No 22 – série 2024-2025
Évangile du Lundi 30 septembre – 26e semaine du Temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Le plus petit d’entre vous tous, c’est celui-là qui est grand » Lc 9, 46-50
En ce temps-là, une discussion survint entre les disciples pour savoir qui, parmi eux, était le plus grand. Mais Jésus, sachant quelle discussion occupait leur cœur, prit un enfant, le plaça à côté de lui et leur dit : « Celui qui accueille en mon nom cet enfant, il m’accueille, moi. Et celui qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. En effet, le plus petit d’entre vous tous, c’est celui-là qui est grand. »
Jean, l’un des Douze, dit à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il ne marche pas à ta suite avec nous. » Jésus lui répondit : « Ne l’en empêchez pas : qui n’est pas contre vous est pour vous. »
Méditation – Reconnaître l’enfant à nos côtés
« Une discussion survint pour savoir qui, parmi eux, était le plus grand. » Cette parole de l’Evangile résonne en moi comme une lecture, une façon de lire en profondeur ce qui se passe dans notre monde en souffrance. Le contexte international tellement complexe ne pourrait-il pas être ‘résumé’ – si toujours est-il que cela soit possible – par ces quelques mots ? « Une discussion survint pour savoir qui, parmi eux, était le plus grand. » La lutte pour la suprématie, pour le pouvoir politique, économique, militaire envenime toutes les relations internationales… Les nouvelles quotidiennes ne cessent de nous en montrer la douloureuse réalité.
Mais nos cœurs n’en sont pas épargnés, de cette lutte pour ‘la grandeur’ ! Combien il est subtil en nous ce désir de ‘se grandir’, de surtout ne pas se montrer ‘petit’ devant les autres. En Corée – où la compétitivité est omniprésente -, les personnes qui nous rencontrent pour la première fois nous posent régulièrement ce genre de question : « parmi vous, qui est celle qui parle le mieux le coréen ? Et qui cuisine le mieux dans la communauté ? » Alors, il n’est pas facile d’échapper à la tentation de la comparaison ! Qui est la meilleure ? Qui est la plus ‘grande’ ? Et Jésus sait bien cela ! St Luc nous le dit clairement dans le passage de ce matin : « Jésus, sachant quelle discussion occupait leur cœur …» Il connaît toutes les ‘discussions qui occupent notre cœur’. Il en comprend le poids et la paralysie qu’elles entraînent souvent… Qu’il est bon alors de nous mettre en présence de Dieu, de Celui qui ‘sait’, qui ‘sait tout’ (cf. Jn 21,17), et qui ‘connaissant’ notre cœur mieux que nous-mêmes désire nous rejoindre là, au plus profond.
C’est ce que Jésus semble avoir fait avec ses disciples ce jour-là. Avant de prendre la parole, Il pose un « geste choc ». Pour secouer la paralysie du cœur, son aveuglement, son inertie, les mots ne suffisent pas. « Jésus prit un enfant, le plaça à côté de lui » et seulement après Il se mit à leur parler. Je m’imagine l’étonnement, la surprise sur le visage des disciples. Alors qu’ils sont en pleine discussion, avec des sentiments certainement très mélangés – un goût de jalousie, d’humiliation et de supériorité tout à la fois – apparaît un enfant au milieu d’eux ou plutôt « à côté de » Jésus ! Un enfant … Tout-à-coup les bouches se taisent, les regards orgueilleux s’abaissent … et enfin, leurs oreilles peuvent entendre la Parole du Maître.
« Celui qui accueille en mon nom cet enfant, il m’accueille, moi. Et celui qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. En effet, le plus petit d’entre vous tous, c’est celui-là qui est grand. » Parole magistrale. Elle ne vient pas ‘discuter’ ou faire débat avec la discussion en cours, non ! Elle ouvre une brèche comme seul l’Evangile sait le faire. Une brèche dans la logique de nos calculs, de nos relations formatées entre ‘supérieurs et inférieurs’. La voilà la brèche qui ouvre tous les possibles d’une ‘nouvelle naissance’ :« le plus petit d’entre vous tous, c’est celui-là qui est grand. » Quel renversement ! Vous vous demandiez « qui est le plus grand entre vous », et bien, voilà la réponse !
