Méditation quotidienne du jeudi 16 novembre : L’Amour ressuscité (No 74 – série 2023-2024)

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Évangile du Jeudi 16 novembre – 32e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Le règne de Dieu est au milieu de vous » Lc 17, 20-25

En ce temps-là, comme les pharisiens demandaient à Jésus quand viendrait le règne de Dieu, il prit la parole et dit : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » Puis il dit aux disciples : « Des jours viendront où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas. On vous dira : “Voilà, il est là-bas !” ou bien : “Voici, il est ici !” N’y allez pas, n’y courez pas. En effet, comme l’éclair qui jaillit illumine l’horizon d’un bout à l’autre, ainsi le Fils de l’homme, quand son jour sera là. Mais auparavant, il faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération. »

Méditation

Nous sommes devant le mystère de ce Dieu qui « vient » : venue du règne de Dieu, venue du Fils sur la terre, jours que nous aimerions revoir, et venue dans la gloire du Fils de l’Homme en son Jour. Chaque venue, nous révèle le texte, a ses caractéristiques et son appel.

Pour la venue du règne de Dieu, nous sommes probablement comme ces pharisiens et cherchons une date précise à sa venue dans nos vies. Cela montre notre incompréhension et, j’oserais dire, notre prétention, comme si cette venue était comme la venue d’un « festival céleste » sur lequel nous pourrions poser la main. Mais l’affirmation de Jésus est formidable : « voici que le règne de Dieu est au milieu de vous »; et nous pourrions y ajouter ici la traduction de Chouraqui : « oui, le royaume d’Elohîm est en vous ».

Les deux traductions nous révèlent que, dans nos vies, la venue du Royaume se réalise quand l’humain fait rencontre. Il est alors là « au milieu de nous ». En d’autres mots, le règne de Dieu ne peut se trouver seul, il impliquera toujours l’amour entre nous. Il exigera toujours de se laisser saisir par l’Amour de Dieu qui fera de nous, en la communion du Père, du Fils et de l’Esprit, son Royaume. Cet avènement signifiera, au plan personnel, de se laisser visiter par l’Amour, là au-dedans de nous, et d’y saisir que le Royaume est, initialement, un nous d’Amour entre les Personnes divines. Si nous nous laissons saisir par cet Amour, nous serons alors entraînés dans cette communion d’Amour avec Dieu et de nous en Dieu.

Cette venue du règne est donc, pour nous, continuellement à portée de cœur, car, en nous et entre nous, Dieu se tient pour que nous communions à son eucharistie. Elle est « ici et là » toujours offerte. Et cette vérité est inimaginable pour le quotidien de nos vies : qu’importe ce que nous vivons, Dieu est ce pain de Vie donné accessible à tout cœur qui s’ouvre à cette nourriture d’Amour. Ce qui nous amène à la seconde venue, celle du Fils en ce monde, et ainsi décrite par Jésus : « Mais auparavant, il (le Fils de l’homme) faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération ».

Quand le Fils de l’homme est venu en ce monde, du premier instant, il a embrassé notre pauvreté humaine avec tous ses péchés, c’est-à-dire avec ce mal qui nous habite et dont la souffrance tous les jours le rappelle.  Lors de cette venue, il a marché jusqu’à la Croix et jusqu’à la descente en notre enfer. Toute mort, toutes ténèbres ont été visitées; plus encore, Il a pris la mort et la souffrance trinitaires sur Lui-même. Sur ce, nous ne pouvons imaginer la profondeur de la souffrance de Dieu le vendredi saint ni l’impossible mort du Fils de l’homme le samedi saint. Et, j’oserais dire, nous ne pouvons imaginer l’impensable qui se vit en Dieu de par le retour du Fils lors de la Résurrection, qui devient celle même de Dieu.

Le mystère qui se déploie dans un cas comme dans l’autre, s’il embrasse toute la réalité humaine et terrestre, se vit davantage au Ciel, est davantage une réalité qui se déploie à partir de Dieu. Il y a entre ce que nous croyons voir et ce qui se passe réellement un abîme qu’il est impossible de franchir, à moins que Dieu nous entrouvre Lui-même son mystère.

Lors de son Incarnation, le Fils déploie déjà le règne de Dieu et révèle son Jour. Comme pour la venue du Royaume, nous ne pouvons dire : « “Voilà, il est là-bas !” ou bien : “Voici, il est ici !” ». Car, et je reprends ici la traduction de Chouraqui : « Oui, comme l’éclair éclaire sous le ciel et resplendit jusque sous le ciel, tel sera le fils de l’homme en son jour ». Cette traduction rend bien que le mystère qui se déploie « sous le ciel », le monde des humains, est une réalité qui origine du Ciel pour « éclairer et resplendir » au cœur de notre être et de tout ce qui fait notre vie humaine.

De ce ciel qui est en nous, de par la grâce de Dieu, la Lumière de l’Amour irradie et remplit tout notre être et fait de notre vie une liturgie céleste. La venue de Dieu part toujours du Ciel et, en nous traversant, nous reconduit à Dieu. Elle nous fait entrer dans cette adoration qui consacre d’Amour notre vie à Dieu, tout ce que nous sommes, mais aussi tout ce nous vivons et tout ce que nous avons. Tout retrouve sa dimension sacrée, celle de resplendir l’Amour divin. L’Amour ressuscite en nous, nous donnant de participer à la Résurrection/retour du Fils vers le Père dans l’Esprit. Et quelle joie inimaginable au ciel que ce Retour !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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