “la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.” (Jn 1,9).

Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains.

Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance.

Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende;

mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde.

Là, se trouve la demeure du soleil : tel un époux, il paraît hors de sa tente, il s’élance en conquérant joyeux.

Il paraît où commence le ciel, il s’en va jusqu’où le ciel s’achève : rien n’échappe à son ardeur.” (Psaume 18, 2-7)

Tel que le dit le psalmiste, ce qui a commencé à Noël, ce qui a été contemplé par les mages venus des lointaines terres d’Orient, ne s’arrêtera plus jamais! En Dieu, le désir de sauver, d’éclairer telle une flamme qui veille au cœur de la nuit est tellement irréfrénable! Et c’est bien ce que l’Evangile nous dévoile aujourd’hui!

Peut-être sommes-nous déconcertés de retrouver l’Enfant de Lumière de la crèche devenu ‘soudainement’ adulte … Mais c’est bien le même mystère de “la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde” qui poursuit son élan sauveur. “Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

Dans la lecture de l’office du jour, saint Pierre Chrysologue[2] parle de la stupeur des mages lorsqu’ils virent ce qui les attendait à Bethléem: “le ciel sur la terre, la terre dans le ciel ; l’homme en Dieu, Dieu dans l’homme ; et celui que le monde entier ne peut contenir, enfermé dans le corps d’un tout-petit !” En méditant les mots de l’Evangile – “On amena (à Jésus) tous ceux qui souffraient, atteints de maladies et de tourments de toutes sortes […] Et il les guérit.” –  je me suis dit que c’était cela aussi: “le ciel sur la terre, la terre dans le ciel; l’homme en Dieu, Dieu dans l’homme”! “Le ciel sur la terre”, quand par pure grâce, nous ouvrons notre coeur à la Lumière, nos blessures à son regard, nos paralysies à sa miséricorde. Alors, Il y entre pour libérer, pour guérir et relever … C’est Noël à nouveau!

L’hymne de ce jour le proclame avec ces mots:

Dieu s’est fait homme[3].
 Désormais sa face humaine dans la nuit
Ne brille plus qu’au feu secret
De notre vie.

Grande est la force de l’amour
Pour attirer vers toi, Sion,
Celui qui cherche encore le jour
Comme à tâtons.

Point d’autre signe n’est donné
Du Dieu fait chair, en notre temps,
Ni d’autre étoile pour mener
L’homme à l’Enfant.

Où resplendit la charité,
Le cœur bientôt reconnaîtra
Dans la ténèbre ou la clarté
Que Dieu est là.

Que notre année 2025 soit lumineuse et puisse rayonner pour tant des nôtres encore “en avent”, dans l’attente d’une étoile au coeur de leur nuit.

Laurence Vasseur – vasseurlaurence@hotmail.com


[1] J’écris cette méditation encore en décembre 2024, sans connaître bien évidemment les événements – de notre monde si mouvementé, comme l’a été la Corée ces dernières semaines – qui fermeront l’année ni ceux qui la commenceront!

[2] Sermon pour l’épiphanie, lundi après l’épiphanie.

[3] Hymne de l’office des lectures de ce lundi: Dieu s’est fait homme.


Méditation #2 – Une lumière s’est levée !

Une lumière s’est levée ! Nous venons de fêter l’Epiphanie, fête de la manifestation, fête de la lumière ! et pendant ce temps de Noël, nous allons suivre Jésus dans les débuts de la manifestation progressive de son identité, de son message, lui qui est « la Voie, la Vérité et la Vie ».

La lumière, en soi, n’est pas ce qui doit être vu. La lumière qui se lève n’est pas un éblouissement : d’une trop grande intensité, elle peut être un instrument de torture !  Elle est ce qui permet de distinguer ce qui ce qui se trouve dans sa clarté. Elle révèle ce qui l’entoure.

Lumière annoncée sur le pays de Zabulon et de Nephtali, Jésus entre dans ce territoire, qui est décrit comme étant celui de l’ombre de la mort. Matthieu veille à appuyer toute sa relecture de la vie de Jésus sur des paroles de l’Ancien Testament qui se vérifient dans ce qu’il relate. Le texte d’Isaïe qu’il évoque annonce une diffusion de la lumière jusqu’aux extrémités du monde alors connu : c’est bien de tous les pays que des malades viennent à Jésus. Pourquoi cette présence des malades ? La prédication de Jésus n’est pas une annonce de guérison : il proclame l’appel à la conversion et la proximité du Royaume des Cieux. Il le fait en parcourant la Galilée (lui-même n’en franchit pas les frontières : ce sont les foules qui viennent à lui), il enseigne, proclame le Royaume des cieux : la guérison de toute maladie et de toute infirmité vient en dernier, comme une conséquence de cette annonce ou de l’accueil qui lui est faite. Il est probable que cette guérison soit cependant ce qui présente le plus d’attrait et dont la renommée se répande comme une traînée de poudre, drainant les foules vers Celui qui ne s’est jamais présenté comme un thaumaturge, mais dont la prédication est chemin de guérison pour des foules qui s’attachent à lui.

La maladie, l’infirmité, la blessure intérieure peuvent être des chemins qui nous conduisent à Jésus et nous fassent sortir des frontières de notre égo, et de notre coeur, si nous laissons sa lumière nous rejoindre au plus profond de nous-mêmes. Cette lumière nous révèle à nous-mêmes dans notre réalité de pécheurs, elle nous montre le chemin de la conversion, ce retournement qui fait de notre souffrance elle-même la force qui va nous tourner vers Lui, et vers les autres. Alors nous pourrons dire avec l’auteur de l’évangile selon St Jean :

« La Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle » (1 Jn 1, 2).

Sr Marie-Emmanuel Raffenel, OP – raffenel@gmail.com



DROIT D’AUTEUR

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