Qu’est-ce que ça signifie ‘être grand’ selon Dieu ? Toute la vie de Jésus, son incarnation, plus encore le ‘comment’ de sa vie d’homme « en tout semblable » à nous (cf. Héb 2,17 et Phil. 2,7), en dessinent la réponse. Accueillir un enfant – un ‘petit d’homme’ -, c’est L’accueillir, nous dit-Il. Et plus encore, L’accueillir Lui, c’est accueillir le Père, Celui qui L’a envoyé. Je devine dans ces simples mots de Jésus une déclaration révolutionnaire au sujet de Dieu. Dieu serait donc ce « plus petit d’entre vous tous, (c’est celui-là) qui est grand ». De Bethléem au Calvaire, de la paille de la crèche au Pain de l’eucharistie, ne nous a-t-Il pas manifesté le Visage de Dieu ? En Jésus, Dieu s’est réellement manifesté comme le plus petit d’entre les humains (Cf. le prologue de St Jean, chap 1,14.18). Et pour nos cœurs ‘occupés par tant de discussions sur la grandeur’, c’est un ‘scandale’, une ‘pierre d’achoppement’. Cela ne se comprend pas, un Dieu si ‘petit’, si faible, volontairement.
« Jésus, sachant quelle discussion occupait leur cœur prit un enfant, le plaça à côté de lui » En préparant cette méditation, j’ai repensé à de multiples rencontres que j’ai faites durant mon retour estival en famille. Jésus s’est occupé de ‘placer à mes côtés’ de nombreux ‘petits’ selon l’Evangile. Des personnes très âgées dont la vie toute donnée entame la dernière étape, d’autres plus jeunes mais touchées par la maladie et tout ce qu’elle entraîne de ‘petitesse’. Et là, Il m’a parlé très clairement ! Dans chacune de ces rencontres, dans nos échanges, Il me redisait : « le plus petit d’entre vous tous, c’est celui-là qui est grand. » De retour dans la mission en Corée, je ne cesse de repenser à cette ‘école d’Evangile’ de l’été.
Tant d’autres avant moi, avant nous, ont tellement bien compris ce que signifie ‘la grandeur’ pour notre Seigneur. St Charles de Foucault en est le chantre, lui qui se laissa transformer tout au long de sa vie pour devenir vraiment un ‘petit frère de Jésus’. Et puis, en ce jour du 30 septembre – même si c’est la fête de St Jérôme -, je pense très fort à la Petite Thérèse de Lisieux dont c’est le jour de la naissance au ciel ! Son nom lui-même donne toute la couleur de sa vie ! Thérèse de l’Enfant-Jésus (et de la Ste-Face), c’est le nom de carmélite qu’elle avait choisi dès son enfance. La grâce de Noël (en 1886), comme elle le relate elle-même dans ses écrits autobiographiques, l’a rendue ‘forte’ dans son extrême sensibilité en lui faisant découvrir une ‘toute petite voie, toute simple’ qui la mènerait vers Dieu. Elle portait en elle le souci de tant de ‘petites âmes’ paralysées sur le chemin de la vie. Pour elles, pour nous tous, la Petite Thérèse a ouvert la voie royale de l’abandon et de la confiance ; celle qui laisse Dieu Lui-même prendre toute sa place dans notre cœur pour y aimer, y vivre ‘sa grandeur’ à Lui.
« Jésus, sachant quelle discussion occupait leur cœur prit un enfant, le plaça à côté de lui » Aujourd’hui, laissons-Le renouveler ce « geste choc ». Que l’Esprit Saint nous aide à reconnaître ‘l’enfant’, le ‘petit’ qu’Il mettra à nos côtés pour nous parler au cœur !
Laurence Vasseur – vasseurlaurence@hotmail.com
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