Méditation quotidienne du jeudi 4 avril : Le Corps glorieux (No 200 – série 2023-2024)

Évangile du Jeudi 4 avril Octave de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour » Lc 24, 35-48

En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »

Méditation

Nous poursuivons la lecture du texte d’hier où s’entrevoyait, par l’expérience de la Résurrection, l’apprentissage difficile mais essentiel pour les disciples, et pour nous, du mystère du Corps glorieux. N’est-il pas vrai, de fait, que la Résurrection ne touche pas d’abord l’âme mais le corps ! Je dirais que cette réalité était déjà annoncée par la création, car l’humain a été façonné par Dieu de chair et de ciel afin que l’union entre l’humain et le Divin soit possible. Le Verbe, donc, dès la création, s’est incarné mais le sommet de cette incarnation sera sa venue sur la terre en prenant chair : « C’est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as façonné un corps » (Héb 10, 5). Ainsi, Il voulait accomplir cette union, la porter à son achèvement, en conduisant l’humain à la plénitude sacramentelle de son être-corps, c’est-à-dire de devenir dans sa chair, de par l’union avec Dieu, la transparence ou la transverbération du Divin. Tout humain est appelé à resplendir dans sa chair le Dieu trois fois saint. C’est pourquoi Jésus affirme ici que la Résurrection est d’accomplir « tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes » et, nous pourrions ajouter, d’accomplir la création par la divinisation de l’humain.

Le défi de la Résurrection est donc de transformer ou transfigurer l’humain dans toute l’épaisseur de sa chair, de son corps, pour que son corps en vienne à être Corps de Dieu, Corps du Christ, Corps ecclésial, et, ainsi, être resplendissement de sa Gloire. Mais notre cerveau a, certainement, de la difficulté à « imaginer » une telle réalité et à se laisser transporter dans l’inimaginable du Corps glorifié. Et Jésus, dans ce texte, insiste fortement : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Comme « ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. »

Cet aspect, je dirais, demeure encore méconnu pour une grande part dans l’Église actuelle où en séparant le spirituel du psychologique, ou la chair et du corps, empêche les personnes à entrer dans le mystère de Résurrection auquel Dieu les invite. Paradoxalement, la tradition spirituelle chrétienne n’a cessé d’insister sur cette question en nous invitant à vivre cette expérience. Il y a d’abord eu l’importance de la prière du cœur dont le sens profond était de laisser rayonner à partir du centre de notre être ce Dieu qui se tient en sa Gloire, i.e. en son Amour, afin de diviniser l’humain et transfigurer sa chair, son corps, et, ainsi, devenir le sacrement du Divin et sa « figure » très concrète de révélation au cœur du monde.

Une telle spiritualisation de tout notre être par l’Esprit en nous configurant filialement au Fils devait, du même coup, permettre de spiritualiser nos sens afin que, comme l’apôtre Jean l’écrivait, nous puissions, dans le concret de notre existence, entendre, voir de nos yeux, contempler et toucher de nos mains le Verbe de Vie afin d’en rendre témoignage (1 Jn 1, 1-2). Une telle expérience rendait possible l’expérience eucharistique, et comme les disciples d’Emmaüs, de reconnaître à la fraction du pain ce Verbe de Vie ou, dit autrement, d’entrer dans la contemplation d’un corps transsubstantié, c’est-à-dire porteur de la Vie de Dieu et lieu de sa révélation.  Il nous faut apprendre à vivre ainsi notre corps comme transparence de la Gloire de Dieu et comme lieu de sa Gloire.

C’est cette expérience du Verbe fait chair qui rend possible en nous son mystère de Parole, mystère qui nous établit dans notre identité unique, et qui eucharistie nos vies en une communion des saintes et des saints. C’est ainsi qu’il nous est donné de devenir réellement le Corps du Christ et d’être pour le monde un pain rompu, selon que « le corps est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps » (1 Cor 6, 13). Ce qui nous permet du même élan de « compléter en notre chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’Église » (Col 1, 24).

L’Évangile d’aujourd’hui nous appelle donc à découvrir notre corps de gloire comme partie prenante du Corps de Gloire du Fils, qui resplendit dans son Église. Et de saisir ainsi que tout notre être, dont notre corps, doit devenir lumineux, donc profondément filial et spirituel et participer à la figure de chair du Fils dans le rayonnement de l’Esprit en témoignage au Père.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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