No 200 – série 2024-2025
Évangile du jeudi 10 avril – 5ème Semaine de Carême
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Abraham votre père a exulté, sachant qu’il verrait mon Jour » (Jn 8, 51-59)
En ce temps-là, Jésus disait aux Juifs : « Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra la mort. » Les Juifs lui dirent : « Maintenant nous savons bien que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et toi, tu dis : “Si quelqu’un garde ma parole, il ne connaîtra jamais la mort.” Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ? Il est mort, et les prophètes aussi sont morts. Pour qui te prends-tu ? » Jésus répondit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites : “Il est notre Dieu”, alors que vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais et, si je dis que je ne le connais pas, je serai comme vous, un menteur. Mais je le connais, et sa parole, je la garde. Abraham votre père a exulté, sachant qu’il verrait mon Jour. Il l’a vu, et il s’est réjoui. » Les Juifs lui dirent alors : « Toi qui n’as pas encore cinquante ans, tu as vu Abraham ! » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS. » Alors ils ramassèrent des pierres pour les lui jeter. Mais Jésus, en se cachant, sortit du Temple.
Méditation – Glorifiés et désirants
Pour les Chrétiens, glorifier signifie célébrer la splendeur divine, chanter l’éclatant et le lumineux de l’Amour qui rayonne et embellit. Dans la louange de ce resplendissement, il y a bien sûr le désir, le mien pour Dieu et celui de Dieu pour moi. Dans la Parole d’aujourd’hui, les contemporains de Jésus l’accuse d’être vaniteux, de se glorifier lui-même : Pour qui te prends-tu ? Jésus leur répond que sa gloire n’est rien en dépit de popularité grandissante. Une gloire reçue par le Père en fait un enfant glorifié et non pas un ego glorieux. Gardant précieusement la parole prophétique, Jésus leur rappelle que bien avant qu’Abraham n’arpenta le désert, en marche vers lui-même, lui s’inscrivait dans le nom du Seigneur : Je Suis.
Je suis : naître à soi-même dans le désir de Dieu, devenir désirant de l’Amour jusqu’à l’incarner dans mes fibres et mon expérience du monde. Au Pèlerin, tout chemin spirituel et d’accompagnement trinitaire entre dans cette appropriation, dans cette naissance au don unique que je suis à travers lequel Dieu se donnera. Ce Je suis immémorial est une splendeur en soi et pour Lui car reçue de Lui; ma vie est unique dans l’histoire de toute humanité, elle est émaillée de la pauvreté de mes désirs et du Sien. Loin d’être réduit à un amour-propre ou une forme de narcissisme, chaque être humain est un éclat de la beauté désirante de Dieu et un éclat de Son désir béatifié pour lui, dans son Je suis. Non pas une partie ou un morceau mais Je Suis; un univers qui reflète, à travers le Christ en soi, l’universel de Dieu. C’est ainsi que nous sommes glorifiés de Dieu, par le désir de Dieu.
Désir de quoi ? De rien de particulier ou de méritoire à l’échelle humaine, sans objet, ni jouet, rien de propre ou qui peut s’approprier. Un Désir-Tout à l’échelle universelle. Le frère François Cassingena-Trévedy précisera même que : « Celui que nous appelons Dieu, celui que Jésus-Christ appelle son père ne spécifie pas le désir : il l’espace infiniment. Nous établir dans le centre de gravité de l’être, dans la pure dynamique d’un désir démesuré qui convoque, qui emporte nos assises les plus secrètes. Dans le désir subjectif de Jésus-Christ lui-même. Dans le Désir comme Sujet. « J’ai désiré d’un grand désir… » (Lc 22.15) ».
Dans le Désir comme Sujet… n’est-ce pas là le sens de l’incarnation même de l’Amour ? Désirés depuis toujours, merveilles aux yeux de l’Amour, glorifiés par son désir de nous, la gloire de Dieu c’est chacun de nos Je Suis, c’est être vivant de Sa vie comme disait saint Irénée. Au fond, être vivant c’est être un Je Suis désirant du Christ jusqu’à en devenir transparent. Et la splendeur divine, tout comme son éclat dans la beauté humaine, ne se rencontre-t-elle que chemin faisant; en marche vers soi-même au cours d’un accompagnement, entre partance vers la foi d’un Abraham, dans le creux d’une prière d’enfant. La gloire de Dieu ne s’incarne que dans la rencontre des désirs démesurés de nos Je Suis, lesquels le rendent plus vivant, et nous, plus transparents.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org

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