Les yeux fermés, les mains jointes, le cœur illuminé – Méditation du jeudi 30 janvier 2025

No 130 – série 2024-2025

Évangile du jeudi 30 janvier 3ème semaine du temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« La lampe est apportée pour être mise sur le lampadaire. La mesure que vous utilisez sera utilisée pour vous » (Mc 4, 21-25)

En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Est-ce que la lampe est apportée pour être mise sous le boisseau ou sous le lit ? N’est-ce pas pour être mise sur le lampadaire ? Car rien n’est caché, sinon pour être manifesté ; rien n’a été gardé secret, sinon pour venir à la clarté. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
Il leur disait encore : « Faites attention à ce que vous entendez ! La mesure que vous utilisez sera utilisée aussi pour vous, et il vous sera donné encore plus. Car celui qui a, on lui donnera ; celui qui n’a pas, on lui enlèvera même ce qu’il a. »

Méditation – Les yeux fermés, les mains jointes, le cœur illuminé

La Parole de ce matin nous interroge profondément sur cette lumière portée qui ne peut être ni propriété ni dissimulée. Une lumière ainsi comprise et transportée sous un lit, sous un boisseau ne peut l’être que par notre raison car la lumière du cœur nous échappe. Le cœur illuminé émane et reflète la lumière du Royaume en notre intériorité. Au fond, les orientations les plus fécondes de nos existences n’ont pas été faites par l’éclairage de nos connaissances, aussi chèrement acquises et diplômées soient-elles. Ces orientations ne relèvent pas de la lumière comme on le croit car, un jour en notre vie, la raison s’est retrouvée, étonnée, au pied de la croix. Et c’est au pied de l’amour qu’elle a saisi que c’est là le seul lieu de son accomplissement. Ces revirements majeurs nous ayant plongés dans une humanité insoupçonnée l’ont été lorsque la raison s’est agenouillée. Les conversions incontrôlées et inconditionnées nous ont jetés dans l’inconnu des contrées embrassées par Abraham, dans l’immensité de la confiance qu’à perçu le fils prodigue alors qu’il se redresse, dans la joie des possibles alors que la samaritaine lance sa cruche, dans la pugnacité de l’espérance lorsque le grabat est empoigné. Ces conversions l’ont été lorsque la force du mental s’est abîmée dans les profondeurs du cœur. L’intelligence éclairée qui connaît de brefs instants de bonheur, les puise d’une autre fécondité. Une fécondité vivifiante, naissante et ressuscitante, une fécondité irriguée par la générosité d’un cœur amoureux et guéri. Le même que celui de la vierge au pied de la croix qui se voit accorder une fécondité et une maternité toute autre, une fécondité et une maternité enflammées au cœur des glaces et de la noirceur.

Les actes et les choix qui ont engagé la totalité de notre existence se sont effectué les yeux fermés, les mains jointes. Pénétrant l’amour frêle et immense, le savoir se dissipe en chaude lumière, en un cœur brûlant mettant le feu à tout boisseau. C’est ainsi que rien n’est caché, rien n’est secret, tout est révélé, tout est manifesté au cœur de cette lumière aussi brillante, chaleureuse et transparente que la prime enfance. Aussi simple, accueillante et signifiante qu’un linceul soigneusement plié en plein milieu d’un tombeau.

Le père Girard qui continue d’accompagner mes méditations, il me chuchote : « Le règne de la froide connaissance n’est plus. Tout n’est que perpétuel printemps. Seul un cœur plein de feu est digne d’éclairer » (Croire jusqu’à l’ivresse, 2006, p. 20).

En direction de la fête de la Chandeleur, l’intelligence raisonnée et entachée se précipite et s’affaire avec plus ou moins d’intelligence, avec actuellement une efficacité aussi redoutable qu’envieuse, haineuse et dénuée de paix. En direction de la fête de la lumière, le cœur amoureux et guéri qui patiente, s’oriente vers l’enfance et le Royaume. Tournons notre face vers le dedans, les mains jointes, les yeux fermés, le coeur illuminé. Célébrons le triomphe de l’amour, célébrons la dignité de cette chaude lumière que nous sommes appelés à rayonner. Elle est trop importante pour laisser les résistances, les inquiétudes et le raisonnable empêcher cette gloire. Elle est trop importante pour que nous la laissions sous le lit dans lequel dort la guerre, sous le boisseau entravant la marche de la Paix.

Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org




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