Entendre l’appel dans le tumulte de la foule – Méditation du lundi 18 novembre 2024

No 71 – série 2024-2025

Évangile du lundi 18 novembre 33e semaine du Temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Seigneur, que je retrouve la vue » (Lc 18, 35-43)

Alors que Jésus approchait de Jéricho, un aveugle mendiait, assis au bord de la route. Entendant la foule passer devant lui, il s’informa de ce qu’il y avait. On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait. Il s’écria : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! » Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, que je retrouve la vue. » Et Jésus lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. » À l’instant même, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa une louange à Dieu.

Méditation – Entendre l’appel dans le tumulte de la foule

La présence d’un mendiant, silencieux, au bord de notre chemin, peut déjà nous mettre mal à l’aise… Si celui-ci se met à nous interpeler, plus encore à crier, nous pouvons avoir envie de changer de route ! Dans le récit de ce jour, ce n’est pas une personne seule, mais toute une foule qui à présent suit Jésus. De plus, la route qui conduit vers Jérusalem est unique ;il n’est pas possible d’esquiver la rencontre. Gardons-nous de juger trop rapidement ceux qui cherchent à faire taire ce mendiant aveugle qui interpelle Jésus…

La marche vers Jérusalem est empreinte d’une grande espérance de voir se concrétiser le Royaume que Jésus ne cesse de proclamer, et pour autant le climat est conflictuel, lourd des annonces de la Passion. Ce n’est donc pas le moment de s’arrêter en chemin : la foule est là, un peu impatiente, après avoir vu tant de signes…

C’est pourtant à celui qui ne voit pas qu’il est donné de percevoir avec le cœur. « On ne voit bien qu’avec le cœur », dira Antoine de St Exupéry. Il voit si bien, cet aveugle, que son cri (sa prière) va être relayé dans la suite des temps par la pratique de la « Prière du cœur » qui joint la parole et le souffle en une prière continue : « Seigneur Jésus, Fils du Dieu vivant, aie pitié de moi pécheur ».

Que lui donnera donc de plus de retrouver la vue de ses yeux de chair, à lui qui a compris que le Fils de David pouvait le sauver ? Aveugle, il se tenait au bord de la route, voué à l’immobilité. Guéri : « il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu ». N’est-ce pas l’appel que chacun de nous reçoit au jour de son baptême, entrant dans une vie qui est une « sequela Christi » pour la gloire de Dieu et le salut du monde ? Le cri d’appel devient action de grâce.

Le bruit de la foule qui marchait a été pour l’aveugle le signe du passage de Jésus ; cette même foule a conduit ce mendiant jusqu’à Jésus. Nous qui sommes le peuple de Dieu en marche au sein de son Eglise, pouvons-nous être des médiateurs pour une rencontre entre ceux qui croisent notre route et le Fils de David ? N’est-ce pas dans l’ADN de notre être ecclésial de favoriser une telle rencontre avec ceux qui traversent les difficultés de la vie ?

Plus profondément encore, puis je me laisser enseigner par le mendiant aveugle, et m’autoriser à exprimer le cri de mon être blessé, au risque d’importuner mon entourage ? Ma vie n’est-elle pas encore aujourd’hui traversée d’obscurité et de doutes ? Suis-je capable de le percevoir, de les nommer ? Oserai-je la confiance en ceux qui font route avec Jésus pour qu’ils me guident vers lui ? Ma foi peut-elle alors s’aviver jusqu’à susciter le cri du cœur qui me conduira au salut ? « Fils de David, prends pitié de moi ».

Sr Marie-Emmanuel Raffenel, OP – raffenel@gmail.com




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