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Reviens à la vie ! – Méditation du dimanche 30 mars 2025

No 189 – série 2024-2025

Évangile du dimanche 30 mars 4e dimanche de Carême

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (Lc 15, 1-3.11-32)

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” Il se leva et s’en alla vers son père.
Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

Méditation – Reviens à la vie !

La présence de Jésus auprès des pécheurs ne passent pas… Les scribes et les pharisiens récriminent contre lui. Ils pourraient simplement le laisser faire sans dire un mot. Mais l’attitude de Jésus leur est scandaleuse : elle remet en question la consistance que nous faisons reposer sur nos bonnes œuvres et notre pratique. Dans cet univers, le mérite est la monnaie d’échange de l’Amour de Dieu.

Jésus, par toute sa vie, manifeste cet Amour gratuit du Père qui nous accueille dans sa miséricorde. Mais c’est intolérable pour celui qui se croit justifié par ses mérites : comment se fait-il que quelqu’un qui mérite d’être jugé puisse avoir droit au même Amour ?

Dans cette proximité que Jésus exprime avec nous, Il vient nous révéler le cœur du Père qui sort et espère notre retour à la vie.

Le plus jeune, en lui demandant sa part de fortune, exprime que pour lui, son père est mort. Il choisit de partir en dilapidant sa fortune dans le lointain du désordre. L’épreuve du temps le conduit au pied du mur : comment survivre ? Il trouve à s’engager pour garder les porcs… Dans sa faim, il convoite même la nourriture de ceux-ci… mais dans le pays où il se trouve, le don n’existe pas : « personne ne lui donnait rien ! ». Personne pour entrer en relation avec lui.

En exil du don, il lui reste cette mémoire de la générosité de son père, même à l’égard de ses ouvriers. Alors qu’il meurt de faim, il prend la décision de retourner chez son père. Conscient de la coupure où il s’est mis lui-même en distance de son père, il demande simplement d’être traité comme un ouvrier. Le chemin parcouru l’a conduit à douter de son identité profonde : son indignité signe le naufrage de son être de fils.

Alors qu’il est encore loin, son père, dehors, familier de l’horizon où il l’espère depuis longtemps, l’aperçoit… Il court se jeter à son cou et le couvre de baisers. Cet élan du père s’incarne à travers l’attitude de Jésus avec les pécheurs, avec lesquels Il mange pour les faire entrer dans la fête de l’Amour inconditionnel du Père. Mystérieusement et profondément, ces personnes jugées, rejetées et blessées par la vie, ce sont elles qui se révèlent disponibles à cette présence de Jésus qui les réjouit. Dans ce repas partagé, Jésus leur révèle la dignité de leur être : il les revêt du « plus beau vêtement, de la bague au doigt et des sandales au pied », alors qu’elles arrivaient le cœur en lambeaux.

Par ailleurs, le fils aîné, qui se situe comme ayant droit à des privilèges à cause du travail qu’il accomplit, s’offusque de l’attitude du père dont la générosité le scandalise. Il reproche à son père l’accueil et l’amour qu’il manifeste à son frère, qu’il ne reconnaît d’ailleurs pas comme tel en l’appelant « ton fils ». Le fils aîné, campé dans l’horizon du devoir et du mérite, reproche à son père de ne pas lui offrir un chevreau pour qu’il puisse festoyer avec ses amis, exprimant à travers ce repas la distance qui le sépare de son père : il ne veut pas festoyer avec son père… il veut festoyer avec ses amis. D’ailleurs, c’est par l’intermédiaire d’un serviteur qu’il demandera ce qui se passe en entendant la musique et les danses de la fête. Et il reste à l’extérieur… il n’entre pas… Le père lui a redit son amour : « tout ce qui est à moi est à toi! », mais le fils aîné est lui-même campé dans ce « très loin du père »… exactement comme les pharisiens et les scribes qui se situent dans l’horizon du mérite et n’entre pas dans l’Amour gratuit du Père, manifesté en Jésus. Collé à l’arbre de ses mérites où il se vit en gagnant sa paye, il ne voit plus la forêt de l’Amour gratuit de son père.

Pour le plus jeune, comme pour le plus vieux, le père sort de sa maison pour aller chercher ses fils. Cette « sortie » du Père pour nous rejoindre est précisément le sens de la présence et de l’incarnation de Jésus. Le Père est dans ce « sans abri » que Jésus lui-même expérimentera à travers le mystère de notre refus exprimé à travers la condamnation et la mise à mort qu’il vivra. Mais rien ne pourra arrêter son Amour… ni ce « loin dans le désordre », ni ce « loin dans la froideur du mérite ».

Le plus jeune accueilli placera le plus vieux devant l’interpellation de l’Amour gratuit qui vient nous sauver dans notre pauvreté : ce « loin du Père » où nous restons en exil de notre identité profonde, et en exil de l’identité du Père qui sort inlassablement à notre rencontre.

Il nous est facile de croire qu’à cause de nos faiblesses, nous ne pouvons pas être aimé…
Ou de croire que c’est pour ce que l’on fait que l’on mérite d’être aimé…

Le Père ne veut pas « d’ouvrier de la honte » ou « d’ouvrier esclave du mérite ». Il désire simplement que nous revenions à la vie, dans la découverte toujours plus profonde de son Amour pour nous. Son Regard de Père veut nous conduire à notre beauté.

Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com




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