Évangile du Dimanche 4 juin – Sainte Trinité (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Dieu a envoyé son Fils, pour que, par lui, le monde soit sauvé » Jn 3, 16-18
Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Méditation
Il est grand le mystère de la foi… ce mystère est la Trinité.
Le Père aimant le Fils lui donne le monde et tous ses habitants. Le Fils, qui crée le monde, en fait une expression de son Amour pour le Père. Et le Père et le Fils aimant le monde laisse leur Esprit s’écouler de Vie en lui.
Puis le Père « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » et le Fils par Amour du Père et de chaque humain s’est incarné. Comme dit saint Paul : « Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2, 2-9).
Le Père a alors donné au Fils chacun de ses enfants (Jn 17, 24) afin qu’aucun ne se perde. Le Fils, unissant, le ciel et la terre, nous a unis à Lui pour que « là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jn 17, 24). Il nous a révélé et fait vivre au plus profond de nous que « le sein du Père est notre propre fond et notre propre origine : c’est en lui que nous commençons à vivre et à être. Or, c’est à partir de notre propre fond – c’est-à-dire à partir du Père et de tout ce qui vit en lui – que rayonne (en nous : moi qui ajoute) la clarté éternelle, qui est la naissance du Fils »1. Et chacun.e de nous, nous naissons fille ou fils de Dieu en la naissance éternelle du Fils.
Du fond de notre cœur qui est le Père, nous sommes donc engendrés en le Fils, en la Parole, d’où nous nous élançons vers le Père dans une telle étreinte d’Amour que tout se fait silence en nous. Cette étreinte est l’Esprit, qui s’écoule et déborde en nous et de nous. Le Père et le Fils s’aiment d’un Amour incréé dans l’Esprit par, avec et en nous.
C’est par cet écoulement d’Amour de leur Esprit que jaillit en nous la vie éternelle. Personne n’est alors perdu ni jugé, car, ici, l’Amour éternel ne sait qu’embraser chacun.e de nous et nous faire communier à sa Vie.
Cette réalité qui nous dépasse infiniment est rendue toutefois possible par une simple chose, grosse comme un grain de moutarde : la foi. La foi est, dans sa toute petitesse, celle qui se tient au plus bas, dans une extrême pauvreté priante, et qui « reconnaît ne rien avoir, ni être, ni pouvoir d'(elle)-même »2. Elle est une porte ouverte qui nous donne, dans la joie, de « demeurer » en le Fils, en la Parole et de vivre « l’abandonner » dans l’Esprit afin de nous « unir » au Père.
Une telle étreinte d’Amour s’entrouvre donc par et en la foi dans l’instant présent du quotidien, de la réalité offerte, de toute rencontre… car c’est en ce temps humain que l’Éternité s’écoule et se rend visible non comme une sortie du monde mais une sortie de Dieu vers nous et de nous vers Dieu. Tout ici se vit dans le secret du cœur par une nuit où, dans la foi, nous sommes enlacés par, avec et en Dieu. Il n’y a ni tambours ni trompettes mais seulement une joie, une gratitude : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Mt, 11, 25), à tous ces petits dans la foi, porteurs en leur graine de moutarde de la Vie divine. Seule cette toute petitesse peut être la demeure de l’Infini divin.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
- Jan van Ruusbroec, Écrits II Les noces spirituelles, Abbaye de Bellefontaine,1993, p. 212.
- Idem p. 46.
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