Méditation quotidienne du lundi 15 mai : Un Défenseur protège notre filiation (No 237 – série 2022 – 2023)

Image par Anja de Pixabay

Évangile du Lundi 15 mai 2023 – 6e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« L’Esprit de vérité rendra témoignage en ma faveur » Jn 15, 26 – 16, 4a

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous parle ainsi, pour que vous ne soyez pas scandalisés. On vous exclura des assemblées. Bien plus, l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront qu’ils rendent un culte à Dieu. Ils feront cela, parce qu’ils n’ont connu ni le Père ni moi. Eh bien, voici pourquoi je vous dis cela : quand l’heure sera venue, vous vous souviendrez que je vous l’avais dit. »

Méditation

Des deuils bleuissent notre âme. Des chagrins scandalisent et nous trébuchons. Sous cette pluie glaciale, la foi tremble. Alors, le désespoir et le sentiment de l’absurde nous menacent pour soupçonner la bonté du Créateur. Face à une existence dure, nous mendions les consolations du monde comme des orphelins. Mais, cette aide, qui ne consistent qu’à se divertir, n’aide pas. En serrant les dents, on fait comme si… au lieu de vivre sa souffrance. On guette une compensation. On poursuit le substitut qui produira magiquement cet équivalent en bonheur qui nous remboursera de notre peine. Dans la détresse, un culte moderne se met en place. Les centres commerciaux sont les temples où se vit cette transaction illusoire : on achète ce qui nous permettra d’oublier ce que nous sommes. Mais, ces solutions, qui ne sont pas à la hauteur du mal subi, ne soignent pas. Elles ne compensent rien, ne remplacent rien. Le trou creusé par la douleur ne se referme pas. C’est pourquoi, beaucoup de nos contemporains méprisent le mot de « consolation », ou le beau titre de « Consolateur » que la tradition donne à l’Esprit-Saint.    

Pourtant, nous sommes des Fils et nous ne sommes pas perdus. Jésus envoie l’Esprit-Saint sous le nom du Défenseur : Il s’agit du « paraklètos ». Certaines traductions conservent ce mot grec sous le vocable de « Paraclet ». Le verbe grec « para-kaléo » signifie être appelé pour passer un obstacle, être soutenu par un appel. Ce verbe se traduit de plusieurs manières en français. Il désigne le fait de consoler pour traverser une peine, d’aider à surmonter une exigence, d’encourager face à une difficulté. Le traducteur s’adapte au contexte. Cette diversité de traduction n’est pas étrange, puisque l’Esprit-Saint lui-même module son aide selon les circonstances. L’Esprit-Saint agit par la consolation auprès d’une mère qui berce un enfant malade. Il dispense l’encouragement avec ce père qui stimule son enfant devant un devoir à assumer.

Face aux épreuves qui jalonnent la vie, Jésus prépare ses disciples. On rêverait d’une vie spirituelle éthérée… Mais, le Christ ne nous invite jamais à l’évasion. Car, un voyage au pays imaginaire sera toujours moins riche que le réel ! L’Esprit-Saint ne défait jamais l’oeuvre de l’Incarnation. Bien-sûr, nul n’échappe aux cahots de la vie. C’est pourquoi, Jésus parle du plus douloureux : rencontrer au sein de sa communauté les persécutions. Jésus met en garde les croyants contre les perversions qui retournent la tête : Il évoque l’usage du culte rendu à Dieu qui sera invoqué pour justifier les violences. On souillera le vocabulaire le plus saint pour satisfaire des passions. Que les exemples sont nombreux !

Mais, face à ces dangers, le Christ promet un soutien actif et l’inventivité de l’Esprit-Saint surprend toujours ! Il témoigne qu’en dessous des blessures, un amour originel aspire à éclore. En dessous des impasses, une espérance perce les pesanteurs. Le Christ envoie son Esprit au secours des hommes. C’est dans le tumulte de cette vie que notre « Défenseur » se montre « un secours dans la détresse toujours offert » (Ps 45).

L’esprit orphelin de Père reste infantile. Tout lui est à charge. Sans Père, le monde est pour lui un désert. En guerre contre lui-même, il bute contre tout. Mais, l’esprit filial, vivifié par le Défenseur, considère les obstacles comme des occasions de se connaître et de découvrir le Père. Ce que l’on appelle la « réalité » n’est jamais une chose pré-fabriquée qui n’attendrait que notre soumission. La réalité, sauvée par le Fils, n’est pas déjà toute-faite. Vivre dans un monde dans lequel, nous avons un Défenseur change les choses. Sous le regard du Père, la réalité n’est pas enfermée dans une fatalité. Au contraire, dans l’Esprit, la réalité bouge et prend forme sous notre regard. L’« œil sain » (Mt 6,22) soupèse le monde. Dans le combat de la vie, le disciple « bien formé » (Lc 6,40) découvre l’Esprit à ses côtés. Le croyant réalise cette réalité par un mouvement qui embrasse les objets sur le chemin et les personnes qui cheminent. Cette réalité vivante ne se découvre que dans une lutte contre ce qui, en soi et autour de soi, rétrécit la vie. L’action du Défenseur réveille ce qui ne vit pas. Ce mouvement dans notre vie, c’est la Sainte-Trinité en acte. Ce n’est pas une théorie abstraite sur Dieu, mais une croissance de la vie. Le Défenseur fait de nous des Fils en nous rappelant notre origine vivifiante dans le Père. Dans ce combat quotidien, qui fait de nous des Fils, le Défenseur révèle Son action. Le vent, nul ne l’attrape dans ses mains. L’arbre par son frémissement rend sonore le vent invisible. De même, les frottements de la lutte rendent sensible l’énergie de l’Esprit.

Vincent REIFFSTECK.    vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

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