Être reconnu et Le reconnaître en ce qui nous questionne ! – Méditation du dimanche 3 novembre 2024

No 56 – série 2024-2025

Évangile du dimanche 3 novembre 31e semaine du Temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Tu aimeras ton prochain » (Mc 12, 28b-34)

En ce temps-là, un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.

Méditation – Être reconnu et Le reconnaître en ce qui nous questionne !

Ce dialogue avec Jésus s’amorce dans un contexte particulier, dont ne rend pas compte le découpage liturgique qui débute avec le verset 28b. L’intégralité du verset 28 se lit comme suit :

« Un scribe qui avait entendu la discussion, et remarqué que Jésus avait bien répondu, s’avança pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? »

Entendre Jésus et reconnaître en sa Parole la longueur d’onde de l’essentiel qui nous anime. Avoir besoin de l’approcher comme on s’approche d’un artiste dont l’art nous rejoint, comme on a soif de connaître ce qui a donné naissance à la musique qui a le don d’éveiller notre cœur.

Intuitionnant la connivence avec une même nappe phréatique, le scribe acquiesce déjà intérieurement à l’écho que suscitent les paroles de Jésus, lui donnant par le fait même de sentir une invitation à oser exprimer l’intime de sa recherche. Cette question parle de lui…

Il questionne non pas à partir du doute, ou d’une incompréhension, ou d’une volonté de gagner une joute intellectuelle ou de lui tendre un piège… Il questionne Jésus à partir de sa quête.

Il l’interpelle parce qu’il reconnaît dans la Source qui anime Jésus, la soif qui le creuse et l’habite. Surgit en ce scribe cette initiative où palpite toute sa recherche : « C’est à Lui que je peux poser cette question ! ».

Et la réponse de Jésus suscitera cet écho qui surgira du profond du scribe :

« Fort bien, Maître, tu as dit vrai :
Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui.
L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force,
et aimer son prochain comme soi-même,
vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. »

La Parole de Jésus permet que soient enfantés et exprimés les mots à travers lesquels palpitent l’expérience spirituelle du scribe. Étonnante cette déprise de la logique sacrificielle si fréquente comme expression d’une spiritualité qui repose sur nos propres forces. Étonnante cette liberté qui ne se laisse pas enfermer dans les 613 commandements où chaque geste se vit dans la tension d’une observance scrupuleuse et pointilleuse qui peut si facilement perdre de vue l’essentiel dans la multiplication et la hantise des détails.

Dans cette harmonique des profondeurs où les mots s’enfantent mutuellement, c’est la communion à une même recherche, une même source qui se manifeste et se révèle.

Cette source se reconnaît par l’horizon sans mesure qu’elle déploie : celle de notre identité dans celle de Dieu.

« Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. »

Nous sommes au plus près de ce que nous pouvons saisir… pour s’approcher encore, avec la nuit que porte encore nos questions, jusqu’à nous laisser saisir par Lui, plus que nous ne le saisissons.

Comme le rappelle St-Jean,

« Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. »[1]

Par l’intime lumière qui te rejoint et t’appelle, plonge en Celui qui t’est déjà uni.

Cette communion au Mystère profond t’ouvre une porte toujours nouvelle et inusitée : plonge dans la confiance au Christ, ce pas toujours habité par le vertige, ce pas essentiel où notre plus intime est reconnu et ouvert à un « Large » que nous ne pouvons nous donner, mais où la profondeur de ce qui nous questionne trouve sa plénitude. En Lui !

Savons-nous vraiment à quelle profondeur Dieu nous sauve et dans quel Amour Il nous a créés ?

De l’inquiétude où nous établissent tant de prescriptions, avons-nous oublié l’Amour qui nous cherche?

Et nous voilà sur le seuil du Royaume…

Oui, l’appel qui nous est fait est plus grand que la réponse que nous pouvons donner.

Oui, la confiance à laquelle nous sommes appelés dépasse celle dont nous sommes capables.

Mais notre cœur, notre humble cœur, se reconnaît déjà en Celui qui nous parle !

Et nous voilà devenir amis des questions balbutiées par tant de nos frères et sœurs !

Elles portent en creux les traits de Celui qui vient nous sauver.

Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com


[1] 1 Jean, 3, 2

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.