Évangile du Jeudi 7 décembre – 1re semaine de l’Avent (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Pour entrer dans le royaume des Cieux, il faut faire la volonté de mon Père » Mt 7, 21.24-27
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. Ainsi, celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. »
Méditation
L’Évangile d’aujourd’hui cible le cœur de ce que nous sommes appelés à être et à faire : « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !”qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. ». Si nous agissons ainsi notre maison sera bâti sur le roc.
Si le Père a engendré le Fils de toute éternité, le Fils est l’expression la plus parfaite de sa volonté, au ciel comme sur la terre. Jésus, lui-même, est, pour nous, en ce monde, l’incarnation vivante de la volonté du Père, car il vit constamment en cohérence avec son être de Fils. Il nous montre, de par sa vie, qu’il est possible, par la foi, l’amour et l’espérance, de vivre comme un fils ou une fille de Dieu et, donc, de réaliser la volonté du Père.
Pour nous, notre participation à la volonté du Père qu’est le Fils ne peut se réaliser que dans notre union réelle au Fils. Si nous vivons par, avec et en Lui, nous sommes insérés, par grâce, dans cette naissance éternelle du Fils et notre vie devient volonté du Père, figure de sa volonté sur le monde, car le Père « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).
La Source de notre maison, de notre être, est la volonté du Père mais le roc en est le Fils. Par ce dernier, notre être devient Église, devient Royaume, où en lui tous et toutes peuvent venir s’abriter. Devenant soi-même, en incarnant cette identité filiale que Dieu « veut » que nous soyons au cœur du monde, nous prenons réellement notre visage de fille ou de fils dans le Fils et tout ce que nous sommes n’est plus que volonté de Dieu. Elle pointe la source d’Amour qu’est le Père, d’où toute volonté surgit. Et plus nous sommes conformes à cette volonté en devenant conformes au mystère que le Père « veut » révéler de Lui par nous, plus nous devenons volonté de Dieu dans une liberté infinie. Nous découvrons alors comment notre liberté trouve sa vraie source et sa plénitude en Dieu, et ce, dans l’accomplissement du don de Dieu que nous sommes.
Dans le quotidien de nos jours, cette volonté divine met en lumière et en contradiction toutes nos volontés fausses de Dieu, celles où nous crions « Seigneur, Seigneur », celles pour lesquelles le Fils nous dit : « Jamais je ne vous ai connus ; écartez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Mt 7, 23).
Si nous prenons un exemple marquant, pensons à la guerre entre Israël et le Hamas. Tous les deux crient « Seigneur, Seigneur », mais comment un Dieu sage qui a tout créé voudrait la mort de l’un de ses enfants ? Nous sommes ici dans l’absurde d’une volonté humaine qui a perdu toute liberté, car elle a perdu le chemin de sa propre identité de fille ou de fils de Dieu. Elle a perdu le chemin de sa naissance dans le Fils, si bien qu’elle s’est éloignée de cette dynamique de naissance, qui ne peut être qu’une dynamique de Vie, de communication de la Vie. Naître ne peut jamais signifier tuer.
En ce sens, un droit à mourir ou l’idée de la mort comme un soin montre, aussi, l’errance d’une maison qui n’est plus bâtie sur le roc mais sur le sable. Car, dans cette dynamique de naissance éternelle dans laquelle nous sommes insérés dans le Fils par le Père, la volonté de ce dernier ne peut être qu’un droit à la Vie et à naître jusqu’à la fin. Tout ce qui atteint ce droit est un éloignement de la volonté du Père et signifie très réellement la perte de l’incarnation même de Dieu en nous, en l’identité filiale unique que nous devons librement refléter.
Plus proche encore, à chaque jour, nous pouvons nous poser la question : Est-ce que je réponds à l’appel de Dieu ou, dit autrement, à cette volonté de Vie dans mon existence (où le Père par le Fils dans l’Esprit veut communiquer sa Vie) ? Et la mesure juste de notre réponse repose sur le fait que, à chaque instant, nous devons choisir la Vie, être témoins de cette Vie. Si je condamne mon prochain, le juge, le blesse par mes propos, pose un geste déplacé, violent, abusif,… je suis alors en dehors de la volonté de Dieu. Je suis en dehors d’une existence appelé à être naissance éternelle. Je suis et je jette l’autre hors la vie, hors Dieu, hors soi-même.
Faire la volonté de Dieu ne peut que signifier naître à la Vie et la donner. Apprenons à être de ces hommes et de ces femmes qui se laissent engendrer et, au cœur de cet engendrement par le Père dans le Fils sous le souffle de l’Esprit, devenons êtres-source, volontés du Père, lieux d’engendrement.
Stéfan Thériault (stheriaut@lepelerin.org)
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