Méditation quotidienne du jeudi 23 novembre : La Prière de la Vie (No 81 – série 2023-2024)

Image par Alex Hu de Pixabay

Évangile du Jeudi 23 novembre – 33e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! » Lc 19, 41-44

En ce temps-là, lorsque Jésus fut près de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle, en disant : « Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! Mais maintenant cela est resté caché à tes yeux. Oui, viendront pour toi des jours où tes ennemis construiront des ouvrages de siège contre toi, t’encercleront et te presseront de tous côtés ; ils t’anéantiront, toi et tes enfants qui sont chez toi, et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait. »

Méditation

« Tu n’as pas reconnu le moment (le temps) où Dieu te visitait ». Voilà une phrase questionnante ! Est-ce que, dans le quotidien de nos jours, nous reconnaissons le temps où le Seigneur vient nous visiter ? Ou dit autrement, sommes-nous capables de voir l’action salvifique de Dieu dans nos vies, où l’éternité traverse et soulève notre temps humain ? Dans la tradition spirituelle, la réponse à une telle question renvoie au discernement spirituel. Sommes-nous, en ce monde actuel, devenus si ignorants de Dieu que nous sommes devenus aveugles à sa Présence ?

Quand Jésus s’approche de nous, comme ce lieu de Jérusalem qu’Il vient visiter, pleure-t-il aussi sur nous, si frappé du mal qui s’accumule sur et en nous et de notre incapacité à accueillir la paix qui vient de Lui ? Car, « cela est resté caché à nos yeux »

Nous le voyons souvent à notre centre : quand des personnes arrivent en accompagnement spirituel, elles sont, souvent et littéralement, comme une ville assiégée. Le monde, pour elles, n’est plus un lieu de paix mais celui d’une guerre continuelle où tout les assaille.  L’angoisse et la peur leur fouettent le cœur. La haine d’eux-mêmes les cisaille, avec son lot de culpabilité. Elles se sentent étrangères au milieu des foules, exclues, isolées, laissées pour compte… L’existence n’est plus une promesse de vie mais une fatalité, un étau qui se resserre et les empêche de respirer.

Le sentiment intérieur en est réellement un d’anéantissement, de soi, de l’enfant qui veut danser la vie en elles.  Le jour devient plutôt une danse macabre. Leur être intérieur est vraiment mis à mal et il semble se démanteler, ne laissant pierre sur pierre. L’image extérieure de nos guerres actuelles n’est que la figure bien triste de ce qui survient en elles et en nous parce que la paix du Christ n’a pas rejoint notre cœur.

Il y a toutefois ici une double espérance. Le Christ ne cesse jamais de nous visiter et le « temps est toujours favorable ». Il porte pour nous, y étant nous devenus incapables, notre besoin et notre désir de paix; plus encore, Il nous offre, comme une grâce à recevoir, son propre besoin et désir de paix pour nous. Il est Lui-même l’Espérance qui nous manque, tout comme la Foi et l’Amour dont nous avons tant besoin. Sa mission est de nous apporter la Foi, l’Amour et l’Espérance cachés dans le Père pour nous et par lesquels Il veut nous reconduire vers Lui.

À ce titre, nous ne devons pas nous étonner que « cela est resté caché à nos yeux », car ce mystère de Foi, d’Amour et d’Espérance est caché dans le Père. Mais si nous nous ouvrons au Christ, Il nous fera goûter à cette Vie éternelle, à cette communion trinitaire, que ces vertus théologales, c’est-à-dire cette Foi, cet Amour et cette Espérance, nous offriront en tournant notre être vers Dieu.

Le deuxième élément de cette espérance est que ce que décrit Jésus en regard de Jérusalem est le mystère même de sa Passion. Sur la Croix et lors de la descente aux enfers, Il sera Celui assiégé, encerclé, pressé, anéanti et défait à cause du Mal qu’Il prend sur Lui. Et en ce Mal qui le frappe, il y a le mal de chacun.e de nous, si bien que sa victoire de Foi, d’Amour et d’Espérance sur ce Mal ouvre et a déjà ouvert en nous les vannes de la Vérité, de l’Amour et de la Vie de Dieu. Et si nous sommes attentifs et écoutons en creux de la souffrance qui nous enserre, nous entendrons sa Prière qui emporte toutes nos souffrances vers le Père, nous ouvrant à une réelle libération de ce mal qui nous « esclave ».  Cette prière de Foi, d’Amour et d’Espérance, celle-là même que Jésus a faite au Père devant le tombeau de Lazare, nous entraînera hors de notre tombeau.

Nous devons être assurés qu’il n’est jamais trop tard, que chaque instant de notre existence, par grâce de Dieu, est devenu un temps favorable, un lieu de conquête de la Vie sur la mort du Mal en nous. Agenouillés, ouvrons-nous à la prière de Foi, d’Amour et d’Espérance du Christ en nous et laissons-nous simplement emporter, en y consentant profondément, par ce fleuve de la Vie !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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