Méditation quotidienne du lundi 5 juin : Dieu part en voyage pour que nous prenions la route (No 257 – série 2022 – 2023)

Évangile du lundi 5 juin – 9e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ils se saisirent du fils bien-aimé, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne » Mc 12, 1-12

En ce temps-là, Jésus se mit à parler en paraboles aux chefs des prêtres, aux scribes et aux anciens : « Un homme planta une vigne, il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Le moment venu, il envoya un serviteur auprès des vignerons pour se faire remettre par eux ce qui lui revenait des fruits de la vigne. Mais les vignerons se saisirent du serviteur, le frappèrent, et le renvoyèrent les mains vides. De nouveau, il leur envoya un autre serviteur ; et celui-là, ils l’assommèrent et l’humilièrent. Il en envoya encore un autre, et celui-là, ils le tuèrent ; puis beaucoup d’autres serviteurs : ils frappèrent les uns et tuèrent les autres. Il lui restait encore quelqu’un : son fils bien-aimé. Il l’envoya vers eux en dernier, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” Mais ces vignerons-là se dirent entre eux : “Voici l’héritier : allons-y ! tuons-le, et l’héritage va être à nous !” Ils se saisirent de lui, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne. Que fera le maître de la vigne ? Il viendra, fera périr les vignerons, et donnera la vigne à d’autres. N’avez-vous pas lu ce passage de l’Écriture ? La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! »
Les chefs du peuple cherchaient à arrêter Jésus, mais ils eurent peur de la foule. – Ils avaient bien compris en effet qu’il avait dit la parabole à leur intention. Ils le laissèrent donc et s’en allèrent.

Méditation

Les vignobles de l’Antiquité étaient entretenus selon la culture en hautain : chaque pied de vigne était marié à un arbre fruitier qui lui servait de tuteur. Les sarments de la vigne, contraints à prendre de la hauteur en s’accrochant aux branches de l’arbre fruitier, se dégageaient d’un sol moins lumineux. En montant vers la lumière, la vigne participait à sa propre croissance. Devenu tuteur, l’arbre bien taillé permettait à des légumes de prospérer à ses pieds. Cette culture en hautain fournissait une récolte diversifiée, symbole de la richesse de la grâce. L’image du vignoble présente le don bienveillant de Dieu et la méfiance des hommes. Par exemple, au sortir du désert, avant que le peuple ne pénétrât en Terre Promise, Moïse envoya douze explorateurs. Dieu serait-il aussi véridique que Moïse l’avait dit ? Ces pionniers représentant Israël en revinrent portant le signe de l’abondance promise par Dieu : « ils y coupèrent un sarment et une grappe de raisin qu’ils emportèrent à deux, sur une perche, ainsi que des grenades et des figues. » (Nb 13,23). Plus tard, sous le roi Salomon, le mariage de la vigne et des figuiers représentait l’harmonie entre les royaumes : « Juda et Israël (…) habitèrent en sécurité, chacun au milieu de ses vignes et de ses figuiers » (1 R 5,5). Ces deux royaumes ne tardèrent pas à se diviser…

Les cultivateurs payaient au propriétaire un loyer qui reconnaissait une dette et exprimait une gratitude. Cette image symbolise la fructification de la grâce confiée à la gérance des hommes. Le Père qui cède Sa création en location attend le paiement d’un loyer, de telle sorte que chacun puisse considérer sa tâche humaine comme une mission reçue de Dieu. Dans ma cuisine, dans mon bureau, je suis employé par Dieu. Comme tous les hommes endettés envers Dieu, je rendrai des comptes. Notre époque démocratique, habituée aux droits de l’homme, n’apprécie guère qu’on évoque les droits de Dieu. Cette expression nous hérisse, tant nous soupçonnons Dieu… et pourtant, qu’est-ce que ce loyer attendu par Dieu ? Dieu est en droit d’attendre que nous soyons vraiment libres, vivants d’une vie ample et large, capables d’empoigner l’événement pour inventer un possible inattendu.

En effet, Dieu a planté Son Église dans le monde. Grâce à Ses enseignements, Il a établi une clôture protectrice. Protégée par la vérité et la vigilance qui agissent comme une tour de garde, la grâce prospère. Dieu crée des hommes libres. C’est pourquoi, dans la parabole, le maître du vignoble part en voyage. Le voyage désigne la confiance du Père qui laisse la gérance de sa création à des hommes libres et responsables. Il évoque l’audace de l’Esprit-Saint qui part au loin en s’aventurant avec les hommes, soutenus par la grâce, dans les périphéries du monde. Il accorde une place au Fils bien-aimé qui Se livre à cette création ingrate en témoignage de patience et d’amour. Cette absence temporaire du maître n’est ni une inexistence qui abandonnerait le monde à l’absurde et au néant, ni une présence étouffante et tatillonne. Le voyage introduit dans le récit un éloignement qui figure une confiance donnée, il exprime une distance qui autorise la liberté tout en indiquant le retour du voyageur divin et donc la nécessaire reddition des comptes par les hommes.

Un jour, je répondrai de ma vie. Mais, les hommes ingrats veulent que Dieu ne revienne jamais de son voyage, ils veulent d’un monde sans Dieu. Car, de ce néant absurde, ils espèrent leur liberté ! Les vignerons manipulent le « bien-aimé » comme une chose à asservir. Ne considérons-nous pas Dieu comme un instrument à notre service ? Jésus, crucifié « hors de la ville » (Hb 13,12), décrit par avance son expulsion « hors de la vigne » et son martyr. Mais, l’inventivité de Dieu déjoue nos plans de mort. Dieu renverse les situations et accorde le salut au coeur même de la haine. Rendons hommage à cet amour divin qui prouve sa toute-puissance en délivrant le salut au plus profond de nos ténèbres.

Vincent REIFFSTECK.   vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

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