Évangile du Jeudi 20 juin – 11e semaine du Temps Ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Vous donc, priez ainsi » Mt 6, 7-15
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal.
Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »
Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 23 juin et que nous les reprendrons le lundi 9 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Gladys, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Stéfan et Vincent
Méditation
L’Évangile d’aujourd’hui prend place au cœur du « secret » que nous avons médité hier. En fait, il est exactement situé entre les paroles de Jésus sur l’aumône et la prière et celles sur le jeûne. Il suit donc immédiatement ces paroles de Jésus : « Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra ».
Placée comme Matthieu l’a décidé dans son Évangile, la prière du Notre Père devient le centre du « secret », sa révélation. Il permet d’entrer dans l’intimité de ce « Père qui est présent dans le secret ». Et la première révélation du secret de la part de Jésus est de nous dire que son Père est « notre » Père. Celui qui est au-delà de tout et qui, sur une échelle de mesure, est tout et nous ne sommes rien, toutefois, nous perçoit chacun.e comme son enfant. Nous sommes aimés infiniment de Lui de toute éternité. Il nous a désirés, voulus et veut nous partager son Amour.
Il se tient là dans le secret du cœur, dans le ciel de notre âme, car le ciel est tout autant en nous qu’au-delà de nous. Quelle humilité et quelle pauvreté que d’avoir voulu se rendre si proche ! Il est le réel Prochain, qui se tient à portée de cœur afin de toujours nous être présents. « Notre Père, qui es aux cieux », ayant déposé ce ciel en nous, comme « cette pièce la plus retirée de notre être », nous invite à venir le rencontrer, en fermant la porte sur tous les bruits, inquiétudes et tentations du monde.
Et là, ce Père ne peut y être qu’avec son Fils, son Premier-Né. Si bien que, dans le silence intérieur du ciel, le Père ne fait que prier son « Nom » dans la musique céleste « sanctifiante » de l’Esprit. Toute la Trinité donc nous y attend. Et Jésus, en nous enseignant cette prière, nous demande de laisser la prière du Père prendre toute la place en nous afin qu’elle engendre le Fils en nous et nous en le Fils, « pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est SEIGNEUR, à la gloire de Dieu le Père » (Phi 2, 10-11).
C’est à cette seule condition que, engendrés dans le Fils, qu’il pourra régner sur et en nous et que sa volonté sera faite, d’abord dans le ciel en nous et, par voie de conséquence, sur la terre. C’est en vivant au lieu de notre Source, dans ce ciel trinitaire, que l’Amour du Père, qui est sa volonté première, peut se répandre en nous et nous accorder à Lui en faisant de nous des filles ou des fils dans le Fils, sanctifiés par l’Esprit.
C’est à cette seule condition que nous pouvons goûter au Pain de Vie et entrer dans l’eucharistie trinitaire. Vivant en Dieu, nous avons accès à l’« aujourd’hui » de Dieu, c’est-à-dire que nous sommes au lieu même où l’Éternité s’écoule en nous et où Dieu se donne à nous. Il n’y a plus un instant qui ne soit pénétré et transformé par cette Présence trinitaire.
Devant une telle richesse d’Amour et de Vérité, toute dette, celle de nos haines particulièrement, s’efface : la nôtre comme celle des autres. Nous sommes si saisis par cet Amour par lequel Dieu nous aime et aime tous ses enfants. Il n’y a pas ici aucune exclusion, aucun ressentiment, aucun orgueil qui se dresse contre notre frère ou notre sœur, mais ne demeure que cette éternelle prière trinitaire qui monte en nous. Comment ne nous est-il pas possible alors de pardonner aux humains qui nous ont blessés ?
Sachant moi-même combien il est facile de ne pas le faire malgré tout, je sais l’espérance toutefois que nous apporte cette Présence en nous, et qu’il nous est toujours loisible d’y retourner pour y puiser la Vie.
C’est en ce retour à chaque instant du jour vers Dieu qu’il nous est, aussi, possible de « ne pas entrer en tentation et d’être délivrés de tout mal ». Car si on laisse la Vie de Dieu nous déborder, cette Vie brise alors en nous les emprises du mal.
« Notre Père » ! Merci !
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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