Veuillez noter que les méditations cesseront le dimanche 25 juin pour la période des vacances et recommenceront en septembre prochain. Toute notre gratitude d’avoir marché avec nous et demeurons unis dans la prière.
Évangile du jeudi 15 juin – 10e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement » Mt 5, 20-26
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous le dis : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. »
Méditation
Le chapitre 5 de Matthieu commence par les Béatitudes par lesquelles Jésus nous enseigne les dispositions d’un cœur filial. Il va reprendre maintenant la loi juive et ses commandements dans une relecture qui approfondit également ce qu’est un cœur de fils ou de fille de Dieu. Il essaie donc de nous montrer le chemin pour aimer Dieu « de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute notre force » et « d’aimer notre prochain comme nous-même ». Il nous rappelle, d’entrée de jeu, qu’il n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir et que la personne qui fait de même « sera déclaré grande dans le royaume des Cieux » (Mt 5, 19).
La loi est, en principe, ce qui pose le rapport juste entre les humains. Le dictionnaire Le Robert donne d’ailleurs comme définition du mot justice : « Juste appréciation, reconnaissance et respect des droits et du mérite de chacun »[1]. Le premier article de loi abordé est celui de « Tu ne commettras pas de meurtre » et qui n’agit pas ainsi « devra passer en jugement ». C’est ici que Jésus en ajoute en montrant la part intérieure conduisant au meurtre et les conséquences plus graves d’un tel commandement.
Si nous partons du mystère de l’Amour de Dieu, du prochain et de nous-même, Jésus nous invite à regarder la colère que nous portons envers les autres, une colère que Chouraqui dans sa traduction appelle « sans raison ». La colère n’est pas ici condamnée par Jésus mais il questionne son origine. Si elle se fonde en nous en notre identité filiale véritable, elle sera juste, car elle contemplera en l’autre la beauté de l’autre et s’insurgera contre tout ce qui l’atteint. Une juste colère défend toujours la vie en soi et en l’autre et prend sa source dans l’Amour.
La colère « sans raison » ou contraire à la vie et à l’amour, elle, toutefois, prend racine dans le mal qui s’est incrusté en nous et qui nous empêche de nous aimer vraiment et d’aimer l’autre. Jésus nous oblige alors de considérer que, comme celui qui « assassine », de « passer en jugement » notre colère. Car une telle colère avec sa violence tue et est source de mort pour nous et pour l’autre. Ce mal nous empêche et empêche l’autre de devenir l’être unique qu’il est appelé à être.
Jésus ajoute une autre couche en révélant à nouveau la dynamique intérieure qui prévaut dans le cœur de l’humain : « Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal » ou, et je préfère la traduction ici de Chouraqui, « qui dit à son frère : ‘Raqa‘, ‘Vaurien’, est passible du sanhédrin ». Jésus, qui est le Fils de Dieu, la Parole du Père, met en lumière que nos paroles peuvent tuer mais, plus encore, que de telles paroles traduisent que nous ne vivons plus en nous-mêmes de la Parole de Dieu qui fonde notre identité véritable et, ce faisant, nous ne voyons plus celle de l’autre ni ne l’engendrons. La nôtre, comme celle de l’autre, ne « vaut-rien ». Nous assistons à un véritable « meurtre de la Parole » et au lieu que notre parole communique vie et amour, elle tue en l’autre ce qu’il est, à savoir le don de Dieu. C’est une réelle crucifixion où nous faisons disparaître un peu plus en nous et en l’autre ce qu’il y a de profondément humain et divin. Un tel geste appelle plus que le jugement mais de passer devant le sanhédrin, c’est-à-dire à un jugement qui ne peut se faire qu’à partir de la nature spirituelle profonde de notre être.
Enfin Jésus va plus loin encore, « si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu ». En d’autres mots, notre haine de nous et de l’autre qui est contraire au deuxième commandement, conduit à ne plus aimer Dieu. C’est Dieu même qu’on tue, qu’on « assassine ». Il nous avertit ainsi qu’il sera impossible d’entrer dans « le Royaume des cieux » mais que la géhenne, l’enfer, ce lieu sans Dieu et sans l’humain, sera notre demeure.
Aussi nous dit-il que ce qui est le cœur de nos relations humaines repose sur le don de Dieu que nous portons et que nous partageons. Si nous voulons que cette offrande soit agréable à Dieu, elle doit être faite non à partir de la haine et du mal qui nous habitent mais de l’Amour de Dieu, qui nous réconcilie avec nous-même, avec les autres et avec Dieu même. Pour ce faire, Jésus par ce texte nous invite à faire « vérité » sur ce qui nous habite, car sans cela il n’y a pas de justice, car nos relations ne savent plus engendrer l’autre ni laisser l’Amour et la Vie de Dieu se donner par nous.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
[1] https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=justice+d%C3%A9finition
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