No 8 – série 2024-2025
Évangile du Lundi 16 septembre – 24e semaine du Temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi ! » Lc 7, 1-10
En ce temps-là, lorsque Jésus eut achevé de faire entendre au peuple toutes ses paroles, il entra dans Capharnaüm. Il y avait un centurion dont un esclave était malade et sur le point de mourir ; or le centurion tenait beaucoup à lui. Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya des notables juifs pour lui demander de venir sauver son esclave. Arrivés près de Jésus, ceux-ci le suppliaient instamment : « Il mérite que tu lui accordes cela. Il aime notre nation : c’est lui qui nous a construit la synagogue. » Jésus était en route avec eux, et déjà il n’était plus loin de la maison, quand le centurion envoya des amis lui dire : « Seigneur, ne prends pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. C’est pourquoi je ne me suis pas autorisé, moi-même, à venir te trouver. Mais dis une parole, et que mon serviteur soit guéri ! Moi, je suis quelqu’un de subordonné à une autorité, mais j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient ; et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. » Entendant cela, Jésus fut en admiration devant lui. Il se retourna et dit à la foule qui le suivait : « Je vous le déclare, même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi ! » Revenus à la maison, les envoyés trouvèrent l’esclave en bonne santé.
Méditation
Bonjour à chacun ! Dans la chaleur encore humide de cette fin d’été en Corée, je reprends contact avec vous à travers cette méditation. Septembre, mois de la rentrée pour beaucoup (même si en Asie elle a lieu au printemps) ! La rentrée … me parle de reprise, de mouvement.
C’est précisément ce qui m’a frappée dans le passage d’Evangile d’aujourd’hui : le mouvement de vie qui en émane. Il y a en effet de nombreux verbes de mouvement (certains se répètent même) ! Entrer, envoyer, venir, arriver, être en route, aller, se retourner, suivre, revenir, tous dynamisent le récit de st Luc. Mais il y a surtout un mouvement intérieur – de loin le plus important – celui qui se passe dans le cœur des personnes ! Le mouvement de vie, le mouvement de guérison, n’atteint pas seulement l’esclave du centurion – « Revenus à la maison, les envoyés trouvèrent l’esclave en bonne santé. » -, il traverse aussi le cœur de son maître et celui de Jésus lui-même !
S’arrête-t-il là, dans cette page de l’Evangile ? Ce mouvement de vie ne désire-t-il pas nous rejoindre nous aussi en ce lundi matin ? « Dis une parole et je serai guéri ». Ces mots que nous connaissons par cœur et que la liturgie de l’eucharistie a repris dans toutes les langues du monde, nous la devons au centurion de Capharnaüm ! Il avait cru, lui, le soldat romain, en la force de vie et de salut de la parole de Jésus. C’est d’ailleurs pour cette raison que Jésus est en admiration devant lui ! Il se retourna et dit à la foule qui le suivait : « Je vous le déclare, même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi ! » Qu’elle est belle cette admiration de Dieu, en Jésus, devant la noblesse d’un tel cœur humain ! Dieu qui se laisse toucher par la foi de sa créature. Ne s’émerveillera-t-il pas devant mon cœur en attente de sa Parole ce matin ?
Mais revenons à ce qui s’est passé ce jour-là à Capharnaüm. Le mouvement de vie qui traverse toute la scène se tisse entre Jésus, le centurion et son esclave malade. Or, le centurion et Jésus ne vont même pas se rencontrer face à face ! Tout se fait à travers des intermédiaires ! Les notables juifs que le centurion envoie d’abord vers Jésus, puis ensuite des amis. Et même avant cela, il y a quelque chose d’essentiel dans ce mouvement: la p(P)arole transmise. C’est parce que le centurion avait « entendu parler de Jésus » – nous dit l’Evangile – qu’il décide d’envoyer des gens « pour lui demander de venir sauver son esclave ». La parole transmise, le récit d’autres personnes touchées par la grâce de Dieu, par sa visite dans leurs vies, voilà ce qui met tout en mouvement ! Ou plutôt, voilà le mouvement lui-même !
La Parole est une parole vivante et efficace (cf. Héb. 4,12). « La parole a en soi un potentiel que nous ne pouvons pas prévoir – nous rappelle le Pape François1-. L’Évangile parle d’une semence qui, une fois semée, croît d’elle-même, y compris quand l’agriculteur dort (cf. Mc 4, 26-29). » C’est déjà ce que prophétisait Isaïe (Is. 55,10-11) : « De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu et réalisé l’objet de sa mission. »
A l’aube de cette rentrée, du retour au quotidien d’une année scolaire, pastorale ou professionnelle, n’est-ce pas une belle espérance ? Croire que notre Dieu, par sa Parole, est et sera « en sortie » à chaque instant. Ce qu’Il désire nous dire à chacun personnellement, ce qu’Il aimerait tant guérir et relever, orienter dans nos vies, « cela », cette « parole qui sort de (s)a bouche » ne reviendra pas « sans effet, sans avoir accompli ce qu’(Il veut) et réalisé l’objet de sa mission. » Laissons-nous entraîner dans son mouvement ! Laissons-nous rejoindre comme le fit le centurion, même si nous ne nous sentons pas prêts, pas dignes peut-être … « Seigneur, ne prends pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. C’est pourquoi je ne me suis pas autorisé, moi-même, à venir te trouver. Mais dis une parole, et que mon serviteur soit guéri ! » Ce matin, Seigneur, dis- moi une seule parole et je vivrai. Une seule parole et mon cœur sera illuminé. Une seule parole et je serai guéri.
Même si durant ce nouveau semestre nous aurons parfois l’impression de ne pas rencontrer Dieu, de ne pas le voir, rappelons-nous la scène de Capharnaüm. Le centurion et Jésus ne se sont pas vus, ils ne se sont pas touchés et pourtant, ô combien ils se sont rencontrés, cœur à cœur ! Le mouvement de vie – celui de l’Esprit par la Parole – a réalisé l’objet de sa mission ! En nous aussi, dans notre désir le plus profond, dans notre humble attente, Il viendra ! « L’Église doit accepter cette liberté insaisissable de la Parole, qui est efficace à sa manière, et sous des formes très diverses, telles qu’en nous échappant elle dépasse souvent nos prévisions et bouleverse nos schémas. » Puissent ces mots du Pape François (suite du num. 22 de « La joie de l’Evangile » cité précédemment) résonner dans notre cœur « en rentrée », « en mouvement » ! Peut-être que notre récit de ce que la Parole de Jésus fait en nous pourra rejoindre à son tour d’autres « centurions » qui attendent … Le mouvement de la vie ne s’arrête jamais !
Laurence Vasseur – vasseurlaurence@hotmail.com
1La joie de l’Evangile, 22
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