No 60 – série 2024-2025
Évangile du jeudi 7 novembre – 31e semaine du Temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15, 1-10)
En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion.
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !” Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
Méditation – Réjouissez-vous avec moi
Mon regard glisse sur les mots de la Parole et s’accroche. Ma mère dirait qu’il s’enfarge dans les fleurs du tapis. Sur le tapis fleuri du Royaume, je fixe la joie qui imprègne cette Parole : « cet homme fait bon accueil… »; « il la prend sur ses épaules tout joyeux »; « c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel »; « il y a de la joie devant les anges de Dieu… ». Réjouissez-vous avec moi… en plein cœur du désarroi.
J’accueille cette Parole avec le sérieux de l’enfant qui joue. Se réjouir, célébrer alors que la violence et la désespérance gambadent dans les pays et dans les cœurs, alors que la déshumanisation perd sournoisement son vernis scandaleux pour ne devenir que regrettable. Perdre sa joie, c’est perdre l’émerveillement de ce Dieu qui aime déraisonnablement. 99 brebis à se regarder, laissées là, étonnées dans le désert. Le berger est parti chercher l’égarée, celle-là même qui dérangeait tout le troupeau. 99 justes qui n’en reviennent pas; la visite du Seigneur attendra pour ce seul pécheur qui se convertit et fait éclater les cieux en confettis. L’aîné n’en démord pas, pas vrai que le veau gras est destiné au frère cadet qui a tout lapidé ses possibilités alors que lui subit une existence choisie et sans vie. Perdre sa joie, c’est perdre de vue ce Dieu qui met joyeusement toute son espérance dans la dignité de qui je suis. Cette dignité qui témoigne de la source d’amour et de vie que j’incarne et qui communique le cœur du Père lorsqu’il se donne à travers mon je suis.
Réjouissez-vous avec moi… Au fond, notre identité profonde est celle d’un célébrant ou d’une célébrante. Quand je communie, je célèbre, quand j’enseigne, je célèbre, quand j’écris des méditations, je célèbre. Célébrer est une manière d’être au monde en dressant l’autel du monde pour l’espérance de Dieu. En plein cœur de Bethléem bombardée, en plein cœur d’accompagnements avec des personnes évidées de toute vie, en plein cœur de la dignité de l’humanité appelée à faire œuvre de résurrection au quotidien. Célébrer la vie, le trésor et le ciel que constituent chaque personne rencontrée en chemin, qu’elle se trouve perdue dans le désert, entourée de cochons ou noyée dans un ciel sans étoile. Célébrer avec le ici et le maintenant du désespoir pour faire de l’au-delà, déplier un horizon comme on déploie une nappe pour dresser la table.
Bethléem bombardée, ce proche suicidé; célébrer semble ne servir à rien. Et pourtant, célébrer ouvre le jeu d’une existence refermée sur elle-même pour lui apporter un souffle ténu, mais un souffle têtu, porté par l’innocence et la liberté de l’enfant qui joue. Un souffle de joie, une réjouissance, qui soulève la vie sans supprimer la souffrance. Qui l’allège un instant pour porter la vie un peu plus haut, un peu plus loin, à distance de la désespérance, à portée de dignité. Là où on ne l’attendait pas, là où l’on ne l’attendait plus.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org
DROIT D’AUTEUR
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