Évangile du Jeudi 30 novembre – Saint André –34e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent » Mt 4, 18-22
En ce temps-là, comme Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent.
Méditation
L’appel est, pour toute personne qui le reçoit, un temps fort de rencontre avec Dieu, accompagné d’une profonde joie. Mais, pour mieux le comprendre, l’évangéliste Matthieu a introduit cette réalité de l’appel par trois textes décisifs : le baptême de Jésus, les tentations au désert et le « livrement »1 de Jean-Baptiste.
Le baptême de Jésus nous rappelle que tout appel est participation à son baptême qui, on le sait, trouvera sa plénitude à la Croix. L’appel est, ainsi, une grâce puisée à même la Croix, en vue d’un consentement et d’un engagement à participer à sa Mission de salut, qui est d’être « pêcheurs d’hommes ». Ce baptême dans le Fils signifie véritablement de consentir à notre naissance dans le Fils et à sa naissance en nous, à devenir fils ou fille dans le Fils.
Ce consentement implique un « laisser faire » (Mt 3, 15) que Jésus demande à Jean-Baptiste lors de son baptême. Un tel « laisser faire » implique de se rendre disponible entièrement au Fils, à la mission qu’il veut accomplir par nous. Nous en voyons d’ailleurs l’impact, ou la grâce, dans l’appel des quatre disciples où ils « laissent leurs filets » ou « laissent leur barque et leur père ».
Tout appel nous fait, donc, participants du Fils mais, nous rappelle le baptême de Jésus, il s’agit là d’une œuvre trinitaire. Non seulement nous sommes baptisés « dans l’Esprit Saint et le feu… (qui) descend comme une colombe et vient sur lui » (Mt 3, 11.16) mais « voici qu’une voix venue des cieux disait : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur” ». Fils ou fille dans le Fils nous voilà saisi par l’Amour du Père en le Fils et, recevant son Esprit, confié à cette mission filiale. Et nous ne pouvons tenir dans l’appel et dans la mission que dans et par ce « laisser faire trinitaire ».
Pour que, dans ce « laisser faire trinitaire », nous puissions avancer, l’Esprit doit nous « emmener au désert par l’Esprit, pour être tenté par le diable » (Mt 4, 1). Pour devenir « pêcheurs d’hommes », nous sommes invités à découvrir les filets qui nous attachent au mal et à la mort et qui nous y emprisonnent. Plus que découvrir, il est vital de voir l’emprise du mal en nous et, par le Fils dans l’Esprit, accepter, avec beaucoup d’humilité de se faire « repêcher » soi-même. À la suite du Fils sur la Croix et lors de sa descente aux enfers, il n’est pas simple de se laisser entraîner dans cette traversée des « ravins de ténèbres » (Ps 23, 4) qui nous habitent.
Dans ces « ravins », éclairés par la Parole et l’Esprit, nous aurons à basculer des pains du monde à la Parole de Dieu, de la peur d’éprouver la mort de ces ravins à la confiance et la joie d’en être retirés par Dieu, et de la recherche de notre propre gloire et de notre propre pouvoir à l’adoration de Dieu seul.
Nous qui nous sommes livrés au mal et à la mort depuis des années, nous sommes appelés à ce « livrement » du Fils au cœur de tout ce mal et de cette mort afin que par son Amour pour le Père et dans l’unité de l’Esprit, nous en ressortions afin d’être les témoins de la victoire de la Vie sur la mort. C’est, j’oserais dire, à ce prix, que nous pouvons devenir « pêcheurs d’hommes ». Seule la personne qui a éprouvé en sa chair cette expérience de salut, que la mort n’a aucun pouvoir sur la Vie, porte une espérance et une grâce qui libère.
L’appel et la mission, qui en découle, signifient alors de communiquer cette Vie à tous de par notre propre « livrement » en notre être-accompagnateur. Et c’est cet être-accompagnateur qui nous permet de les accompagner, dans le Fils avec l’Esprit, dans cette traversée de leurs propres ravins.
« Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
- Je me permets ici ce néologisme afin de signifier « l’action d’être livré », car le mot livraison sonne étrange ici à mes oreilles.
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