No 116 – série 2024-2025
Évangile du jeudi 16 janvier – 1ère semaine du temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« La lèpre le quitta et il fut purifié » (Mc 1, 40-45)
En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.
Méditation – Toucher l’intouchable
Parole rugueuse et qui rebute ce matin d’un Christ qui rabroue celui qu’il vient de guérir par sa volonté : Je le veux sois purifié. Puis avec « fermeté », Jésus le renvoya aussitôt… certaines traductions laissent entrevoir une rudesse inhabituelle et difficilement conciliable avec la compassion qui l’a saisi jusqu’aux entrailles quelques instants plus tôt. Difficilement conciliable aussi avec l’image d’un Christ de tendresse, une patience si incarnée devant l’incompréhension des siens, des prochains, devant les écarts qui font d’eux, qui font de de nous, des perdus et des pécheurs. Par exemple, Chouraqui traduira (v.41-43) : « Je le veux, sois pur! » Vite sa gale s’en va; il est purifié. Il le rudoie. Vite, il le jette dehors. Contrairement aux autres évangélistes qui ont adouci le compte-rendu, chez Marc, c’est la personne et non la maladie qui sera purifiée malgré le renvoi brutal et l’avertissement presque menaçant de garder le silence. Le pauvre bourgue, toute à sa joie, ne saura tenir sa langue d’autant que la guérison physique se dédouble d’une guérison relationnelle et sociale, mettant ainsi fin à son ostracisme, à sa réduction d’objet méprisant et intouchable. Il pourra enfin être touché, le péché s’en est allé. Chez Marc, Jésus a touché l’intouchable, comme François d’Assise le fera après lui. Mais le Christ savait que pour que le rétablissement soit complet, que la guérison soit parfaite à nos yeux, elle devait être validée par un prêtre du temple d’où sa consigne de s’y montrer durant 7 jours et d’offrir un sacrifice. Là aussi le Christ doit, avec un peu d’exaspération sans doute, toucher l’intouchable de celui ou de celle qui se dit avec autorité pur, pieux et juste.
Pris aux entrailles, c’est la Miséricorde faite homme qui a vu la grandeur de cet enfant bien-aimé étouffé par la gale, l’indignité et la souffrance. La présence du mal ne change pas la densité du regard du Père à travers celui du Fils. Ne pas accorder son attention sur le mal pour faire incarner tout l’amour de Dieu dans ce corps souffrant, galeux, méprisé, à travers les manques, les péchés, la suffisance de notre dimension pharisienne. L’agacement du Christ s’éclaire enfin dans mon esprit. La guérison fut-elle parfaite, le rétablissement pour qu’il soit complet nécessitera d’inclure la suffisance pharisienne. La guérison même parfaite devra embrasser l’incompréhension des apôtres, et disciples, autant lépreux que contemporains. La guérison parfaite se reconnaîtra à travers notre imperfection, la grâce purifiant ainsi notre nature. C’est ainsi que sa grâce nous suffit, elle touche enfin l’intouchable en nous.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org
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