Méditation quotidienne du lundi 22 mai : Devenir vrai (No 243 – série 2022 – 2023)

Image par Wren Handman de Pixabay

Évangile du Lundi 22 mai 2023 –7e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » Jn 16, 29-33

En ce temps-là, les disciples de Jésus lui dirent : « Voici que tu parles ouvertement et non plus en images. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge : voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. » Jésus leur répondit : « Maintenant vous croyez ! Voici que l’heure vient – déjà elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, puisque le Père est avec moi. Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde. »

Méditation

Jésus annonce à Ses disciples qu’Il quitte le monde pour rejoindre Celui qui L’a envoyé dans le monde : « Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. » (Jn 16,28). Entre le Père et le monde, la descente et l’ascension du Christ tissent un dialogue « en forme de Dieu » (Ph 2,6). La connaissance du Père répandra dans le monde une vérité divine : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. » (Jn 17,3). La vérité scientifique est un plan qui décrit le monde pour le posséder. Dans la détresse de l’existence, cette vérité n’a rien à me dire. Il lui est indifférent que je vive ou que je meure. Cette vérité se manipule sans engager sa vie et elle ne sauve pas. Il en va tout autrement de la vérité spirituelle qui ne s’approche qu’en s’approchant soi-même. La vérité divine est une vérité que je deviens dans une contemplation où je dépose mon être, je me confie au Christ qui m’assimile à Lui.

Le monde, c’est ce qui se disloque de crises en crises et se recompose dans les convulsions. Il se débat en soubresauts et nous entraîne dans son tourbillon liquide. Planter ses mains dans la terre ferme, est-ce une sécurité ? A peine nos mains touchent-elles la rive que le courant nous arrache. Le Christ avertit Ses disciples qu’à l’approche de Son arrestation, ils entreront dans le trouble. Le temps de l’amitié sera battu par les vents de la lâcheté et du reniement. Dans le grand corps de la société, les passions flambent. Une société forge des fictions : la publicité, les écrans projettent des images dans les esprits. Le monde se dit à lui-même ce qu’il considère comme vrai. Nous saisissons passionnément ces images qui s’effritent entre nos doigts. Parmi toutes les fictions sociales, l’argent promet la domination du monde moyennant la dégradation de nos désirs. Judas trahit Jésus pour un argent qu’il rapportera aux « chefs des prêtres et aux anciens » (Mt 27, 3). Le pouvoir est une autre fiction. Les Pharisiens, spécialistes de l’Écriture, dérobaient « la clé de la connaissance » (Lc 11,52) pour assurer leur emprise sur le peuple. Mais, pour quels bénéfices, puisqu’ils n’entraient pas dans le mystère (Lc 11,52) ? La porte restait fermée, alors qu’ils possédaient la clé. Pour nous aussi, la connaissance du Christ est parfois si floue qu’elle n’est pas un guide. Si le monde est agité et que nous nous agitons avec lui, c’est que, par manque de connaissance, nous ne distinguons pas le superficiel de l’important. Pourtant, nous désirons une connaissance qui soit vie ! C’est ce que les disciples détectent dans le Christ. Le Christ détient la connaissance, car Il est la connaissance vécue dans la chair. Il ne répète pas les mots des autres, mais Il est la Lumière qui porte la Création. La Vérité vécue irradie… les disciples le sentent bien : « nous croyons que tu es sorti de Dieu. » Les disciples n’ont plus besoin d’images, ni de paraboles qui font entrer le spirituel dans le concret. Le Christ parle « ouvertement et non plus en images ». Il se place devant Ses disciples comme la Vérité, le spirituel unit au concret.

Mais, la violence se hérisse contre la Vérité : « l’heure vient ». Jésus s’élance à la rencontre des fictions et des passions qui les portent. C’est l’heure de la Passion. Pour les disciples comme pour nous, l’heure de vérité passe par le corps dans une vérification qui est un combat spirituel. L’arrestation de Jésus sera pour les disciples une épreuve. Ils seront passés au « crible » comme le blé est battu pour être séparé de sa coque (Lc 22,31). Le Christ détient la connaissance à laquelle on n’accède qu’en se dissociant des apparences. Invitant à la conversion, Jean Baptiste annonçait le travail de la connaissance vécue dans le Christ qui vient pour nettoyer le monde. Par Son oeuvre de connaissance, le Christ libère le grain appelé à la vie de la fine couche de paille qui l’enveloppe. Le Christ est un ouvrier de la vérité : « La pelle à vanner dans sa main, il purifiera bien son aire, rassemblera son blé dans le grenier. La bale, il la brûlera au feu jamais éteint ! » (Mt 3,12). Le Christ protège ce qui germe de vie en le séparant de la fine pellicule qui aveugle les yeux. Le vanneur accomplit cette dissociation salutaire grâce au vent qu’il produit par son geste. Par le mouvement qu’il donne à l’air, le vanneur fait voleter la paille et recueille le grain.

Le vent du vanneur, c’est le Souffle de l’Esprit donné à la Pentecôte. Celui qui passe par la connaissance du Christ grandit devient un adulte solide : « Ainsi nous ne serons plus de petits enfants, ballotés et emportés par tout vent de doctrine, par la ruse des hommes et leur habileté dans les manœuvres d’égarement. Mais, en disant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tout point de vue vers celui qui est la tête, Christ. » (Eph. 4,14-15).

Vincent REIFFSTECK.   vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

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