No 113 – série 2024-2025
Évangile du lundi 13 janvier – 1ère Semaine du Temps Ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 14-20)
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.
Méditation – L’appel dans sa diversité
Le récit de l’appel des premiers disciples diffère suivant l’Evangile qui nous le relate. Cela peut nous déconcerter : où est la vérité des faits ? Est-ce Jésus qui a appelé spécifiquement Simon et André, ainsi que Jacques et Jean, parmi les pécheurs au milieu desquels ils travaillaient ? C’est la version de Marc et Mathieu. Est-ce Jean le Baptiste qui leur a indiqué l’Agneau de Dieu qu’ils ont commencé à suivre comme à l’insu de Jésus lui-même, ainsi que le raconte l’évangile selon St Jean ?
Ces textes sont écrits largement après la mort et la résurrection de Jésus, l’évangile de Jean étant le texte le plus tardif. Personne n’avait appelé la presse, et il n’est pas sûr que Mathieu ait réellement vécu ses trois années de compagnonnage auprès de Jésus rivé à ses tablettes pour immortaliser ses paroles, comme la série « The Chosen » nous le présente. Chacun a donc écrit en s’appuyant sur ce qui lui semblait primordial, sur ce qui a construit sa propre expérience. L’objectivité des faits nous échappe donc avec deux versions tellement différentes : elles nous obligent à rechercher le sens profond perçu sous deux angles complémentaires, comme nous y sommes invités chaque fois que nous sommes confrontés à des textes qui peuvent nous sembler contradictoires.
Dans le texte de Marc, le plus proche des faits, un refrain scande tout le début de son évangile : « aussitôt ». L’appel du Christ est présenté comme une urgence, faisant écho à l’annonce de la proximité du Royaume de Cieux, qui constitue sa première prédication. L’initiative revient à Jésus lui-même, et l’obéissance des futurs disciples est immédiate. Aucune place n’est laissée à l’hésitation, ni à la réflexion. Ce sera le modèle que suivront bien des chrétiens dans leur désir de « tout quitter » dans leur suite du Christ.
N’oublions pas cependant la version de Jean relatant ce même appel de Simon et André[i] :
« Jean se trouvait là avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. » (Jn, 1, 35-42)
Dans ce récit, la parole de Jésus n’est pas première, Simon et André sont disciples de Jean-Baptiste lorsqu’ils voient Jésus, et ils ont suivi le conseil du prophète qui les a déjà plongés dans un baptême d’eau dans le Jourdain. Pour nombre d’entre nous, les appels de Dieu s’incarnent dans des personnes que nous côtoyons, et qui vont nous conduire vers le Christ. « De bien des manières, dans les temps anciens, Dieu a parlé à nos pères » (Hb 1, 1) nous dit la première lecture de ce jour… Nous constatons que cette diversité se manifeste également au temps du Christ, et cela doit m’inviter à prêter attention à la manière toute particulière et unique dont Dieu se manifeste à moi aujourd’hui.
Sr Marie-Emmanuel Raffenel, OP – raffenel@gmail.com
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