Évangile du jeudi 9 mai – 6e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu » Jn 16, 15-20
En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »
Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Méditation
Dans une méditation passée, je m’étais questionné sur cette phrase : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous auriez dit au mûrier que voilà : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi ! » (Lc 17, 6). Car j’avais toujours lu que ma foi était trop petite et qu’elle devait grandir, et je me demandais si la caractéristique de la foi n’était pas, au contraire, d’être petite, traduisant alors une humilité qui en faisait sa grandeur.
Avec l’Évangile d’aujourd’hui, je suis reconduit à cette conclusion, cette fois, en lien avec ce mystère de présence et d’absence de Dieu dans nos vies : « Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; encore un peu de temps, et vous me reverrez ». Cette citation est reprise avec insistance par trois fois dans ce court texte, nous parlant d’« un peu » qui me ramène à la foi.
N’est-ce pas situation courante dans nos vies que cette danse de présence et d’absence de Dieu laquelle nous fait trébucher quand nous ressentons l’absence ? Combien de fois notre cœur se lamente quand Dieu nous apparaît lointain, comme s’il nous avait oubliés ? Mais, sur cette route vers la Pentecôte, Jésus veut nous apprendre à danser et que l’art de cette danse repose sur notre foi.
Dieu désire que nous comprenions que dans la présence et l’absence, Il est toujours présent, et même que son absence est plus riche encore de sa présence. De fait, dans le contexte du texte, il nous est facile d’appliquer cette phrase à la réalité de la Passion qui vient et de sa mort et descente aux enfers. L’absence de Dieu dans nos vies est un appel à entrer, avec Lui et pour Lui, dans sa Passion parce que, si l’absence est réelle, l’Amour y surabonde et seule la foi nous permet d’y tenir. Cette foi qui est grosse, donc minuscule, comme un grain de sénevé.
La foi ne peut être qu’une humilité priante, qu’une maison, un sanctuaire d’accueil pour ce Dieu qui entre dans nos ténèbres pour les éclairer. La foi nous révèle, en une expérience profondément intérieure, que Dieu est « allé loger chez un pécheur » (Lc 19, 7). La foi nous permet de le découvrir dans nos ténèbres et de retrouver, par, avec et en Lui, l’être étonnant que nous sommes et qui est demeuré, pour une bonne part, caché au creux du tombeau que nous avons érigé.
Si nous acceptons de l’Esprit de nous faire entrer dans l’humilité de la foi, alors l’Esprit même tisse entre présence et absence ce lien d’Amour où Dieu demeure. Plus encore, nous chérissons ces moments d’absence comme présence à Dieu. Il y a une sorte d’inversion où, de Gethsémani à la descente au tombeau, notre vie devient prière à son intention afin de l’oindre d’Amour. Nous veillons ! Et, dans cette veille, notre regard n’est plus sur nous mais sur Dieu, faisant que ce n’est plus notre bonheur que nous cherchons mais le sien.
Oh divine petite foi, qui oint les pieds de Dieu en vue de sa Passion, qui veille d’Amour au pied de la Croix et qui le cherche jusqu’au tombeau ! Divine petitesse de la foi, qui puise en le Fils dans l’Esprit à la foi du Père en ce Fils, Père qui « s’absente » pour le Fils en pur abandon d’Amour : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46).
Se tenir de foi dans l’abandon du Père envers le Fils, c’est se tenir au lieu même de la Source de l’Amour qui se retire face au Fils pour se partager par le Fils à toute l’humanité afin de la sauver d’elle-même. Dans l’absence, la petite foi est ainsi le lieu où nous consentons à cet abandon afin de participer au pain rompu de l’Amour du Père et du Fils; l’Esprit, Lui, se répandant au point de faille de cette fraction du pain.
Que l’Esprit nous aide à nous tenir dans l’humilité de la foi et, dans l’absence et l’abandon, laisser la Présence d’Amour déborder en pure gratuité pour les autres vers les autres. Chérissons ce don de la présence dans l’absence.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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