Évangile du Dimanche 29 octobre – 30e dimanche du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » Mt 22, 34-40
En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
Méditation
Ces deux commandements, rappelés par ce docteur de la Loi, me rappellent que l’être humain est dans sa nature même trinitaire. Comme c’est en le Fils, en le Verbe, que « tout fut » (Jn 1, 3), j’entends ce premier commandement comme cette empreinte filiale du Fils en nous. N’est-il pas vrai que, de toute éternité, le Fils aime le Père de tout son être de Fils ! N’est-il pas vrai que l’humain, fait fils ou fille dans le Fils, est appelé, de par sa nature filiale, à « aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ». C’est dans notre nature que de vivre tourné d’Amour vers le Père dans le Fils.
De la même façon, le Père qui a envoyé son Fils par Amour dans le monde (Jn 3, 16) désire que, en tant que fils ou fille dans le Fils, nous apprenions à aimer notre frère et notre sœur, amour comme le dit le deuxième commandement, qui ne peut s’appuyer que sur l’amour de nous-mêmes. Si nous sommes chacun.e un don de Dieu, le premier lieu de notre amour et de notre foi, c’est l’identité filiale unique que nous portons, le don unique du Père que nous sommes. Mais ces deux amours, celui du prochain et celui de soi, ne peuvent se déployer que comme participation à l’Amour de Dieu en le Fils. Amour du Père, amour de son frère et de sa sœur et amour de soi sont trois vases communicants qui prennent origine dans l’Amour même du Père et du Fils dans l’Esprit.
C’est pourquoi l’Amour que nous portons n’est pas seulement filial mais, tout autant, spirituel (une œuvre de l’Esprit). Cette dimension de l’Amour de l’Esprit en nous me semble être traduite par les deux verbes des deux commandements qui sont au futur : « tu aimeras ». Bien sûr, ce futur indique, au plan humain, que nous sommes toujours en deçà de l’Amour de Dieu de même qu’il est aussi un dynamisme en nous qui cherche toujours à le chercher; l’humain étant continuellement en manque de cet Amour. Mais, au plan de l’Esprit, ce souffle nous traverse comme une soif, c’est-à-dire que l’Esprit inscrit en nous cette soif d’Amour partagée du Père et du Fils, et que cet Amour doit embrasser toutes les relations de nos vies. L’Esprit est là, en fait, pour nous apprendre, et mieux, à aimer Dieu, notre prochain et nous-mêmes de l’Amour même du Père et du Fils.
Cette tension amoureuse qui traverse de Souffle notre être est notre « futur » constant, car toujours, ou pour l’éternité, la relation d’Amour avec Dieu, avec les autres et avec nous-même aura cette puissance créatrice de renouvellement. Ces trois relations, si elles sont amoureuses, ne peuvent jamais être les mêmes. Chaque jour, et pour l’éternité, nous découvrirons un Amour nouveau de soi, des autres et de Dieu. Nous aurons à créer une nouvelle expression d’Amour, une nouvelle façon d’accueillir l’Amour de l’A(a)utre et de nous donner d’Amour à L(l)ui. Ce mystère d’Amour est, en fait, le cœur du mystère de la création mais, également, le cœur du salut. Chaque jour nous devons apprendre à créer le monde et à nous engendrer dans l’Amour. C’est là l’extraordinaire puissance de Vie que Dieu nous confie pour transformer ce monde.
Ne soyons pas toutefois comme ce « docteur de la Loi, (qui) pos(e) une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve ». N’adhérons pas en nous à l’incrédulité du mal qui met en doute en nous et en l’A(a)utre cet Amour qui est le présent le plus précieux confié par Dieu pour que nous le multiplions par nos vies. Que notre bouche ne soit pas fermée, comme celle des sadducéens, car, ne croyant plus en la Parole qui est incarnée, ne sait plus « parler Amour » et communiquer cet Amour. L’Amour ne peut jamais grandir dans une mise en doute de l’A(a)utre. Nous devons chaque jour vivre dans l’étonnement de cet Amour de Dieu qui nous traverse et qui nous appelle à aimer notre prochain et nous-même de l’Amour infini qui nous est offert. Ne soyons plus incrédules mais croyants ! Et comprenons que cette incrédulité se fonde dans notre manque d’Amour qui refuse de reconnaître la Vérité de l’A(a)utre et, la refusant, ne sait plus découvrir l’A(a)utre dans sa beauté et l’aimer simplement.
Que cet Évangile nous fasse entrer de Fils et d’Esprit dans l’Amour infini du Père et qu’ainsi nous puissions à chaque instant du jour adorer d’Amour le Père, créant et tissant d’Amour chaque être comme témoignage vivant de sa Présence ! Tisserands d’Amour, telle est notre mission confiée par Dieu.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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