Évangile du Jeudi 27 avril 2023 – 3e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel » Jn 6, 44-51
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Méditation
Dans l’univers, existent trois forces, gravitationnelle, électromagnétique et nucléaire (faible et forte). Ces forces régissent toutes les interactions qui se produisent. Toutefois, l’Évangile d’aujourd’hui nous rappelle une force plus fondamentale encore, dont ces dernières ne sont qu’un reflet et un témoignage, soit l’Amour. Cet Amour est Celui entre le Père et le Fils dont dérive l’Esprit, qui est pure reliance, pure communion. Comme dans cet Amour tout origine du Père, l’Évangile nous dit que le Père est Celui qui « attire » tout à Lui.
Cette puissance d’attraction amoureuse est inscrite en chacun.e de nous. Façonné par le Fils et l’Esprit au nom du Père, notre identité est filiale et cette filiation est puissance d’attraction vers le Père, car, dans le Fils, chacun.e est “attiré.e” d’Amour. Plus le Fils vit en nous et plus cette “attirance” grandit. Et même si le mal s’infiltre en nous, cette “attirance” ne cesse jamais, spécialement depuis la Croix et la Résurrection. Car, sur cette Croix et dans la descente aux enfers le Samedi saint, le Fils a substitué à l’emprise du mal son “attirance” au Père.
J’en vois une preuve dans le fait que Jean, se nommant lui-même le « disciple que Jésus aimait », cite 130 fois le mot « Père » dans ses écrits pour 258 fois dans toute la Bible. Il est le poète et le chantre de cette “attirance” et rappelle qu’elle est Esprit, et c’est en cet Esprit que tout se tisse sur la terre comme au ciel.
Il m’apparaît en tout cela que « l’attirance » fait partie des délicatesses de l’Amour, car cette attirance est la beauté même de Dieu qui rayonne jusqu’à nous et suscite ce ravissement qui nous amante vers Dieu. Cette « attirance » n’est donc pas obligation mais invitation et c’est à chacun.e de consentir à son ivresse. Ainsi, tout l’être humain, de corps, de psyché et de cœur, est « attiré » vers Dieu.
La force gravitationnelle de l’Amour conduit au corps à corps de l’humain avec la création et avec tout être humain mais, plus encore, à devenir un seul Corps dans le Christ. La force électromagnétique de l’Amour traverse de Lumière la psyché jusqu’à l’enivrer par sa beauté, la poussant toujours plus à chercher et à connaître cette force mystérieuse et à s’enivrer dans son mystère. Puis, dans l’intime du cœur, se tient la force nucléaire de l’Amour qui assure, comme pour un noyau atomique, la cohésion. Si les forces gravitationnelle et électromagnétique ont un rayon d’action illimité, la force nucléaire est limitée mais elle est incomparablement plus forte que ces dernières.
Ainsi, quand une personne descend dans l’intime de son cœur, suivant « l’attirance » qui la saisit, elle découvre une force d’Amour inimaginable, une vive flamme d’Amour (saint Jean de la Croix). Cette force incroyable gisant dans le noyau de l’être, au point même de notre cœur, devient irrésistible. La personne qui l’a un jour connue ne peut plus s’en écarter… sans mourir. Une telle union d’Amour ne peut non seulement n’être jamais oubliée mais elle laisse en nous « une plaie d’attirance » qui ne peut jamais guérir et qui, sans cesse, demeure ouverte à se laisser saisir en l’Amour.
Dans une telle expérience, la personne qui « a entendu le Père et reçu son enseignement » ou, traduira Chouraqui, « entend auprès du père et apprend » « vient » au Fils. Comme l’ivresse de cette « attirance » amoureuse conduit de plus en plus au centre de la Vie, la personne y « entend » le Père qui engendre le Fils, sa Parole unique. En cette Parole, le Père laisse « entendre » son mystère et parle Amour en creux de tout ce qu’il crée et engendre par cette Parole. Le Père permet dans cette unité de goûter au Pain de la Vie et, ainsi, voir jaillir en lui, et en pure gratuité, une “attirance” à tout ce qui est V(v)ie.
En ce temps de Pâques, vivons dans « l’attirance de l’Amour ». Laissons-nous saisir par Lui et être entraînés dans les profondeurs du Père pour y entendre et y apprendre les mystères de cet Amour qui étreint tout l’univers et, plus spécialement, le cœur de l’humain ! Entre humains, parents, enfants, amoureux, amis.es… laissons-nous saisir par cette force fondamentale créatrice !
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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