Méditation quotidienne du dimanche 7 mai : « Là où Dieu est je suis et où je suis Dieu est » (No 230 – série 2022 – 2023)

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Évangile du Dimanche 7 mai 2023 – 5e dimanche du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » Jn 14, 1-12

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. »

Méditation

Après la chute d’Adam et Ève, Dieu, qui se promène en son jardin, les appelle : « Où es-tu ? » (Gn 3, 9). Dieu ne les trouve plus parce qu’ils ont glissé dans les ténèbres. Ils ont choisi la mort à la Vie. Ils ont choisi d’« être comme des dieux » au lieu d’être un fils et une fille de Dieu.  Ils ont choisi l’orgueil prométhéen des fausses apparences au Réel de l’Infini de l’Être. Là, dans ce réduit du mensonge, nous dit de nouveau la Genèse, ils auront troqué la liberté d’être, à la honte, à la peur et à l’accusation mutuelle. Mais Jésus est venu pour nous reconduire au Réel divin : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? »

À certains des apôtres que Jésus a appelés et qui lui demandaient « où demeures-tu ? »  (Jn 1, 38), il leur a répondu : « Venez et voyez. » (1, 39). Rien ne nous est décrit de ce qu’ils ont vu mais nous savons, par la vie même du Christ, qu’Il n’a cessé jamais de leur montrer la véritable demeure. Et c’est ce qu’il leur rappelle : « Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! » 

La véritable demeure du Fils, et de tout fils ou toute fille de Dieu en Lui, est le Père. Le « où es-tu ? » du texte de la Genèse nous dit que notre « je suis » est en Dieu, que la seule demeure de l’humain est le Père. Et, ô merveille, la seule demeure de Dieu est chacun.e de nous, car tel est son désir le plus profond que « là où je suis, vous soyez, vous aussi » et « là où vous êtes, je sois ». En ce sens, la demeure que Jésus va nous préparer, Il la bâtit de nous au cœur de notre vie.

Tous les jours, nous sommes appelés à bâtir, cocréer, avec Dieu le sanctuaire de Dieu que nous sommes. Et la seule façon est de le faire dans la foi : « que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. ». Elle seule nous donne de nous laisser travailler de l’intérieur par la Parole du Fils et le Souffle de l’Esprit, qui nous façonnent d’être afin que le Père, dans le jardin de l’Éternelle Trinité, puisse toujours nous trouver, et que nous vivions point séparés de Lui par et dans la peur, la honte et l’accusation.

La foi ouvre à nous cette réalité du Fils : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi ». Dans notre quotidien, la foi nous découvre le Chemin du Fils. Dans les moments difficiles comme dans les moments joyeux, dans ces espaces ténébreux où nous ne savons plus où aller, la foi nous fait entrer en nous-mêmes, laissant à la Présence de se faire Chemin en et pour nous. Le Chemin n’est pas d’aller quelque part mais de trouver Dieu au lieu même de notre identité unique de fils ou de fille de Dieu, de s’enfoncer par là en Dieu, de glisser dans l’Infini, de trouver caché en nous l’Amour qui s’épand.

La foi nous aide à entrer dans la Vérité qu’est le Fils et que nous sommes dans le Fils. Nous ne sommes pas appelés à découvrir la Vérité mais à naître d’Elle, à l’incarner par toute notre vie. Il est en nous la Vérité et nous sommes visages de cette Vérité en ce monde.

« Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18, 38) fut la question de Pilate à Jésus. Il aurait pu demander « où es-tu ? » car, à celui qui est dans la mort, la Vérité est invisible à ses yeux, se tenant hors de Dieu et hors de lui-même. La Vérité est un état de l’être humain, lequel, ancré d’être en Dieu, révèle la Vérité de Dieu et de l’humain en le préservant par la Lumière de la beauté qui l’enveloppe. La Lumière de Vérité qui resplendit du Fils et de tout fils ou fille de Dieu en Lui est un aura de mystère qui se révèle uniquement à celui ou celle qui croit. Car la foi a cette délicatesse de ne pas chercher à emprisonner la Vérité mais simplement à s’en laisser saisir et traverser, sans rien retenir, sinon ce parfum d’Amour.

Et la foi entrouvre les vannes de la Vie divine au point même où l’être est Chemin et Vérité. Tout ici surabonde de Vie car Chemin et Vérité ont conduit par la foi au cœur du jardin de la Sainte Trinité où tout est don. Ici, tout est donné et recueilli dans une prière de l’Ê(e)tre, où tout est adoration et contemplation.

« Où es-tu ? » La réponse « là où Dieu est je suis et où je suis Dieu est ». Tel est le cœur de la Résurrection.  « Je suis dans le Père et le Père est en moi ».

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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