Méditation quotidienne du lundi 13 mars : Sur son chemin, libre de vivre (No 176 – série 2022 – 2023)

Image par brittywing de Pixabay

Évangile du Lundi 13 mars 2023 – 3e semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

Jésus, comme Élie et Élisée, n’est pas envoyé qu’aux seuls Juifs Lc 4, 24-30

Dans la synagogue de Nazareth, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »
À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

Méditation

Jésus inaugure Sa mission en accomplissant la prophétie d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi » (Lc 4,18). Dans la synagogue de Nazareth, la parole prophétique de Jésus n’est pas accueillie. Pourtant, cette parole dit que le Seigneur est Dieu et que l’homme est à Son image. On imagine l’auditoire, des chefs assis dans leur pouvoir. Dans leurs vêtements de piété, ils jouissent de leur supériorité. On voit aussi le peuple fier de sa lignée qui remonte à Abraham. Tous rangent la parole prophétique sur l’étagère du passé qu’il faut respecter sans l’utiliser.

En guise d’avertissement, Jésus leur rappelle l’histoire du prophète Élie. Revenons sur cette histoire pour en saisir la portée. Le roi d’Israël, Akhab, épousa l’étrangère Jézabel, fille du « roi des Sidoniens » (1 R 16, 31), qui introduisit le culte des Baals. Est-ce si grave de vouer un culte aux Baals ? Qu’est-ce que cela signifie ? L’idolâtrie consiste à projeter devant soi ses forces et ses peurs pour s’agenouiller devant notre moi blessé. Le culte est censé nous rassurer, car nous croyons que nous maîtrisons notre vie comme nous manipulons l’idole… Nous nous croyons forts, alors que nous mutilons notre filiation divine ! De qui dépend notre vie ?  Il faut répondre : un choix de vie se présente à nous.

Jézabel représente l’humanité apeurée qui se fie à ses forces. La reine monte dans son angoisse et s’enferme dans une illusion de contrôle. Elle voit surgir, devant elle, tout ce qu’elle redoute : cette part d’ombre qui l’effraye… se lève sous ses yeux… Elle sent la sueur  glacée de la peur. Les chiens de la jalousie… le vertige du pouvoir… Jézabel, pourquoi as-tu refusé de les voir ? La reine idolâtre se prosterne devant la mutilation de son être divin en espérant que — par magie — son ombre redoutée deviendra son alliée. Mais, la mort la rejoint. Parée comme au temps de sa gloire (2 R 9,30), Jézabel apparaît à la fenêtre du palais. Elle sera jetée à terre comme une idole déchue (v.33) et finira dévorée par des chiens (2 R, 9,10).

Notre part d’ombre nous terrifie… parce que nous n’osons pas la vivre. Nous ne vivons pas notre vie, nous l’imaginons… Dans le mensonge de l’idole, nous restons au seuil de notre vie, alors que l’Esprit nous invite à affronter notre réalité. « Le Seigneur est mon berger » (Ps 22). Suis-je capable, avec Lui, de descendre dans mes ravins d’ombre et de mort ? L’Esprit parle par les prophètes. Mais, comme dans la synagogue de Nazareth, nous rejetons leur souffle.

Alors que Jézabel se vouait aux Baals, l’Esprit de Dieu initiait déjà Sa réponse… Dieu envoya le prophète Élie se réfugier à Sarepta, dans le pays de Sidon (1 R 17,8), c’est-à-dire que l’Esprit demanda au prophète de rejoindre le pays d’origine de Jézabel. Dieu envoya la parole prophétique dans le pays de la reine comme pour l’inviter à habiter sa vie. Élie, qui ne parlait plus en Israël, trouva refuge chez une pauvre veuve qui ne possédait qu’un peu de farine et d’huile avant de s’étendre pour attendre la mort. Cette païenne lui permit de déployer sa puissance prophétique. Accablée d’épreuves, la veuve de Sarepta ne savait pas que Dieu gardait un œil sur elle. De même, Jézabel n’imaginait pas que le prophète foulait ce territoire gouverné par son père. Dans nos idoles mortes, l’Esprit de Dieu apporte la vie ! Il ne manque que notre accueil. Jézabel, pourquoi n’as-tu pas visité ta part d’ombre ? Crispée sur ta peur, pourquoi as-tu refusé la parole prophétique ?   

Au lieu d’accaparer toutes choses dans la consommation, retrouvons cette antique voie du jeûne qui simplifie le corps et l’âme dans la sobriété pour permettre à l’esprit de poursuivre sa route en toute légèreté. Au lieu d’enfermer la vie dans nos idées comme la reine Jézabel, avançons dans le pays de la faim comme le prophète Élie. C’est le pays du désir. Nous pouvons jeûner de nos prétentions à tout diriger. Alors, comme la pauvre veuve donnée en exemple par Jésus, nous offrirons à la parole prophétique l’espace d’une attente, un cœur vide de prétentions, un désir disponible à la liberté. Au lieu de tout resserrer dans notre poing, nous nous laisserons embrasser par la vie. Nos voiles —enfin vides— se laisseront emporter par le Souffle. Grâce à l’Esprit, nous accueillerons le vent des prophètes dans notre histoire, dans notre terre, dans notre pays.  

Vincent REIFFSTECK.  vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.