Méditation quotidienne du jeudi 1 février : Le dépouillement de la Parole (No 137 – série 2023-2024)

Image par GLady de Pixabay

Évangile du Jeudi 1 février – 4e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Il commença à les envoyer en mission » Mc 6, 7-13

En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.

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Méditation

Voici que Jésus, après avoir institués les Douze (Mt 3, 13-19), organise leur envoi en mission. Douze personnes convoquées mais une seule mission, celle du Fils, celle de la gloire du Père et du salut de toutes et de tous et celle de l’obéissance à l’Esprit. Moment solennel, et, pourtant, très discret, car n’est-il pas vrai que les grands desseins ne font pas de bruit. Ils commencent humblement mais, ici, avec une touche de Ciel. Et c’est cette touche céleste qui rend ce moment plein d’éternité pour des hommes absolument non préparés à un tel envoi.

Ils ne peuvent s’appuyer que sur « l’autorité » d’une Parole qui leur donne pouvoir sur les démons et qui se glisse en eux comme ce trésor à partager, à « prêcher » (Mc 3, 14). « Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route » (Ps 119, 105). Il n’y a d’autre chemin pour eux que le Fils, que la Parole, car n’est-ce pas cette Parole qui a tout créé et qui soutient les mondes ! Mais, si les débuts sont simples, marqués du quotidien de la vie humaine, il n’en demeure pas moins que, lorsque le ciel se fait chemin, tout est différent et les points de repères d’hier ont fondu.  C’est la Parole même qui se fait chemin, qui ouvre les chemins, mais elle n’est connue que lorsqu’Elle est prononcée, sans jamais pouvoir être anticipée.

C’est le trésor de tous ces groupes de deux qui partent et parlent ensemble.  Dans le silence de leur être, cette Parole les engendre, les recrée, les libère… Elle installe en eux comme en nous cette force d’aller de l’avant, même si nous ne pouvons expliquer aux autres la certitude de cet appel à la mission que nous ressentons.  De fait, pour plusieurs personnes de nos familles et de nos proches, cette mise en marche leur apparaît folle.  Cette folie est d’autant plus frappante qu’ils voient bien que nous partons sans « rien prendre pour la route (…) pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture », sinon « un bâton  ». Dans les principes du management moderne, une telle façon de faire semble vouée à l’échec.

Mais, en réalité, n’est-ce pas notre mission ? « Ton témoignage est à jamais mon héritage, il est la joie de mon cœur «  (Ps 119, 111). C’est pourquoi ce dépouillement est le vêtement pour la route. La seule chose exigée est le bâton de la foi, car elle doit devenir notre seul appui. Je me rends compte avec les années, et probablement à cause de ma tâche de direction et les exigences de performance à rendre au conseil d’administration, qu’il me semble toutefois devoir de mieux en mieux planifier.  C’est un piège pour le cœur de cherche à conquérir une place dans le monde ou à se chercher soi-même dans le succès, ce qui rend plus difficile le dépouillement de la Parole.

Ma prière peut être seulement : « Sois mon appui et je serai sauvé, mes yeux sur tes volontés sans relâche. (…) Jusqu’au bout vont mes yeux pour ton salut, pour ta promesse de justice. Agis avec ton serviteur selon ton amour, apprends-moi tes volontés. Je suis ton serviteur, fais-moi comprendre, et je saurai ton témoignage » (Ps 119, 117.123-125).

Nos yeux doivent regarder « jusqu’au bout » et se perdre en Dieu, dans la joie de son inconnaissance, c’est-à-dire en se tenant là où Dieu nous envoie, sans savoir, sans comprendre le plus souvent, dans un dépouillement, disons-le, joyeux et tout autant souffrant. Et ce témoignage ne se déploie en nous que dans la foi. Nous ne pouvons l’expliquer mais nous apprenons à voir le Fils, la Parole, présente en nous dans l’absence, nous constatons les effets de cette Parole en l’autre et nous le remercions et le louons pour cela. Nous vivons avec fracas en nous les combats du démon, quand, à l’opposé, notre frère ou notre sœur part libéré.e. Nous parlons de conversion et nous avons le sentiment de notre impossible conversion. Nous parlons de paix mais le combat fait rage en nous. Puis nous apprenons très lentement à faire de nos petites nuits un lieu pour la Parole, un lieu où son rayonnement apparaît de plus en plus réel, un lieu de grâces vécues pour les autres. Comme cela prend du temps pour apprendre à vivre pour Dieu et pour les autres… et non pour soi.

Pour bien faire comprendre, voici quelques mots de Mère Teresa qui a vécu pensant cinquante ans la nuit pour que le Fils soit, par elle, Lumière pour les autres : « Il y a tant de contradictions dans mon âme. Une aspiration à Dieu profonde, si profonde qu’elle fait mal. Une souffrance continue et avec cela, le sentiment de ne pas être voulue par Dieu, d’être rejetée, vide, sans foi, sans amour et sans zèle. Le ciel ne signifie rien pour moi, il m’apparaît comme un lieu vide ». Puis, « j’ai commencé à aimer mon obscurité. Parce que je crois que maintenant elle est comme une partie, une toute petite partie, de l’obscurité et de la souffrance que Jésus a vécue sur la terre ».

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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