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L’authenticité de la rencontre – Méditation du lundi 10 mars 2025

No 169 – série 2024-2025

Évangile du lundi 10 mars 1re semaine de Carême

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 31-46)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

Méditation – L’authenticité de la rencontre

Une anecdote édifiante sur St Vincent de Paul nous montre celui-ci interpelant une sœur en train de balayer un couloir. Elle provenait de la haute société, et avait tout quitté pour se mettre généreusement au service des pauvres dans l’hospice ouvert par celui-ci. « Ma Sœur, lui dit-il, vous faites cela par amour de Dieu n’est-ce pas ? » « Oh oui ! » lui est-il répondu dans un grand élan du cœur. « Eh bien ma Sœur, faites-le aussi pour que le couloir soit propre ! » Le pragmatisme de St Vincent de Paul vient nous préserver d’une dévotion qui nous ferait voir Dieu en tout… en nous laissant oublier le « tout » ! A fortiori lorsque ce « tout »… sont des personnes !

Il n’est pas reproché ici aux « maudits » de ne pas avoir reconnu Dieu en ceux qui étaient dans le besoin, mais simplement de ne pas les avoir vus… Comme le prêtre et le lévite de la parabole du Bon Samaritain[1]: leur vie pourtant consacrée à Dieu, leur service au sein de la communauté religieuse ne leur permettaient pas de s’arrêter pour rencontrer l’homme blessé sur la route de Jéricho. Ils étaient en règle… et pourtant ils vont s’entendre dire : « c’est à moi que vous ne l’avez pas fait »…

Le vrai amour de Dieu ne se limite pas en une action faite en son nom : argent ou temps donnés… Si ce partage n’est pas d’abord rencontre de l’autre, et réponse à cet élan du cœur venu du profond des entrailles (ainsi se définit la « miséricorde »), suis-je emportée par l’amour de Dieu, ou suis-je en train de me regarder agir, « cochant » les bonnes cases de ce qu’il convient que je fasse « par amour de Dieu » ? Si je donne à manger à celui qui mendie au coin de ma rue, sans que mon cœur soit touché par mon frère, le risque est grand d’un acte visant plus à me donner bonne conscience qu’à répondre aux besoins de la personne. La clé de lecture – et de vie – me semble bien résider dans l’authenticité de la rencontre et l’ouverture du cœur à cet inattendu auquel Dieu me convoque alors. Oui, le souffle de l’Esprit peut alors m’entraîner bien au-delà de ce que j’aurais pu imaginer !

En avez-vous fait l’expérience ? En des moments bien fugaces, je me suis rendue compte après coup que « mon cœur n’était-il pas brûlant[2] » car Il était présent en celui ou celle que j’avais eu la chance de rencontrer. Brûlure déjà marquée par l’absence, car ces instants qui remettent en chemin ne sont pas marqués du sceau de l’accomplissement, mais d’un désir avivé. La tentation pourrait être de planter 3 tentes, comme les apôtres au moment de la Transfiguration[3]. Je suis pourtant bien incapable de vivre en permanence dans cette conscience de la présence de Dieu au point de me laisser entraîner au-delà de moi-même… Ces petits éclairs qui déchirent ma nuit viennent comme des signes avant-coureurs de la réalité qui nous attend, prémisses du Royaume qui nous est promis.

Sr Marie-Emmanuel Raffenel, OP – raffenel@gmail.com


[1] Luc 10, 25-37

[2] Luc 24, 32

[3] Mc 9, 5-6




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