Méditation quotidienne du jeudi 28 septembre : Le faux disciple (no 25 – série 2023-2024)

Image par Serge WOLFGANG de Pixabay

Évangile du Jeudi 28 septembre – 25e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Jean, je l’ai fait décapiter. Mais qui est cet homme dont j’entends dire de telles choses ? » Lc 9, 7-9

En ce temps-là, Hérode, qui était au pouvoir en Galilée, entendit parler de tout ce qui se passait et il ne savait que penser. En effet, certains disaient que Jean le Baptiste était ressuscité d’entre les morts. D’autres disaient : « C’est le prophète Élie qui est apparu. » D’autres encore : « C’est un prophète d’autrefois qui est ressuscité. » Quant à Hérode, il disait : « Jean, je l’ai fait décapiter. Mais qui est cet homme dont j’entends dire de telles choses ? » Et il cherchait à le voir.

Méditation

Si, dans l’Évangile, il n’y avait pas la présence de Jésus, sa vie et son enseignement, ce livre serait d’une tristesse sur notre humanité. De fait, en lisant le texte d’aujourd’hui, il me rappelle , sans gloire, l’interview d’un mafieux à la télévision italienne. Le journaliste lui demandait : « Mais qu’est-ce qui vous attire dans ce que vous faites ? » La réponse fut : « Le pouvoir ». Il regarda alors le journaliste avec un regard à glacer le sang en ajoutant : « Je peux prendre ta vie maintenant, si je veux ».

N’est-ce pas la situation de cet Évangile ? « Quant à Hérode, il disait : “Jean, je l’ai fait décapiter” ». Hérode écoute donc le récit des gens sur Jésus mais ce dernier n’est pour lui qu’une vague distraction ou une simple curiosité, car, comme pour Jean, il peut le décapiter. Pourquoi s’inquièterait-il ? Que peut faire Jésus contre lui ? De fait, à l’approche de la mort de Jésus, Pilate enverra Jésus chez Hérode et Luc écrit alors sa réaction : « Hérode, en voyant Jésus, fut tout joyeux ; car depuis assez longtemps il désirait le voir, pour ce qu’il entendait dire de lui ; et il espérait lui voir faire quelque miracle » (23, 8). Quelle dérision !… où le pouvoir de tuer semble vainqueur sur le pouvoir d’aimer.

Il est fascinant aussi de constater que les singeries du mal vont jusqu’à mimer les gestes d’un disciple normal qui cherche à connaître Jésus : « Mais qui est cet homme dont j’entends dire de telles choses ? » Et il cherchait à le voir ». De fait, cette dernière expression est utilisée par Luc à l’égard de Zachée : « Et il cherchait à le voir » (Lc 19, 3). Quelle mascarade !

Combien de personnes humaines en notre monde sont devenues ce triste Évangile ? Et ce, parce que leur besoin et leur désir de connaître et de voir Dieu sont devenus un vestige d’humanité auquel elles n’ont plus accès en elles-mêmes. Elles sont rendues incapables d’entendre en elles la Parole de Dieu qui leur donne Vie de même que leurs yeux n’ont plus aucune capacité à contempler l’Invisible ni même le visible de ce Jésus qui est là. Elles ne savent plus ni reconnaître Dieu ni reconnaître ce qui les fait humaines. Depuis trop longtemps, comme Hérode, le Bien et la Présence de Dieu au coeur des êtres et du monde ne sont plus que des histoires pour enfants.

Ce texte est comme une mauvaise parodie de notre humanité… mais il y a tout de même espoir. Dans ce texte blafard, dans cette vie sans Vie des personnes livrées au mal, derrière leur pouvoir d’enlever la vie ou, pour le dire autrement, d’effacer la Vie qui est Dieu et l’humain vivant né de Lui, le texte nous dit que, malgré tout cela, leur existence est continuellement saisie dans une angoisse, non pas de mort, mais de Vie. Il est terrifiant pour la mort d’être confrontée à la Vie, car, devant Elle, la mort perd tout pouvoir. D’où cette course constante dans nos sociétés du loisir, des drogues, de l’alcool, de la distraction, des changements de sexe…, qui sont autant de voiles insignifiants pour protéger de la Vie et pour conserver en nous l’insignifiance de la mort et de ses apparats !

Toute vie humaine, même possédée par le mal, et ce jusqu’en enfer, est tourmentée par cette fidélité amoureuse de Dieu qui les maintient en Vie…malgré toutes leurs énergies à détruire cette filiation et cette Vie. Malgré la tristesse de nos existences humaines, la Vie du Christ est posée au centre du monde et au centre de notre existence, comme le point de Vie et de jugement du mal que personne ne peut éviter. Ce soir, retrouvons cette pierre d’angle du Fils pour retrouver le centre de notre Vie, et laissons au Fils de nous apprendre à le connaître et à le voir, non plus sous les apparats de nos violences et de nos suffisances de faux disciple.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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