No 81 – série 2024-2025
Évangile du jeudi 28 novembre – 34e semaine du Temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Jérusalem sera foulée aux pieds par des païens, jusqu’à ce que leur temps soit accompli » (Lc 21, 20-28)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand vous verrez Jérusalem encerclée par des armées, alors sachez que sa dévastation approche. Alors, ceux qui seront en Judée, qu’ils s’enfuient dans les montagnes ; ceux qui seront à l’intérieur de la ville, qu’ils s’en éloignent ; ceux qui seront à la campagne, qu’ils ne rentrent pas en ville, car ce seront des jours où justice sera faite pour que soit accomplie toute l’Écriture. Quel malheur pour les femmes qui seront enceintes et celles qui allaiteront en ces jours-là, car il y aura un grand désarroi dans le pays, une grande colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant de l’épée, ils seront emmenés en captivité dans toutes les nations ; Jérusalem sera foulée aux pieds par des païens, jusqu’à ce que leur temps soit accompli. Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire.
Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »
Méditation – Une fête bouleversante
Texte bouleversant ce matin pour une parole bouleversante nichée en son cœur : redressez-vous et relevez la tête car votre rédemption approche. Méditant cet extrait où le tourment s’annonce autant dans les étoiles désemparées que dans les mers déchainées, autant dans les nations affolées que dans les cœurs souillés par la colère, le désarroi et la mort. Levant les yeux vers ce ciel déréglé au-dessus de nos têtes, puis les plongeant dans ce climat de violence mortifère qui règnent sur nos nations, je ne peux m’empêcher de faire illico des rapprochements et des raccourcis qui sentent le brûlé et la fin du monde.
Or la Parole est bouleversante, empreinte d’amour, elle ne pénètre pas pour conforter les raccourcis et la peur. Quand je lève un regard incertain vers le ciel, quand je juge du haut de mon confort et de mon impuissance la faute qui sévit, est-ce que je regarde de la même manière que Dieu ? De l’attitude du grand frère envers son petit frère prodigue, le Père m’invite à la dignité, à me redresser et à relever la tête, rien de moins! De mes enfermements et de mes captivités dont le confort et l’impuissance, il me libère. Moi, esclave rachetée, pour être rendue à sa liberté, voilà le sens profond de la rédemption. Saint Paul nous rappelle que la charité ne tient pas compte du mal (1Co 13.5). Dieu le voit bien sûr mais il agit comme s’il ne le voyait pas (1Co 7.29-31). Dieu voit le mal qui s’annonce mais sa Parole demeure promesse de dignité et de liberté à incarner, à célébrer.
Entre la barbarie qui remporte et le cataclysme qui engloutit, entre les conflits armés, les inondations et la famine, qui a envie de célébrer cette année ? En cette entrée dans l’Avent, en cette fête de l’Espérance faite chair qui nous fait naître à nouveau, allez-vous fêter ?
Le père Girard, moine sage et cistercien nous répond : « Le mal peut et doit me bouleverser, mais dans la mesure où j’ai agi en contradiction avec l’amour qui me poursuit. (…). Dans toute espèce de mal, le mien ou celui des autres, dans toute espèce de péché, le grave ou l’infime, mon œil, comme celui de Dieu, doit en arriver à ne voir toujours que l’être du pécheur inondé de la lumière du Père (Girard, Y. Qui a lavé ton visage ? Ste-Foy, Anne Sigier, 1994, p. 144) ».
En cette période de tourment et de fêtes à nos portes, nous célébrerons non pas en dépit du péché ou du mal mais à cause de la miséricorde qui s’affirme devant la souffrance cognant à notre porte. Nous célèbrerons parce qu’en fêtant ce Dieu d’amour venu en notre monde, c’est nous-mêmes qui sommes sa crèche que nous célèbrerons. Comme le dit si bien le père Girard : Il sait aussi qu’en le fêtant c’est le meilleur de moi qui apprend à respirer (p.145) ». Être mère porteuse de miséricorde, être père enfanteur d’espérance en ce monde lacéré; le miracle de vie ne demande qu’à surgir et à jaillir. L’amour qui donne vie, qui fait éclater la paix n’exige que vous et moi. En cet Avent obscurci, célébrons le cadeau d’espérance enflammée et de sérénité lumineuse que nous avons reçu dans la foi et que nous incarnons par notre baptême. Fêtons l’Amour qui a donné sa vie pour nous et renaît en nos regards audacieux de pardon. C’est ainsi que sa miséricorde qui nous habite vaincra le mal, sur la terre comme au ciel. C’est ainsi que la l’harmonie du monde s’établira avec sa venue par notre oui, comme celui de Marie.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org
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