Pour favoriser la prière des personnes qui sont dans d’autres pays, nous avons décidé de rendre disponible par courriel la méditation de chaque jour le soir précédent à 17 h heure du Québec. Sur le site du Pèlerin, elle sera déjà accessible à 16 h.
Évangile du Jeudi 14 septembre – Croix glorieuse – 23e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Il faut que le Fils de l’homme soit élevé » Jn 3, 13-17
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
Méditation
Saint Jean est l’évangéliste de la Croix glorieuse. Personne mieux que lui a décliné la Croix comme le lieu du triomphe de la Gloire de Dieu ou de l’Amour infini de Dieu pour l’humain.
L’extrait évangélique de cette fête nous enlève toute prétention de croire que nous pouvons être Dieu ou même de pouvoir entrer dans le mystère de Dieu par nos propres forces, car « nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme ». Cependant cette Croix nourrit notre audace de pouvoir vivre cette communion avec Dieu, car le Christ a ouvert le ciel pour chacun.e de nous. En se faisant homme, le Fils a fait de son humanité, et de la nôtre en la Sienne, le lieu même de la révélation divine, la porte pour entrer dans le mystère trinitaire. Et ce qui est extraordinaire, c’est qu’il a ouvert cette porte dans cette chair humaine fermée par le mal, le péché, la souffrance et la mort.
C’est ce que symbolise « le serpent de bronze (..) élevé par Moïse dans le désert ». Ce serpent, celui-là même de la chute au jardin d’Éden, est élevé devant les hébreux, sortis d’Égypte par la grâce de Dieu, comme le symbole puissant de la victoire de Dieu sur le mal. Mais ce serpent élevé au désert, s’il annonçait la Croix du Christ, n’avait aucune commune mesure avec « le Fils de l’homme élevé » à la Passion. Non seulement prend-il sur Lui tout le mal mais Il prend sur Lui tout l’humain et tout humain frappé par le mal. Il le dresse devant tous afin que tous comprennent que le salut de tous les humains est enfin arrivé. Ainsi, pendant que le prince de ce monde, le Satan, croyait triompher du Fils de Dieu et de l’Homme sur la Croix, dans les ténèbres de la haine s’écoulait l’Amour, dans celles de la mort la Vie,…
Cette Croix glorieuse a des conséquences formidables pour nous. La première est que, lorsqu’au quotidien de nos vies le mal nous crucifie, le ciel de Dieu, son Être même, sa Vie trinitaire est disponible en nous et il nous appartient à chacun.e d’y consentir pour laisser les effluves du ciel nous saisir et nous transformer dans l’Amour. Plus encore, il nous faut saisir que, si la folie de notre mal nous est picturée sur la Croix avec une acuité honteuse pour nous, le Fils de l’homme a surtout élevé l’humain jusqu’à Dieu pour montrer, d’une part, de quel Amour le Père nous aime par son Fils dans l’Esprit et, d’autre part, pour nous rappeler la beauté de l’humain, voulu par Dieu comme un partenaire dans l’Amour.
Là sur la Croix, toute la Trinité nous dit qu’Elle veut nous partager sa Vie et que rien au monde ne peut l’empêcher. Comme saint Paul nous pouvons chanter : « Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 38-39).
C’est pourquoi Jésus, durant toute sa vie, n’a cessé de dire à ses apôtres et à toutes les personnes qui ont désiré le suivre : « n’ayez pas peur ! ». Car qui nous accusera (Rm 8, 33), qui nous condamnera (Rm 8, 33), « qui nous séparera de l’amour de l’amour du Christ ? » (Rm 8, 35) À chaque instant du jour, même si le mal nous atteint, la Croix nous rappelle que Jésus a vaincu le mal, que « tout homme qui croit (a) la vie éternelle » et que « le monde est sauvé ».
Là, dans cet instant fragile du mal avec ses souffrances, ses incertitudes et ses doutes, « le ciel est en nous », comme un horizon sans limites où par, avec et en le Fils nous avons, dans l’Esprit, l’infini de la Vie éternelle du Père qui nous est offert. « Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ». En d’autres mots le fils ou la fille que nous sommes est élevé.e par le Fils jusqu’au Père. Nous pouvons vivre alors en nous cette expérience de salut au lieu même de notre chair déchirée en la laissant être glorifiée dans le Corps glorieux du Fils.
Et avec l’audace d’un enfant de Dieu, nous pourrions emprunter à Jésus ses propres paroles : « Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de la gloire que (tu as voulu pour moi), avant que fût le monde » (Jn 17, 5). C’est ainsi que nous serons alors vivants de par la Gloire du Dieu vivant dans le Fils : « C’est pour eux que je prie ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi, et je suis glorifié en eux » (Jn 17, 9-10).
La clef est de ne jamais chercher à s’élever soi-même mais à laisser le Fils, en pures gratuité et grâce, nous élever jusque dans l’intime de la Vie trinitaire et dans la plénitude de notre humanité en le Fils. La Croix nous a ouvert le ciel pour que, au cœur de nos vies humaines trop souvent marquées par le mal et sa mort, nous puissions être témoins de la Gloire de Dieu, source de salut pour tous.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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