No 217 – série 2024-2025
Évangile du dimanche 27 avril – 2e dimanche de Pâques
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Huit jours plus tard, Jésus vient » (Jn 20, 19-31)
C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.
Méditation – Mon Seigneur et mon Dieu
Nous avons besoin de temps pour que là où nous nous enfermons sous le poids de notre souffrance, nous puissions entrer dans la liberté d’aller vers les autres, contagieux de la grâce de paix qui nous a libérés.
Alors que le Christ est resté au tombeau 3 jours, les disciples sont restés « congelés » par la souffrance du départ de Jésus beaucoup plus longtemps. Sa venue jusqu’à nous ne se laisse pas arrêter par les cadenas que nous posons sur notre propre vie… Sa Présence mûrit cette ouverture progressive à la Vie nouvelle qu’Il veut nous communiquer.
Il est facile de céder à l’isolement lorsque nous souffrons. Dans l’apparente victoire de la mort, notre déroute cristallise une peur profonde qui nous emprisonne. Retrouver la communauté, se faire proche les uns des autres, même dans la peur, est déjà un espace pour l’inattendue visite d’une Vie nouvelle qui nous est encore inconnue et qui nous semble tellement improbable et impossible.
Thomas est absent lors de cette première visite du Ressuscité… Peut-être a-t-il déjà décroché ?… On lui raconte ce qui s’est passé en son absence… Mais, on ne lui « passera pas de sapin »[1]… Il est encore habité par les signes qui confirment la mort… la marque des clous, le côté ouvert par la lance… Thomas est habité par l’évidence des signes de mort. Ces signes sont pour lui impitoyables… ils sont la confirmation que le mal et la mort ont eu le dernier mot sur Celui que Thomas aimait et en qui il avait mis toute son espérance.
Cette communauté, encore si fragile et cadenassée, est le lieu où Thomas exprimera sa souffrance et son doute, sans censurer ou « faire la toilette » de ce qu’il pense. C’est une grâce d’avoir une communauté où l’on peut s’amener avec son doute : ce réel où notre vie se trouve et dont elle est convaincue du « sans issue ». Expérimenter d’être accueilli, sans jugement, alors que nous sommes impuissants à nous en sortir nous-mêmes.
Enfermés dans ce lieu alourdi du doute exprimé, voici que la Paix du Ressuscité ouvre une brèche au barrage de nos convictions de mort.
Dans cette nouvelle venue du Ressuscité, Thomas vit la surprise de son Sauveur qui précède même ses mots, encore enfouis dans son silence. Thomas a-t-il touché les plaies du Ressuscité ? Rien ne le confirme. Mais le Christ a touché Thomas dans son doute, en le rejoignant dans les mots mêmes dont il était à la fois le « lucide » et le « prisonnier ».
Thomas a fait l’expérience de voir ce que le Ressuscité donne de voir ensemble de manière indissociable : les marques où se confirme sa mort et sa Présence de Vivant avec nous. Dans cette blessure de la souffrance que Thomas vit, avec le doute qu’il porte, l’Amour du Christ vient le toucher.
Ne faisons-nous pas l’expérience parfois que nos blessures visitées par sa Miséricorde deviennent passages de vie pour d’autres ? Nos yeux s’ouvrent alors sur ce mystère inouï : « Par ses blessures, nous sommes guéris »[2]. L’Amour du Christ nous fait entrer dans cette alchimie surprenante où sa Résurrection nous saisit pour donner une issue de vie aux blessures que nous portons.
Par l’Esprit-Saint donné avec cette Paix du Ressuscité, notre vie est appelée à devenir contagieuse de cet Amour qui délivre de l’enfermement du mal et de la mort.
Ce dimanche de la Miséricorde n’est-il pas l’expression que ni le mal, ni la mort ne peuvent nous séparer de son Amour ?
Touchés par la Parole jusqu’au profond de nos doutes, oserons-nous ce cri ?
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com
[1] Expression québécoise pour exprimer que quelqu’un ne se laisse pas duper.
[2] Isaïe 53, 5

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