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Vouloir mourir en Dieu – Méditation du lundi 10 février 2025

No 141 – série 2024-2025

Évangile du lundi 10 février 5e semaine du temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Tous ceux qui touchèrent la frange de son manteau étaient sauvés » (Mc 6, 53-56)

En ce temps-là, après la traversée, abordant à Génésareth Jésus et ses disciples accostèrent. Ils sortirent de la barque, et aussitôt les gens reconnurent Jésus : ils parcoururent toute la région, et se mirent à apporter les malades sur des brancards là où l’on apprenait que Jésus se trouvait. Et dans tous les endroits où il se rendait, dans les villages, les villes ou les campagnes, on déposait les infirmes sur les places. Ils le suppliaient de leur laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau. Et tous ceux qui la touchèrent étaient sauvés.

Méditation – Vouloir mourir en Dieu

La frange du manteau… Nous la retrouvons 4 fois dans les évangiles, deux récits parallèles de ce moment où les foules viennent à Jésus (Mt 9, 20 et Mc 6,56), et dans l’épisode de la femme hémoroïsse (Mt 9, 20 et Lc 8, 44). Que veut dire cet attrait pour la frange du manteau ? Prescrit par le livre du Deutéronome (Dt 22,12), le tsitsit, ce cordon au bas du vêtement, faisait partie de l’habit des juifs. Dans une torsade constituée de bleu et de blanc, il évoque le trône de Dieu dans le ciel, intimement lié aux désirs de notre cœur et de nos yeux.

Il n’est pas question ici d’un grigri, d’une superstition qui procurerait la guérison. D’ailleurs le texte nous dit : « tous ceux qui la touchèrent étaient sauvés ». Il s’agit de salut, et non de guérison.

Je ne peux m’empêcher de relire deux rencontres vécues hier à l’aune de cet évangile. Un détenu me demandait depuis plusieurs semaines une statue de Marie. Nous n’avions pas beaucoup échangé, il me semblait dans l’exigence, et je n’aime pas que l’on prenne les aumôniers pour des distributeurs d’objets de piété. Après un temps de recherche cependant, une petite vierge africaine en bois m’a été remise par une sœur : je la lui ai apportée avec une certaine crainte de le décevoir : une Notre Dame de Lourdes en plâtre me semblait mieux lui correspondre… Mais je l’ai vu changer de visage : il était visiblement touché au cœur. Il m’a parlé de son vécu en Afrique, dans la Légion étrangère, et de fil en aiguille, m’a raconté toute sa vie douloureuse. Puis il a demandé à se confesser, disant éprouver du regret pour certaines des choses qu’il avait faites. Enfin, au moment de me quitter, il m’a signalé que son codétenu souhaitait avoir un chapelet. Je suis allée le porter, alors même que cet homme n’avait pas manifesté le souhait d’un contact avec l’aumônerie catholique. Et j’ai vécu là une des rencontres les plus bouleversantes de ma vie, tant cet homme portait un océan de souffrances en lui, depuis sa plus petite enfance. Le chapelet à la main, c’étaient 47 ans de drames, de violence subie et donnée, qui remontaient dans les larmes. « Tout ça, c’est en moi et ça me brûle du dedans, je ne me confie pas facilement, je n’en avais jamais parlé… Est-ce que c’est encore possible d’être baptisé ? Je veux mourir en Dieu ».

La frange du manteau, hier, avait la forme d’une petite statuette et d’un chapelet…

Sr Marie-Emmanuel Raffenel, OP – raffenel@gmail.com




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