Méditation quotidienne du jeudi 14 mars : Le témoignage (No 179 – série 2023-2024)

Évangile du Jeudi 14 mars 4e semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance » Jn 5, 31-47

En ce temps-là, Jésus disait aux Juifs : « Si c’est moi qui me rends témoignage, mon témoignage n’est pas vrai ; c’est un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai. Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean le Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité. Moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés. Jean était la lampe qui brûle et qui brille, et vous avez voulu vous réjouir un moment à sa lumière. Mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé. Et le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. Vous n’avez jamais entendu sa voix, vous n’avez jamais vu sa face, et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé. Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ; or, ce sont les Écritures qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! La gloire, je ne la reçois pas des hommes ; d’ailleurs je vous connais : vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu. Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; qu’un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous le recevrez ! Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai devant le Père. Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance. Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? »

Méditation

Cet Évangile nous offre une réflexion profonde sur le témoignage et, par voie de conséquence, sur la mission. Mais, au départ, rappelons-nous trois prémisses importantes. La première est celle que le Fils reçoit tout du Père. Il est l’Engendré. Si bien que « qui le voit voit le Père » (Jn 14, 9). Mais, en même temps, du même Amour, Il se donne toujours entièrement au Père. Il s’agit d’un Amour réciproque dont l’Esprit est la surabondance. La seconde est que le Fils est le Verbe, la Parole, du Père.  Il est donc la Parole d’un Autre. Enfin, le Fils est venu dans le monde pour rendre témoignage au Père et tout reconduire à Lui. En conséquence, le témoignage du Fils ne pourra jamais être le témoignage de Lui-même. Il serait en contradiction profonde avec son Être propre et à l’Amour qui, au cœur de la Trinité, n’est toujours que dépossession mutuelle de soi. L’Amour pour le Fils n’est jamais une auto-contemplation mais la contemplation continuelle du Père et le besoin et le désir de tout lui retourner, dont ce monde dans lequel il est envoyé.

Quand Jésus dit, « si c’est moi qui me rends témoignage, mon témoignage n’est pas vrai ; c’est un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai », c’est qu’il affirme que son être est témoignage du Père et que, s’il se rendait témoignage, il ne serait pas vrai. La leçon est importante pour nous, car cela signifie que notre vie est le témoignage d’un Autre, du Fils, en qui tout témoignage du Père surgit. Notre mission n’est donc pas de nous montrer ou de montrer ce que nous sommes capables de faire mais d’être, dans le Fils, visage, parole, don du Père.

Ceci signifie que, comme Jean le Baptiste, nous pouvons être cette « lampe qui brûle et qui brille » de la Lumière qu’est le Fils mais un tel appel doit se vivre dans l’humilité, car, le Fils, « ce n’est pas d’un homme qu’il reçoit le témoignage » mais du Père qui est aux cieux. Pour le dire autrement, nous ne rendons pas témoignage au Fils mais, plutôt, nous laissons le Fils en nous rendre témoignage au Père. Car Lui seul peut faire « les œuvres que le Père Lui a donné d’accomplir », « œuvres qui témoignent que le Père l’a envoyé ». Quand nous vivons notre mission par, avec et en le Fils, le Fils accomplit par nous les œuvres du Père, et c’est de cette façon que nous devenons enfants de Dieu.

La mission est d’être le témoin par, avec et en le Fils du Père sous le souffle de l’Esprit. À ce titre, la mission du Fils, comme la nôtre en Lui, est toujours une mission trinitaire. À ce moment, comme pour le Fils, le Père nous rend témoignage. Le Père rend témoignage à tous ses enfants. Et quelle folie de penser une telle chose ! Le Père nous rend témoignage…

Si nous continuons, comme le dit Jésus, à « recevoir notre gloire les uns des autres », nous « n’avons pas en nous l’amour de Dieu », car nous refusons de recevoir, par le Fils dans l’Esprit, notre gloire du Père.  La réelle gloire de Dieu est l’Amour, et si nous vivons vraiment dans l’Amour, alors là seulement nous rendons témoignage à cet Amour, car cet Amour trinitaire vit en nous. Il nous entraîne dans l’échange des Personnes divines, que sont le Père, le Fils et l’Esprit.

Le chemin de la mission sera toujours une dépossession de soi par Amour de l’Autre. Plus précisément, il sera participation à la dépossession du Fils vers le Père, du Père vers le Fils et dépossession de l’Esprit qui est le débordement sans fin des dépossessions du Père et du Fils.

Au final, notre mission sera si elle est réponse à la question de Jésus à la fin du texte : « croirez-vous mes paroles ? » Tout repose sur notre foi en la Parole qu’est le Fils, car, en sa Parole seulement, avons-nous accès au témoignage du Père, à ses œuvres et à la possibilité, dans le Fils, d’y participer. Sans cette participation, la Gloire trinitaire ne peut resplendir en ce monde en vie éternelle.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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