No 196 – série 2024-2025
Évangile du dimanche 6 avril – 5ème Dimanche de Carême
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre » (Jn 8, 1-11)
En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Méditation – De la Loi écrite sur la pierre… au secret écrit sur le sable !
Le piège est tendu… placer Jésus devant cette femme que la Loi condamne pour l’amener à se compromettre : ou bien il va à l’encontre de la Loi en ne condamnant pas cette femme… ou bien il se conforme à la Loi et va à l’encontre ce qu’Il proclame.
Au fond, pour les scribes et les pharisiens, cette femme importe peu… elle ne sert qu’à mettre Jésus en situation pour l’accuser. Sous les dehors du respect de la Loi se cache le motif impur de vouloir condamner Jésus. C’est la miséricorde qui est mise au banc des accusés !
Derrière toutes les condamnations que nous orchestrons et justifions au nom de la Loi, Jésus se retrouve devant le cercle de mort au centre duquel nous plaçons les personnes que nous jugeons.
Les raisons sont sérieuses… c’est une Loi reçue de Moïse qui a été enfreinte, une Loi religieuse. On place devant lui cette femme prise en flagrant délit d’adultère… Cette femme qui fait partie des personnes ayant le moins de droits dans la société juive… et l’homme impliqué, où est-il ?
Les pharisiens et les scribes sont armés… les pierres sont déjà prêtes…
La Loi de Moïse est formelle : elle est gravée dans la pierre… ça ne s’efface pas ! C’est officiel, c’est connu, c’est la norme… on n’a pas le droit de ne pas s’y conformer. La condamnation est justifiée, même si elle est ambigüe et a pour cible un autre visage ! Celui du Christ ! Celui de Dieu en sa Grâce offerte.
Jésus aurait pu dénoncer le motif habilement caché dans la mise en scène orchestrée. Mais il se baisse et écrit sur la terre, silencieux… créant ainsi une brèche dans le tumulte accusateur.
« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Et il se baisse de nouveau… à la hauteur où la femme se trouve dans le regard de ceux qui la condamnent… dans cette proximité avec cette femme jetée au sol.
Loin d’argumenter, de provoquer ou de se défendre, Jésus conduit les personnes jusqu’à leur conscience… jusqu’à la prise de conscience de leur propre péché… jusqu’à cette terre fragile où Dieu veut les rencontrer pour les sauver.
Jésus vient réaliser l’Œuvre de Dieu annoncée dans sa Parole :
« Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. »[1]
La Loi est ainsi conduite à son accomplissement : elle nous fait prendre conscience de notre besoin d’être sauvé. Elle n’est pas là pour nous conduire au jugement des autres… elle est là pour nous donner de faire la vérité sur nous-même. De la Loi « mitraillette »… à la Loi « miroir ».
Et c’est en ce lieu que Jésus vient écrire… sur cette terre dévoilée par la vérité que nous faisons sur notre propre vie. La vérité nous conduit à la conscience de notre propre péché et de nos faiblesses. Pour Jésus, il ne s’agit pas là d’un lieu disqualifié ou jugé. Il s’agit du lieu où Dieu veut écrire…
Cette prise de conscience sur nous-même nous désarme. Elle fait en sorte que nous ne pouvons plus juger les autres. Mais il reste un grand pas à vivre : accueillir cette Miséricorde placée en notre vie. Elle nous devance toujours. La femme adultère voulait-elle se convertir ? Sa présence auprès de Jésus n’en dit rien… Si elle est là, c’est au nom du jugement des autres sur elle. Mais cette rencontre de Jésus ouvre son avenir par le pardon qu’Il lui manifeste.
Ce Regard de Jésus, empreint de respect autant pour les accusateurs que pour cette femme, nous surprend et prend les devants. Saurons-nous déchiffrer ce que la Miséricorde de Dieu écrit sur notre terre fragile, mise à nue par la vérité, où Il continue d’écrire ce qui nous sauve du jugement et de la condamnation ? Il continue d’écrire, sans nous dévisager, épousant la hauteur du sol afin de ne point nous humilier, nous contraindre ou nous provoquer. Cette entrée dans l’intime de notre fragilité est tellement cruciale et l’aveu demande tant de courage…
Et Jésus de se relever… le jugement a quitté la scène… il ne reste plus que 2 visages : le nôtre et le sien. La Loi a perdu sa morsure et son pouvoir de mort. Si celle-ci s’est d’abord gravée dans la pierre afin que nous puissions mieux saisir le chemin[2], la prise de conscience de notre faiblesse est le lieu où Jésus se baisse pour nous donner d’être relevé par sa Miséricorde. C’est dans la fragilité de notre terre que Jésus écrit ce secret qui nous sauve.
De la Loi écrite sur la pierre… au secret écrit par Jésus dans l’humus de nos vies.
Apprends-nous Seigneur à lire ce que toi-même écrit dans la fragilité de nos vies pour nous sauver.
Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com
[1] Ézéchiel 36, 26
[2] Comme un séparateur d’eau qui, en éliminant l’eau qui n’est pas sucrée, permet que l’on ne gaspille pas son énergie à essayer de faire du sirop d’érable avec de l’eau non sucrée.

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