Évangile du Lundi 1 avril – Octave de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » Mt 28, 8-15
En ce temps-là, quand les femmes eurent entendu les paroles de l’ange, vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »
Tandis qu’elles étaient en chemin, quelques-uns des gardes allèrent en ville annoncer aux grands prêtres tout ce qui s’était passé. Ceux-ci, après s’être réunis avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme en disant : « Voici ce que vous direz : “Ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions.” Et si tout cela vient aux oreilles du gouverneur, nous lui expliquerons la chose, et nous vous éviterons tout ennui. » Les soldats prirent l’argent et suivirent les instructions. Et cette explication s’est propagée chez les Juifs jusqu’à aujourd’hui.
Méditation
Dans sa vie terrestre, Jésus a souvent bravé les interdictions pour rejoindre l’immense cohorte des gens qui n’entraient pas dans les grilles définies par la société. Mangeant avec les pécheurs, Il déclarait pures toutes les nourritures pour faire tomber les interdictions alimentaires qui empêchaient la rencontre du prochain autour d’une table. Il touchait les lépreux. Il parlait aux païens de la Décapole, de Tyr et de Sidon. Dans Sa Passion, Il a été identifié au péché (2 Co 5,21). Pendu au bois comme un maudit (Dt 21,23), Il nous a racheté de nos fautes (Gal 3,13).
Durant son ministère terrestre, Jésus était aidé par des femmes qui suivaient « pour le servir » (Lc 8,3 ; Mt 27,55) tout simplement. Elles n’espéraient aucune gratification de pouvoir, ni d’ambition ; elles ne se demandaient pas : « qui est le plus grand ? » (Mt 18,1). Elles n’ont pas désiré que la foudre détruise les villages hostiles (Lc 9,54). Jésus a osé parler à la Samaritaine, à la femme adultère, à la Cananéenne. Comme anticipation de Sa mort, Il a reçu de Marie de Béthanie l’onction d’un parfum malgré la réprobation des hommes. Goûtant Sa présence, ces femmes s’imprégnaient de l’esprit de l’évangile. Sans considérer le divin comme une proie à saisir, elles vivaient la chance d’une renaissance.
Dans le même mouvement de transgression des normes sociales, Jésus confie la première annonce de Sa Résurrection à des femmes. C’est sans doute d’abord parce que ces femmes l’ont accompagné pendant Sa Passion. Elles « ont défié le danger de se montrer aussi ouvertement en faveur d’un condamné à mort. Jésus avait dit : « Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi ! » (Lc 7,23). Ces femmes sont les seules à ne pas s’être scandalisées de lui. » (1) « Les femmes ont été les premières à le voir ressuscité, car elles avaient été les dernières à l’abandonner mort, et même après sa mort elles venaient apporter des aromates à son sépulcre (Mc 16,1). » (1) Connaissant le prix de la vie, dans leur corps qui parfois se déchire lorsqu’une vie fraye son chemin pour venir au jour, ces femmes ont poursuivi le soin de la chair du Sauveur jusque dans l’impossible de la détresse et de la mort.
Les rédacteurs masculins des évangiles ont eu le courage de ne pas dissimuler leur lâcheté. Ils ont aussi consigné fidèlement le rôle des femmes au risque de paraître ridicules tant ce témoignage était autant irrecevable que discrédité. « Le fait que les auteurs et les inspirateurs des évangiles y fassent piètre figure et qu’ils attribuent un rôle merveilleux aux femmes est l’un des signes les plus sûrs de l’honnêteté et de la vraisemblance historique des évangiles. Qui aurait permis que soit conservée de mémoire impérissable l’histoire honteuse de leur peur, de leur fuite, de leur reniement, aggravée encore par la confrontation avec la conduite si différente de quelques pauvres femmes ? Qui l’aurait permis, s’il n’y avait pas été conduit par la fidélité à une histoire qui semblait désormais infiniment plus grande que leur propre misère ? » (1)
Cette page d’évangile sur le premier matin de Pâques nous aide dans la réception du mystère de la Résurrection. « Les paroles de l’ange » rejoignent des femmes qui font partie du peuple des humbles que Dieu relève lorsqu’Il dépose les superbes. Nos difficultés à adhérer à cette parole est une difficulté à rejoindre notre faiblesse, notre vie diminuée qui hésite à croître vers la lumière. Grâce à ces « paroles de l’ange » entendues et reçues, les femmes sont conduites vers Jésus Lui-même : « Et voici que Jésus vint à leur rencontre (…). » Ces femmes accueillent la salutation de Jésus, puis Son encouragement : « Jésus leur dit : « Soyez sans crainte. » Et, c’est fortifiées dans une foi adulte qu’elles porteront témoignage auprès des apôtres. Ces femmes, qui assument les chocs du réel, ressemblent en cela à Marie, mère du Sauveur, qui engendre les croyants à une naissance nouvelle. Marie nous éduque à une « foi courageuse, endurante, qui affronte l’effondrement de toutes les images idolâtriques de Dieu que la Croix vient contredire et dénoncer. » (2)
Vincent REIFFSTECK vincent.reiffsteck@wanadoo.fr
- « Prédication du Vendredi Saint dans la Basilique Saint-Pierre », Vendredi Saint, 6 avril 2007, par le P. CANTALAMESSA.
- “Marie de Nazareth, la foi jusqu’au bout”, dans L’Osservatore Romano, 05 janvier 2017, par Anne-Marie PELLETIER.
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