Méditation quotidienne du lundi 20 novembre : « Que la lumière soit ! » (No 78 – série 2023-2024)

Image par beate bachmann de Pixabay

Évangile du Lundi 20 novembre – 33e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Seigneur, que je retrouve la vue » Lc 18, 35-43

Alors que Jésus approchait de Jéricho, un aveugle mendiait, assis au bord de la route. Entendant la foule passer devant lui, il s’informa de ce qu’il y avait. On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait. Il s’écria : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! » Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, que je retrouve la vue. » Et Jésus lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. » À l’instant même, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa une louange à Dieu.

Méditation

   Notre vision scientifique mesure l’univers. Sa puissance prodigieuse qui, chaque jour va s’élargissant, ne parvient pas à cacher un point « aveugle » de plus en plus obscur. Comme une pierre lancée dans l’eau, l’onde de notre savoir objectif se répand à la surface de toute chose, mais nul ne parvient à dissimuler qu’au milieu, un trou s’est fait, qui a déchiré la surface de l’eau, par lequel la pierre est tombée au fond dans la boue. « La Création a-t-elle un sens ? » Quand nous posons cette question, une « foule » passe devant nous pour « faire taire » notre recherche. Notre humanité se sent perdue dans la Création comme si elle était dans une maison étrangère. « C’est scientifique. Il n’y a rien à voir au-delà », dit-on. Mais, notre monde a-t-il un sens ? Face à cette question, l’humanité est un « aveugle assis au bord de la route ». Notre descente angoissée s’effondre, comme la ville de « Jéricho », en dessous du niveau de la mer. Une science fondée sur l’exclusion du sens se perd dans notre monde comme dans les couloirs interminables d’un laboratoire. Dans la détresse de notre vie, cette science n’a rien à nous dire. Cette méthode scientifique, puissante en son genre, est finalement aveugle aux questions les plus urgentes de notre vie.

   Pourtant, une lumière en nous refuse de s’éteindre ! Comme l’aveugle de Jéricho, dans ce monde froid et nu, nous crions « de plus belle ». L’aveugle s’informe : « On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait. » Poussé par l’Esprit, il ne se limite pas à une personne singulière née à Nazareth. Sa recherche progresse, il interpelle désormais le Messie, « Fils de David ». Après le dialogue avec la Parole de Dieu faite homme, sa demande évolue. Il désire la lumière : « Seigneur, que je retrouve la vue. » Dès lors, cet aveugle dialogue avec la « Lumière née de la lumière ». En effet, « Jésus le Nazaréen » qui s’est manifesté dans l’histoire humaine est le « Seigneur », deuxième personne de la Trinité dont la divinité se révèlera dans la Résurrection. Le Christ n’est pas un personnage figé dans une histoire ancienne. Sa divinité n’est pas une prison qui empêcherait le Christ d’accomplir l’œuvre du Père dans le monde.

   Ce Jésus, humain et divin, respire aux dimensions du cosmos : « c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, (…) tout a été créé par lui et pour lui.» (Col 1, 16). C’est dans le Verbe de Dieu (Jn 1,3) que la Création bourgeonne. Il est le principe qui porte les êtres, Sa lumière éclaire notre monde. L’ordre que le Créateur prononça au commencement « Que la lumière soit ! » (Gn 1,3) et que Jésus dit pour guérir l’aveugle de Jéricho, le Christ cosmique l’articule, devant nous à chaque seconde, lorsqu’Il tient le cosmos dans Sa Sagesse. « Dieu vit que la lumière était bonne » (Gn 1,4) saupoudre les étoiles dont la poussière fait notre chair. « Et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1,10) imprègne le poil des chiens. Dès lors, la gloire de l’homme ne réside pas dans l’indépendance dérisoire d’un bambin capricieux qui se rêve en dictateur tout-puissant, mais dans le fait que la Création ouvre l’homme à une Sagesse supérieure. Oui, le monde s’explique par une raison scientifique, mais plus profondément, notre cosmos est ordonné par une Sagesse. Le scientifique le plus grand se sent admis à une école plus vaste…

   Le Christ est Lumière du monde. Entre le cosmos et le Christ, la Lumière coud une Alliance : « À l’instant même, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. » Notre tâche de Fils de la Lumière commence. Le Christ n’est pas un personnage statique, enfermé dans le passé. Chacun a sa place dans l’édification du corps du Christ qui reçoit en Lui l’univers. L’Esprit est ce Dieu qui va, au plus loin de Dieu, parcourant les périphéries du monde, rechercher le fils prodigue pour l’intégrer au corps du Christ et l’offrir au Père. Dans notre monde, l’Esprit veille pour « que se construise le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude. » (Ep 4,12-13) Le Christ grandit dans l’accomplissement du monde et le monde s’accomplit dans le Christ. Le Christ remplit l’univers et l’univers remplit le Christ (Ep 1,13). Ce va-et-vient amoureux fait notre gloire. Dans cet enrichissement mutuel, s’opèrent des noces. La naissance de Jésus sur la terre est la première étape d’une entrée de la Création dans le Christ. Notre cosmos renoue avec sa Lumière dans cet immense corps divin qui récapitule tout.

Le Christ est ce filet qui maille le monde, ce fil qui passe en toute chose. Le texte de cette Parole : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime » (Is 43,4) enveloppe comme un textile ce qui existe. Cette Sagesse palpable repêche les hommes qui se noient : Mme Angèle qui renouait mes lacets et qui cuisait des crêpes trop épaisses avec un amour qu’il faisait bon mâcher ; la splendeur du soleil qui se lève comme un fiancé pour parcourir le monde à la recherche de celle qu’il aime ; les versets de la Genèse où nous reposons comme dans un hamac aux jours de malheur. 

Vincent REIFFSTECK.     vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

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